Egalité pro, leadership au féminin: 6 actus à retenir de novembre 2015

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La revue de web

 

Chaque fin de mois, le blog EVE vous propose sa revue de web : un tour d’horizon des actualités marquantes sur le front de l’égalité, du leadership des femmes et du partage des responsabilités.

La déclaration du mois : « Un gouvernement paritaire, parce qu’on est en 2015 »

Il vient d’être élu et de composer son Conseil des Ministres (l’équivalent du gouvernement au Canada), comprenant autant de femmes que d’hommes. Pourquoi ? « Parce qu’on est en 2015« , répond tout simplement un Justin Trudeau bien décidé à faire « entrer son pays dans le XXIè siècle« . Ni stratégie d’affichage, ni argumentaire sur les vertus de la mixité pour la bonne gouvernance, juste une position de principe et une exigence de modernité.

Chapeau bas à celui qui fait aussi place aux jeunes (tou.tes les ministres canadien.nes actuellement en exercice ont entre 35 et 50 ans), aux personne issues de l’immigration non-européenne (4 ministres sikhs et une ancienne réfugiée afghane) et pour la première fois à une « autochtone »  (terme qui désigne les premier.es habitant.es du Canada).

Suscitant tous les espoirs dans un pays pionnier sur de nombreuses questions sociétales, Justin Trudeau est entré le jour-même de son assermentation dans le classement Forbes des personnalités les plus influentes de la planète.

 

La rencontre du mois : Malala Yousafzai et Emma Watson

Rendez-vous était pris le 4 novembre, à Londres, pour la première du film « he named me Malala » réalisé par Davis Guggenheim, qui retrace le parcours de la jeune pakistanaise Prix Nobel de la Paix pour son action en faveur du droit des filles à l’éducation partout dans le monde.

Emma Watson, ambassadrice d’ONU Femmes, portant notamment le projet d’engagement des hommes He For She était là… Et leur rencontre restera dans les annales des moments les plus puissants du dialogue sur l’égalité quand elles se sont déclarées l’une et l’autre « féministes« . Pour Emma Watson, cette assumation du terme est un pas essentiel pour la mise en avant d’un combat juste : « Je suis tellement émue d’entendre ça, c’est extraordinaire. Je suis d’accord avec toi, c’est devenu un mot compliqué, mais c’est merveilleux quand les gens se l’approprient parce qu’effectivement, il devrait être synonyme d’égalité. »

Malala est également ressortie enchantée de la rencontre, qualifiant Emma watson de femme « généreuse, incroyablement gracieuse, irrésistible et brillante. » Et pour nous toutes et tous, la complicité de ces deux radieuses figures qui agissent au jour le jour, est un formidable motif de réjouissement autant qu’un message d’encouragement à poursuivre l’action.

Le (futur) papa du mois : Mark Zuckerberg va-t-il donner le la d’un leadership équilibré dans la Silicon Valley… Et au-delà?

Le très puissant patron de Facebook sera papa d’ici quelques semaines… Et c’est sur son propre réseau social, qu’après avoir annoncé la bonne nouvelle à venir, il a fait savoir à la planète entière son intention de prendre deux mois de congé paternité à la naissance de sa petite fille.

Décision qualifiée par l’intéressé de « très personnelle ». Est-ce à dire qu’il se contentera de donner l’exemple sans pour autant mettre en place un dispositif complet d’articulation des temps de vie pour toutes et tous les collaboratrices et collaborateurs de sa firme ? Que nenni ! C’est l’occasion toute trouvée pour le big boss de rappeler que Facebook permet déjà à tou.tes ses salarié.es américain.es de prendre jusqu’à quatre mois de congé payé dans l’année qui suit l’arrivée d’un enfant dans leur foyer. Mesure qu’il semble vouloir à présent étendre à toutes ses filiales de par le monde.

Avec Netflix, Reddit et Microsoft (voir notre revue de web de juillet-août 2015), Facebook contribue à faire des grandes sociétés de la Silicon Valley d’authentiques laboratoires d’innovation sociale autant que technologique dans un pays qui a pour principe de laisser aux individus la responsabilité ou aux entreprises la générosité de garantir une protection sociale. Un mouvement encourageant mais qui ne doit pas faire oublier que l’immense majorité des personnes employées aux Etats-Unis, dans de petites entreprises réparties sur tout le territoire, ne bénéficient d’aucune forme d’accompagnement à la parentalité au travail.

Le guide du mois : pour une communication non sexiste sans se mettre la voix à court-bâillon

Parler de « Droits de l’homme », interpeler les femmes par des titres masculins et ne proposer presque que des photographies et infographies représentant la vie économique et politique comme un monde d’hommes encravatés, n’est-ce qu’une question de forme dont la mise en cause relèverait d’un combat dérisoire? Pas si sûr, quand on sait que l’un des obstacles les plus profondément ancrés au développement du leadership des femmes, c’est la rareté des rôles modèles dans lesquels il leur est possible de se projeter.

Car non, le prétendu neutre d’une langue qui assimile l’universel au masculin n’est pas fait pour aider les femmes à s’imaginer dans des positions traditionnellement occupées par les hommes. Mais trêve de discussions autorisant toutes les provocations entre autres argumentaires d’édifiante mauvaise foi, on passe à l’action! Avec le petit guide remarquablement bien fichu qu’a produit la consultante Gaëlle Abily pour le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Cet impeccable document de référence donne très simplement toutes les clés pour une communication non sexiste : éviter le « mademoiselle » dans l’espace professionnel quand il introduit inutilement une notion très privée de statut marital dans un environnement où ça n’a aucune pertinence, parler de « droits humains »plutôt que de droits de l’homme comme ça se fait déjà partout (ou presque) dans le monde, féminiser les noms de métiers et de fonction chaque fois que cela est possible (c’est à dire dans 100% des cas, si on suit les recommandations du guide rédigé il y a une quinzaine d’années déjà par le linguiste Bernard Cerquiglini), ne pas réserver aux seules femmes les questions sur la conciliation des temps de vie, proposer des visuels mettant femmes et hommes en situations symétriques de responsabilités…

La primée du mois : Zaina Erhaim consacrée « Journaliste de l’année » par Reporters sans frontières

Syrienne de 30 ans, Zaina Erhaim a fait le choix de continuer à exercer son métier de reporter à Alep, malgré la guerre qui déplace des milliers de personnes depuis plusieurs mois et fait courir tous les risques à celles et ceux qui défendent les droits humains et les libertés fondamentales.

En plus de poursuivre sa mission d’information et d’être l’auteure d’un indispensable documentaire sur « les femmes rebelles de Syrie », Zaina Erhaim a décidé de former ses concitoyen-nes au journalisme : depuis deux ans, elle a ainsi accompagné une centaine de Syrien.nes, dont un tiers de femmes, dans des projets de création audiovisuelle, de presse écrite ou de blogging.

C’est à cette activiste du droit à l’information que l’ONG Reporters Sans Frontières a choisi cette année de remettre son Grand Prix. Respect.

Le coup de g*** du mois : Carolyn Fairbairn en croisade contre les « repas de cravates noires »

Première femme à la tête de la British Confederation Industry (le syndicat patronal du Royaume Uni), Carolyn Fairbairn a clairement annoncé la couleur égalitaire qu’elle entend donner à son mandat en dénonçant publiquement, dans une interview au Telegraph les « black tie dinners », qui sont selon elles des « vestiges de la vieille économie » en même temps qu’ils contribuent à écarter de fait les femmes des réseaux d’influence et de l’accès aux postes de pouvoir.

Un pavé dans la mare qui lui a valu les félicitations de certain.es dont les journalistes de the Independent, heureux.se de voir enfin une patron.ne comprendre « ce qui compte vraiment dans la vie« , du Guardian qui martelle depuis déjà un bout de temps un discours très clair sur les leviers de l’inclusion ou de l’Evening Standard saluant l’importance d’une prise de parole ferme et directe sur la question du leadership des femmes dans un pays qui préfère parfois faire disparaître le sujet sous le tapis rouge où l’on affiche quelques rares figures d’exception à la règle du masculin aux rênes du pouvoir.

 

 

 

Actus sélectionnées et commentées par Marie Donzel, pour le blog EVE