« Même pas peur ! », a lancé le patron d’une grande entreprise face à un parterre de femmes. Vraiment ??? Alors, à quoi bon le dire ?, ai-je eu envie de lui demander. Nier sa peur était sa manière de la dépasser. Ou plutôt sa tentative pour la dépasser. Voici ce que je lui aurais conseillé pour vraiment s’en libérer.
Acceptez votre peur et respirez
N’ayez pas honte de vos peurs ! Lui, elle, moi, vous, nous avons tous peur, peu importent notre statut social, âge, genre, … Pour une simple raison : la peur est intrinsèque à notre condition humaine. En nous signalant le danger, elle cherche à nous préserver. Donc, ne vous jugez pas sévèrement lorsque vous avez peur. Accueillez votre peur en Pleine Conscience, ne la rejetez pas, ne lui résistez pas. Respirez profondément. En calmant votre souffle, vous calmerez votre peur. Une fois la paix revenue, vous aurez la distance suffisante pour en comprendre les ressorts.
Changez votre vision du monde
De la distance, vous en avez besoin pour ne pas laisser votre cerveau reptilien prendre le contrôle. Chargé d’assurer votre survie, il vous impose, en situation de danger ou perçue comme telle, de vous battre ou de vous enfuir. Votre « même pas peur !» disait que vous étiez prêt au combat. En assurant haut et fort votre invulnérabilité, vous vous donniez inconsciemment du courage, tout en tentant d’impressionner votre adversaire. Sauf qu’il n’y avait pas d’adversaire, juste un auditoire féminin reconnaissant et flatté que vous veniez parler mixité…
La peur est source de nombreuses erreurs de jugement parce qu’elle est binaire : danger ou pas danger ? L’autre est considéré a priori comme une menace potentielle, alors qu’il peut être indifférent, voire bienveillant. C’est généralement le cas. Conclusion : nous nous faisons du mouron pour rien, et donc du mal pour rien.
Car avoir peur est néfaste pour le corps et l’esprit. La peur déclenche de nombreuses réactions physiologiques (mal au ventre, tensions musculaires, souffle court, hypertension, …) qui, si elles se produisent régulièrement comme dans le stress, affaiblissent notre système immunitaire. Au niveau mental, la peur nous verrouille de l’intérieur. Parce qu’on a le sentiment de devoir se protéger, on se renferme sur soi. Au lieu d’apprécier les débats, vous avez été sur vos gardes. En transformant un moment convivial en arène, votre peur a gâché toute possibilité de dialogue. Roosevelt avait raison : « Nous n’avons rien à craindre que la crainte elle-même ». Alors, la prochaine fois, pas d’a priori, de préjugés négatifs, d’anticipations angoissantes, d’ennemis imaginaires. Soyez dans le moment présent, ouvert, positif, au minimum neutre. Mettez de la confiance là où il y a de la peur.
Interrogez vos peurs
Pour calmer votre anxiété, revenez à la raison. La peur est irrationnelle : dans un contexte dangereux, vous pourrez vous montrer confiant et à l’inverse, être craintif dans un environnement paisible, comme ce fut le cas. C’est pourquoi lorsque vous êtes en proie à la peur, demandez-vous : Qu’est-ce que je risque vraiment ? Confrontez votre sentiment d’insécurité à la réalité factuelle. Vous avez peur d’être cambriolé ? Etudiez les statistiques des effractions dans votre quartier. Et même si vous êtes cambriolé, vous êtes assuré, non ? Et même si on vous vole un objet de valeur, vous saurez vivre sans, n’est-ce pas ? Alors, pas de raison d’avoir peur en avance. Utilisez ce processus analytique pour relativiser vos peurs. « Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu’il craint », disait Montaigne. En anticipant le pire, vous pâtissez déjà de ce que vous craignez alors que c’est pure spéculation : 90% de vos peurs ne se réaliseront pas.
En cas de peur handicapante, poussez l’interrogatoire plus loin. La peur résulte d’un sentiment d’insécurité qui vous est propre. C’est une variable qui dépend de vos expériences traumatiques, de vos croyances et de votre sécurité intérieure -ce qu’on appelle la confiance. Revenons à votre « même pas peur ». Pourquoi avez-vous peur des femmes ? Quelles relations entretenez-vous avec elles ? Quels sentiments vous inspirent-elles ? Parlez-moi de la relation à votre mère…
Affrontez ou apprivoisez vos peurs
Faire face à vos peurs est le seul moyen de les dissiper. Inutile de tenter de les fuir : elles resurgiront sous une forme ou une autre.
Pour vous libérer de vos peurs, affrontez-les ou apprivoisez-les ! Si vous avez une nature conquérante, vous voudrez les vaincre. Pour dominer votre peur du vide, par exemple, vous choisirez le saut en parachute. Mais, ce sera quitte ou double : Vous dépasserez votre peur ou vous la renforcerez.
Au lieu d’aller « contre » -ce qui exige courage et pompe beaucoup d’énergie-, choisissez d’aller « avec », en apprivoisant petit à petit votre peur. Gaëtan s’ingénie ainsi à « baisser le volume de ses peurs » et à marcher de nuit pour réduire sa peur de l’inconnu (https://youtu.be/17dJ4bQCet8).
Faites comme lui : prenez votre peur par la main et invitez-la à danser !
Christine DELMAR pour le webmagazine EVE
Christine Delmar a été journaliste (notamment à Psychologies), écrivaine, Directrice des programmes des Rencontres aufeminin.com et Directrice des formations d’Happy Happening.
Aujourd’hui, Christine conçoit et anime en entreprise des formations Equité pour aider les femmes à se libérer des stéréotypes de genre, développer leur confiance en soi et assumer leur leadership.
Convaincue que le bonheur est notre raison d’être, Christine a créé la méthode Le bonheur t’attend. Elle a inventé le concept du « coaching chrono » en résidentiel, propose des retraites spirituelles laïques, donne des conférences et anime des ateliers sur le bonheur.