Comment garder sa liberté face à la crise ? Lors de la deuxième édition des Meet & Learn en version numérique, la consultante Flora Bernard a éclairé cette question particulièrement aiguë en période de confinement/déconfinement, via un exercice de réflexion et d’apprentissage basé sur les leçons de maîtres de la pensée philosophique tels que Jean-Paul Sartre, Spinoza ou Robert Misrahi.
Selon Flora Bernard, nous devons commencer par déconstruire notre idée de « liberté » et l’analyser sous un autre regard. Être libre, ce n’est pas tant « faire ce qu’on veut », mais plutôt savoir « situer nos envies au bon endroit » pour ne pas « subir ce qui n’est pas nécessaire ». De façon pratique, il s’agit, par exemple, de comprendre que même dans un contexte de restrictions liées aux mesures sanitaires, nous pouvons rester « libres » dans nos esprits. Pour cela, nous devons être conscient·e·s de nos limites d’une part et des facteurs extérieurs qui nous font sentir plus ou moins « en liberté » d’autre part.
Ainsi, le confinement nous a placé·e·s en situation de ne « pas pouvoir » faire ce dont nous avions l’habitude, comme nous en avions l’habitude. Mais très rapidement, nous avons conquis de nouveaux territoires de liberté en réinventant des façons de faire ce qui compte pour nous : nous exprimer, échanger, créer… Nous avons « pris en main » des nouvelles technologies que souvent, auparavant, nous avions plus ou moins le sentiment de subir. Nous avons envisagé que l’interdit est un obstacle, mais pas la fin de nos horizons. Nous avons aussi été amené·e·s à appréhender le sens de nos actions, notre rapport au temps, notre regard sur le monde.
Ce travail d’adaptation à la contrainte demande une certaine dose de résilience : retrouver sa liberté passe aussi par l’indulgence envers soi-même et par l’acceptation des choses que l’on ne peut pas changer. Être libre, c’est faire avec ce que le contexte propose et les moyens dont on dispose. C’est donc dépasser la frustration et diriger son énergie non tant vers le combat contre ce qui résiste que vers la connaissance de ses propres limites et la construction d’un cheminement à soi pour les dépasser.
Des moments d’échange ont permis aux participant·e·s de se remettre en question et de réévaluer leurs propres idées sur sa liberté et celle des autres. Ensemble, ils et elles ont essayé de répondre ce qu’être libre voulait dire et ce qui pourrait freiner leur liberté. L’idée n’étant pas de fournir une réponse simple, mais plutôt, comme le propose la philosophie, d’identifier les pistes pouvant aider à mieux comprendre le monde. Pour mieux se comprendre soi. Accepter que la liberté n’est pas un concept monolithique et que nous pouvons la trouver dans n’importe quelle situation est important pour retrouver un équilibre dans les moments de crise. Chacun·e définit ses priorités et doit être en mesure d’écouter ses besoins vitaux pour devenir, malgré quelques adversités, un être « libre ». Vivant et existant.
Marcos Fernandes et Marie Donzel pour le webmagazine EVE