Marie Guillemot est Associée, membre du ComEx de KPMG en charge du Développement des Grands Comptes et Secteurs. C’est aussi l’une des toutes premières EVEsiennes et des pionnières du programme de cross-mentoring EVE2EVE. Retour sur son parcours, sa vision de l’innovation et sa conception du rôle de la diversité dans l’organisation et la société.
Bonjour Marie. Pouvez-vous retracer pour nous votre parcours ?
Marie Guillemot : Je suis passée par plusieurs cabinets, dont Salustro-Reydel qui a intégré KPMG en 2005. Ma motivation pour les métiers de l’audit et du conseil était notamment la possibilité d’être au contact de nombreuses entreprises dans des secteurs variés pour les accompagner dans leur croissance et leur transformation. Cela repose sur une conviction forte : c’est en apportant une qualité de questionnement que l’on apporte aux organisations et à leurs dirigeant·e·s les moyens de se développer dans de nouveaux contextes. Rapidement, je me suis spécialisée dans le secteur en plein essor des télécoms et technologies et c’est une vraie chance : quand on travaille sur l’innovation, jamais on ne s’ennuie !
Quelle est votre vision de l’innovation ?
Marie Guillemot : L’innovation, c’est un regard optimiste sur le changement, c’est se dire « ce n’était pas mieux hier, ça peut être encore mieux demain ». Ce qui rend l’innovation passionnante, c’est aussi qu’elle a toujours maille à partir avec le collectif. On n’innove jamais seul et jamais en restant dans son monde. Toutes les innovations procèdent d’un regard curieux sur ce qui se fait ailleurs, de rencontres avec d’autres environnements, de la fertilisation de plusieurs idées, de différents points de vue et d’un travail collaboratif où chacun·e apporte une expertise, une expérience de l’usage, des propositions d’amélioration. L’innovation, c’est un écosystème : toutes les parties prenantes font partie du processus, dont l’usager/ le client qui en est au coeur.
Est-ce à dire que l’innovation est accessible à tou·te·s ?
Marie Guillemot : Dans l’absolu, tout le monde peut participer à l’innovation, ce n’est pas réservé aux techniciens. L’innovation est culturelle. A partir de là, la question qui se pose, c’est celle de l’accès à l’éducation et aux espaces de participation. Cette question, c’est celle des écarts de richesse, des écarts d’accès aux nouvelles technologies, et elle recoupe des problématiques de territoires (avec certaines zones de la planète moins intégrées que d’autres, notamment du fait de la couverture réseau) et d’insertion des populations (avec certaines catégories moins intégrées que d’autres du fait de leur condition économique, sociale et culturelle…).
Où est-on de la place des femmes dans l’innovation ?
Marie Guillemot : Les choses progressent, avec notamment la voix portée par la société civile sur la place et la condition des femmes et surtout plus récemment avec la multiplicité des initiatives pour stimuler les vocations des femmes dans les sciences et la tech, soutenir l’entrepreneuriat féminin etc. Les choses progressent aussi à la faveur d’une meilleure compréhension par le monde économique des bénéfices de la mixité, notamment pour l’innovation qui exige la confrontation de points de vue divers et une plus grande collaboration. Néanmoins, le rythme auquel se font ces progrès est trop lent. Il faut accélérer le mouvement, et pour cela, ma conviction est qu’il faut s’appuyer sur l’innovation comme vecteur d’inclusion. Nous vivons une période historique de transformations et c’est une opportunité inédite d’embarquer les femmes, mais aussi toutes les populations qui d’une façon ou d’une autre n’ont pas pu jusqu’ici participer au progrès comme elles le devraient.
Et chez KPMG, où en est-on ?
Marie Guillemot : On avance… On le doit beaucoup à tout le dispositif qu’a mis en place et porté notamment par Sylvie Bernard-Curie (ndlr : Associée DRH Talents de KPMG, Présidente du Comité des Sages d’EVE), avec des programmes de leadership dédiés aux femmes et des programmes mixtes, le partenariat avec EVE, toute la politique d’articulation des temps de vie etc. Il y a désormais une conviction partagée sur les valeurs de la diversité au plus haut niveau.
Qu’en est-il en particulier de la part des femmes parmi les associé·e·s ?
Marie Guillemot : Aujourd’hui, la part de femmes associées chez KPMG est de 15%, en progression. Elle reste insuffisante eu égard à la part des femmes dans le recrutement, qui s’établit autour de 55%. Il faut donc poursuivre nos efforts pour rendre possible une progression équivalente des femmes et des hommes dans l’entreprise. Cela passe par la proposition, de parcours moins linéaires, qui comprennent le besoin de sédentarité à certains moments de la vie et une plus grande prise en compte des compétences acquises lors d’expériences extraprofessionnelles. Les dirigeant·e·s en ont pris conscience et toute la réflexion sur les carrières trouve par ailleurs son écho dans l’attente de nos clients, qui expriment de plus en plus le besoin d’équipes mixtes, en termes de genre et de générations.
Propos recueillis par Marie Donzel, pour le webmagazine EVE.