Animer des réunions inclusives en mixité : les conseils de Patrick Scharnitzky, expert en Diversité et Inclusion

Noémie Messéan Actualité Leave a Comment

Selon une étude britannique, 75% du temps de parole en réunion serait capté par les hommes. Le conformisme hiérarchique, les biais de majorité et les stéréotypes sont autant d’obstacles à une expression paritaire en milieu mixte. Alors comment les dépasser pour animer des réunions réellement inclusives ? Patrick Scharnitzky, expert en Diversité et Inclusion, Directeur associé au sein du cabinet Alternego et intervenant aux Programmes Eve et Octave nous livre les clés pour y parvenir avec succès.

  1. Dépasser les biais de majorité pour éviter l’autocensure : 

Lorsqu’on anime une réunion en mixité, il est crucial de « veiller à ce que les “biais de majorité” n’influencent pas l’écoute des différentes opinions » explique Patrick Scharnitzky. Ces biais nous amènent inconsciemment et parfois à tort, à « considérer que les idées rares ou radicales sont probablement fausses ». Pourtant, comme le souligne l’expert « les opinions disruptives doivent être entendues et respectées, même si elles sont peu courantes. » Ignorer ces voix minoritaires comporte un double risque : passer à côté d’une source d’enrichissement, mais également pousser certaines personnes à l’autocensure.

  1. Déjouer les biais de conformisme pour un meilleur équilibre des dynamiques de pouvoir : 

Le ou la manager incarne souvent indirectement une figure modèle pour les équipes. « Lorsqu’un·e manager anime une réunion et parle en premier, cela risque de créer un biais de conformisme quasi automatique chez les collaborateurs », met en garde Patrick Scharnitzky, leur donnant l’impression implicite de devoir donner un avis similaire à celui ou celle-ci. « Ce biais peut freiner la possibilité d’émettre une opinion différente ». La/le manager doit prendre conscience de sa position de pouvoir afin d’éviter d’influencer de manière disproportionnée les débats ou l’utiliser pour encourager les débats contradictoires.

  1. Veiller à l’équilibre des prises de parole pour maximiser la parole collective : 

De plus, Patrick Scharnitzky rappelle l’importance de « ne pas laisser certains membres monopoliser la parole. Le rôle du manager est de faire en sorte de n’oublier personne lors d’un tour de table et de veiller à faire parler tout le groupe » pendant la réunion. Il lui faut intervenir si nécessaire pour réguler la dynamique. Cela implique de « tempérer les dominants, mais aussi de rassurer les personnes plus discrètes, poursuit l’expert. Parfois, un simple geste, comme s’adresser aux plus timides après la réunion pour les encourager, peut changer la donne et renforcer la confiance au sein de l’équipe et éviter les métastéréotypes, ces idées que l’on se fait de ce que les autres pensent de nous ».

  1. Rester vigilant face aux micro-agressions :

Patrick Scharnitzky insiste sur l’importance de « gérer avec tact les conflits et micro-agressions qui peuvent survenir lors d’une réunion mixte. Les comportements comme un sourire moqueur lancé à son voisin peuvent sembler insignifiants, mais ils sont souvent très déstabilisants pour la personne qui s’exprime« , explique-t-il.  Dans ces situations, il est essentiel d’intervenir de manière constructive. Par exemple, « si un collaborateur répond à ses messages pendant qu’une femme parle, une remarque comme : “Bernard, écoute attentivement, c’est important que nous soyons tous bien concentrés” est préférable à : « Parce que c’est Brigitte qui parle, tu devrais écouter.”  L’objectif est d’affirmer une norme collective de respect, sans prendre le risque de créer un malaise en attribuant une intention sexiste, qui pourrait être infondée ».

Enfin, il est crucial de garder à l’esprit que « le rôle du manager n’est ni de moraliser ni de s’interposer en « sauveur » pour les personnes visées » conclut Patrick Scharnitzky. Simplement car ce n’est pas forcément ce qu’elles souhaitent ! Alors à vous de jouer pour faire régner l’inclusion au cœur de vos réunions.

 

Charlotte Foulon et Gabrielle Pastel, pour le webmagazine EVE

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