Reportage dans les coulisses de la première édition en ligne
Les ateliers Meet & Learn lancés en 2018 par Valérie Angliviel de la Beaumelle pour fédérer les communautés EVE, Octave et Noé s’adaptent à la situation exceptionnelle que nous connaissons.
« Les Meet & Learn, c’est un projet que j’ai voulu développer pour entretenir la dynamique relationnelle exceptionnelle des séminaires et provoquer de nouvelles occasions de rencontres, notamment en mélangeant les alumnis des différentes promotions des trois programmes. Clairement, quand j’ai conçu le projet, le présentiel me paraissait incontournable. Je suis de longue date convaincue par la puissance du digital pour plein de choses, mais pour ce qui est d’offrir un vrai moment de respiration, où chacun·e peut se recentrer sur soi, je pensais qu’il fallait absolument une unité de temps, de lieu et d’action. » explique Valérie Angliviel de la Beaumelle.
Quand le confinement est annoncé, le 24 mars 2020, personne ne sait encore pour combien de temps et dans le doute, seuls les événements prévus dans la quinzaine à suivre sont reportés. L’atelier « Meet & Learn » du 28 avril ne semble pas compromis. « Quand, avec Claire Petit et Annissia Zaigouche, qui travaillent avec moi, nous avons compris qu’il ne serait pas possible de tenir cette session en présentiel, à la date prévue, nous n’avons pas hésité trop longtemps. La vision portée par les programmes est une invitation à l’audace, à l’agilité, à la capacité à retourner les difficultés en opportunités. Alors, soyons en phase avec cette posture : osons réinventer, en quelques semaines, les « Meet & Learn » ! » raconte Valérie. Et d’ajouter qu’elle a senti un « vrai besoin des gens, pendant le confinement de prendre soin d’eux… Et des autres ! », et donc d’avoir accès à des ressources en développement personnel pour cela.
Une fois la décision prise, il faut se mettre en ordre de marche ! « Un atelier digital, ce n’est pas un atelier présentiel que le speaker anime en se mettant derrière son ordinateur pour dérouler du contenu. C’est de tout autres façons d’animer, de capter l’attention, de créer des déclics, de faciliter les interactions… ». Valérie planche avec la coach Nathalie Colin, fondatrice de Vedentia, sur le contenu de la séance titrée : « comment mieux vivre ses émotions en temps de crise ». « On fait du ping-pong, on rebondit sur les idées l’une de l’autre. Je lui suggère telle adaptation, elle me fait des propositions, on les teste. Si ça marche, go ! Si on s’aperçoit que ce qui avait l’air d’être une bonne idée ne marche pas par écrans interposés, on cherche autre chose ». Pendant ce temps, Claire et Annissia sont aussi sur le pont : « Créer un événement digital, c’est presqu’encore plus de ficelage logistique que de l’événementiel classique. Sur scène avec un public, s’il y a un couac technique, vous rebondissez avec une petite pirouette, le temps que la régie rétablisse… En distanciel, 15 ou 20 secondes de black-out parce que l’image et le son ne sont pas au rendez-vous ou que les slides ne se lancent pas, c’est très long ! »
Le 28 avril arrive. L’équipe ne s’en cache pas : il y a un certain trac. Nathalie Colin démarre son atelier, la technique est au rendez-vous, le système de sous-groupes en salles virtuelles distinctes fonctionne bien, une bonne dynamique s’installe. Les participant·e·s sont accompagné·e·s dans l’exercice sensible de l’accueil de leurs
émotions. Nathalie les amène avec bienveillance à tomber l’« armure du contrôle émotionnel » – un réflexe défensif qui peut paraître efficace au premier abord, mais qui se révèle assez vite contre-productif lorsque nos sentiments enveloppés explosent au mauvais moment, comme une cocotte-minute sous pression. La parole se libère dans les « salles de conversation », on se sent en confiance, on s’autorise à dépasser l’autocensure, on évoque ses moments « down » pendant cette période de confinement, mais aussi ses joies, ses espoirs… De retour en « plénière », celles et ceux qui le souhaitent partagent avec l’ensemble des participant·e·s.
A peine l’atelier terminé, les commentaires élogieux tombent : de remerciements chaleureux pour cette bulle de respiration en félicitations pour la qualité du contenu et de l’animation, les participant·e·s ont manifestement apprécié l’expérience. L’équipe souffle : « On l’a fait ! ». Puis elle débriefe par visio, bien sûr : « C’est du test & learn à l’état pur, dit Valérie, nous avons osé, nous nous sommes démenées pour produire quelque chose qui soit dans l’esprit et le niveau d’exigence des programmes tout en étant innovant. Tout n’était pas parfait, ce qui en soi est une bonne nouvelle : nous pouvons encore nous améliorer. C’est enthousiasmant de pouvoir vivre cette période de confinement non pas comme un temps d’arrêt mais comme une occasion de s’ouvrir de nouveaux axes de progression ».
Marcos Fernandes et Marie Donzel, pour le webmagazine EVE