Haby Niaré est l’un des meilleurs espoirs de médaille française aux JO de Rio. En dobok blanc ceinturé de noir, elle affrontera les plus grandes stars mondiales du Taekwondo. Avec un et un seul objectif : l’or. Un métal que celle que l’on surnomme la « pépite des dojos » affectionne et collectionne : elle a été 5 fois championne de France, 1 fois championne d’Europe et est l’actuelle championne du monde dans la catégorie des moins de 67 kilos.

Au Taekwondo, la fille de Mantes-la-Jolie y est arrivée par la sororité. Benjamine d’une famille de 7 enfants, elle choisit la discipline pour suivre les traces de sa sœur aînée. Tout de suite, elle brille sur le dojo, créant la surprise aux championnats de France de 2007 qui voient cette oustider grimper d’emblée sur le podium.

A 14 ans, elle entre en équipe nationale. Pensionnaire sport-étude au CREPS de Chatenay-Malabry puis à celui d’Aix-en-Provence, elle gagne 10 ans de maturité en quelques mois : loin de sa famille, la sportive de haut niveau jongle avec les cours et les entraînements, se forgeant un tempérament déterminé doublé d’un sens de l’organisation à toute épreuve.

Arrivent les championnats d’Europe de 2010. Elle est encore junior, mais il manque une équipière de sa catégorie dans les séniors. Bonne pioche : elle rapporte de Saint-Pétersbourg une fière médaille d’or. Elle rejoint l’INSEP pour préparer concomitamment les Jeux de la Jeunesse et la Coupe du Monde par équipe.

Elle se blesse au genou lors de la compétition. Un coup dur mais que « tout sportif connait un jour ou l’autre » dit la battante, qui prend conscience d’une fragilité pour mieux la retourner en force. « La blessure, c’est l’expérience qui vous fait vous connaître mieux. Après, vous savez que le corps a ses limites… Mais que par le courage, vous pouvez vous relever et continuer à vous dépasser. » 

La blessure, c’est aussi le moment charnière où Haby commence à se poser la question de l’après. « En taekwondo, on peut mener une carrière jusqu’à la quarantaine » dit celle qui, à 23 ans à peine, n’a pas l’intention de raccrocher tout de suite son dobok et compte y accrocher encore quelques médailles étincelantes.

Pour autant, elle a vu trop d’étoiles du sport fuir la question de leur reconversion jusqu’à se trouver totalement démuni.es le moment venu, pour ne pas pas anticiper. Ca tombe bien, la SNCF l’approche pour lui proposer d’intégrer son programme d’insertion professionnelle dédiée aux sportifs de haut niveau.

Elle passe les entretiens, « comme tout.e salarié.e », sans traitement de faveur, tient-elle à préciser ; et décroche un job d’agente commerciale voyageurs à Paris Saint-Lazare. Dès le premier jour, elle se sent bien : « L’équipe de Saint-Lazare est super accueillante, le dispositif SNCF pour les athlètes parfaitement adapté aux contraintes de ma vie de sportive et il y a un esprit d’équipe qui ne peut que réussir à une sportive comme moi ! ».

Avec ça, elle a conscience d’être « entrée dans une bonne boîte où il lui sera possible de progresser ». Admirative de ses collègues « qui connaissent par cœur le réseau et ont un sens du service aux voyageurs » qui l’épate, elle se verrait bien contrôleuse puis à terme, manager.

Elle en a assurément le potentiel : « le sport apprend à gérer les situations difficiles, à supporter les aléas, à sentir quand il faut se contrôler et quand il faut se fier à ses intuitions, à conjuguer l’esprit de compétition et l’esprit d’équipe, à donner de la sueur quand il faut et à ménager le corps et l’esprit aussi ». Pas de doute, côté « soft skills », Haby Niaré est déjà solidement armée.

Cette femme au mental d’acier prend dans quelques jours l’avion pour Rio.

Avec la fierté d’y porter les couleurs de la France et l’ambition de les orner d’or. Nous ne la quitterons pas des yeux pendant les Jeux : toutes et tous derrière Haby la championne !

Marie Donzel, pour le blog EVE. Avec la complicité de Catherine Woronoff-Argaud et de Chloé Cochart (SNCF)