Nous ne sommes plus des hors-la-loi du pantalon!

Marie Donzel

Pour le magazine EVE

5 février 2013

Le corpus législatif contient parfois de drôles de curiosités, qui perdurent dans le temps, témoignant d’une époque passée où les enjeux de société étaient différents et les rapports de genre conçus autrement…

 

 

 

Ainsi, jusqu’il y a quelques jours, une drôle de mesure, presque charmante tant elle était désuète (quoique complètement anticonstitutionnelle) avait encore cours à Paris : l’interdiction faite aux femmes de porter le pantalon dans les lieux publics sans autorisation du préfet. Cette vieille ordonnance du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800) qui menaçait d’emprisonnement les femmes coupables de « travestissement » vient d’être abrogée.

 

Il aurait été cocasse qu’avant cela, des femmes décident en masse, d’inonder la préfecture de courriers pour solliciter la fameuse autorisation exigible par les autorités. Finalement, l’habitude et l’évolution des moeurs ont fait d’elles-mêmes le travail de discréditation de la mesure sexiste, sans actions de revendications ciblées.

 

 

 

Reste que le discours tenu par l’ordonnance du 16 brumaire an IX n’est pas sans enseignement, encore pour aujourd’hui. Car l’intention affichée de ce texte était de remettre à leur place les amazones de 1789 qui s’étaient un peu cru tout permis après la Révolution. La petite histoire du pantalon en dit peut-être un peu plus long sur une certaine tentation de préserver des rapports de genre figés même dans les grands mouvements de transformation.

 

Les polémiques actuelles autour des quotas de femmes dans les instances dirigeantes et la résistance parfois observée au leadership féminin contiennent-elles, elles aussi une part de tentation de remettre les amazones de 2013, à leur place?

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