On dit que c’est le secret de longévité des Japonais·e·s… Le mot « Ikigai » est souvent traduit par « raison de se lever le matin ». Entre état d’esprit, méthode d’auto-développement personnel et art de vivre en collectivité, ce concept invite à trouver un équilibre harmonieux en soi, avec les autres et dans le monde.
Pourquoi se lever le matin ?
Pourquoi se lever le matin ? Si vous vous êtes posé la question à l’heure où le réveil a sonné, il se peut que vous y ayez apporté des réponses marquées par le devoir : « il faut » se lever, aller travailler, vaquer à ses occupations, effectuer diverses tâches. Bref, vous vous serez plutôt mis·e en position de subir ce qui vous attend que de vivre le moment.
En vous couchant ce soir, peut-être ressentirez-vous du soulagement (ouf ! la journée est terminée), de la satisfaction (j’ai fait ce que j’avais à faire. Au moins en partie), de la fierté (j’ai quand même fait des choses bien) voire du contentement (comme le dit notre speaker Florence Servan-Schreiber, il y a forcément au moins 3 bonnes raisons de « kiffer » chaque jour). L’ikigai consiste à inverser cet ordre du temps : ce n’est pas après avoir traversé le jour que j’en fais le bilan, mais c’est en amont de ma journée que je positive.
Entremêler « joie de vivre » et « raison d’être »
Positiver ? C’est pas un truc de bisounours, ça ? On rappelle à toutes fins utiles que les bisounours ont de superpouvoirs, ce qui devrait a minima nous inviter à ne pas trop les mépriser ! Car en provoquant sa propre bonne humeur, on convoque une joie de vivre qui permet d’appréhender la vie comme un élan, une mobilisation de soi propice à combattre le découragement et à entretenir la motivation.
Il ne s’agit pas seulement de regarder le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide, mais de se saisir de la puissance de son énergie vitale pour être acteur/actrice de sa propre vie et du monde. Cette dimension « joie de vivre » prend en effet toute sa force dans la deuxième facette de l’ikigai : « la raison d’être ». Loin d’une béate insouciance, l’optimisme de l’ikigai se nourrit de sens : c’est dirigé vers des objectifs essentiels pour lui que l’individu engage sa joie de vivre.
L’engagement dans le collectif sans conformisme
L’engagement est affaire personnelle, au cœur de ce qui compte pour soi ; il est aussi tourné vers les autres et le monde. La raison d’être de l’individu se projette dans ce que le monde appelle de compétences, d’énergie, d’idées et de bras pour semer des petits cailloux ou soulever des montagnes.
Le mode de vie Ikigai prône en effet la participation au collectif, source de renforcement de soi (ce qu’a démontré la psychologie positive), dans le respect de l’intégrité de l’individu. Une connaissance de soi robuste et équilibrée doit notamment préserver du risque de conformisme ou même d’adhésion raisonnable au fait majoritaire.
On serait tenté de voir là une forme d’ « esprit critique », mais ce serait trop vite revenir à nos schémas cartésiens et au fameux « cogito ergo sum » ! L’ikigai ne positionne pas l’ « être soi » du côté de la pensée, de l’opinion ou de la conviction, mais au croisement du cœur, du corps et de l’esprit.
Le quadriptyque Passion-Profession-Vocation-Mission
L’ikigai a été popularisé en Occident via un diagramme de Venn qui entrelace quatre dimensions de l’équilibre répondant à quatre questions clés :
- Qu’est-ce que j’aime ?
- Qu’est-ce je sais bien faire ?
- Qu’est-ce qui me vaut récompense ?
- Qu’est-ce qui est utile au monde ?
Au croisement des deux premières questions, il y a la passion.
Au croisement de la deuxième et de la troisième, il y a la profession.
Au croisement de la troisième et de la quatrième, il y a la vocation.
Au croisement de la quatrième et de la première, il y a la mission.
Et à l’intersection passion-profession-vocation-mission, un trésor : votre Ikigai !
Une réponse (parmi d’autres) à l’aspiration à une vie plus équilibrée et plus alignée
Si le schéma a le mérite de la simplicité, il ne saurait embrasser toute la démarche ikigai. Plus qu’une méthode de développement personnel, il s’agit d’une philosophie globale remontant à l’époque de Heian, qui voit particulièrement s’épanouir une littérature de l’intime et naître ce qu’on appelle aujourd’hui le « roman psychologique » avec Le Dit du Genji. C’est dans ce contexte d’intérêt approfondi pour l’âme et la personnalité des individus que l’ikigai se serait développé et installé comme un art de vivre tourné vers la connaissance du moi sensible.
L’ikigai est redécouvert à la fin du XXè siècle, notamment grâce aux travaux du professeur Akihiro Hasegawa sur les effets de l’état psychologique la longévité en bonne santé. En 2009, l’explorateur Dan Buettner, expert des « zones bleues », ces régions du globe où l’on vit plus nettement plus longtemps qu’ailleurs, donne un écho considérable à l’ikigai en Occident avec un TedTalk traduit en 32 langues et visionné par plus de 3,5 millions d’internautes !
Il n’en faut pas davantage pour que la littérature de développement personnel s’empare du concept ! Quelques best-sellers plus tard, l’ikigai s’impose comme la tendance « bien-être » de 2017-2018…
Effet de mode ? Seule une longévité de la tendance au moins égale à celle de ceux qui pratiquent l’ikigai le dira… Mais au vu du succès que rencontrent les courants de l’ikigai japonais mais aussi du Lagom suédois, de l’hygge danois ou du Ho’Oponopono hawaïen, un point ne fait pas de doute : l’aspiration à une vie plus harmonieuse, plus alignée et plus profonde constitue bien un mouvement de fond.
Marie Donzel pour le webmagazine EVE
Comments 1
L’IKIGAI, un concept que je decouvre via la News Letter EVE, qui m’inspire et qui illustre la complementarite de sens qui m’anime.
Pourriez-vous ne dire comment en savoir plus ? ou comment participer a une session partage/decouverte sur le sujet ? Merci