« Oser être son propre modèle »

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 Rencontre avec Nathalie Baumgaertener-Dutang,  Associée audit Middle Market KPMG

 

 

Ils sont 30. 30 nouveaux associés juste nommés chez KPMG. Dont 5 femmes. Et 5 EVEsien-nes, en l’occurrence.

Les équipes de la direction des Ressources Humaines de KPMG, la direction de la communication de KPMG et le blog EVE s’associent (!) pour mettre en lumière ces 5 figures de leadership affirmé, éclairé et équilibré. Elles ont chacune accepté de témoigner de leur parcours, d’évoquer leur participation au Programme EVE et de livrer leurs conseils à celles et ceux qui aspirent à progresser dans leur carrière.

Pour ce premier épisode de la série « les Associées 2015 », rencontre avec Nathalie Baumgaertener-Dutang, Associée Audit Middle Market KPMG France. 

 

 

 

 

Eve le blog : Bonjour Nathalie. Félicitations pour votre récente nomination ! Racontez-nous le parcours qui vous y a menée…

Nathalie Baumgaertener-Dutang : Je suis entrée il y a 14 ans chez Salustro-Reydel, avant la fusion avec KPMG. J’y ai rapidement pris un très gros dossier, que j’ai suivi pendant 12 ans.

Il se trouve qu’au retour de mon premier congé maternité, en 2008, on m’a proposé de participer au Groupe Diversité & Carrière (ndlr : groupe de travail qui a notamment préfiguré le Programme Emergence et inspiré le dispositif « VP2 » dédié à l’articulation des temps des vies pour les collaborateurs et collaboratrices de KPMG) au cours duquel nous a été proposé du coaching. C’est tombé à pic car j’étais précisément en grand questionnement sur ma vie professionnelle.

Avant d’avoir un enfant, je ne comptais pas mes heures, je travaillais le soir et le week-end… Et puis, du jour au lendemain, je n’organise plus mon temps comme je veux, je suis confrontée à des impératifs et des urgences (tous les parents savent ce que c’est que de devoir filer chez le pédiatre quand la crèche ou la nounou appelle !). Il faut donc que j’apprenne à travailler autrement, mais aussi à me positionner différemment : je ne serai pas satisfaite si je dois me cacher pour filer du bureau plus tôt en ayant l’impression d’abandonner les équipes, je ne serai pas épanouie non plus si je baisse mon niveau d’exigence dans le travail. A cette époque, j’ai l’impression de tout faire à moitié et c’est douloureux.

 

 

Eve le blog : En quoi le coaching proposé dans le cadre du Groupe Diversité & Carrière vous a-t-il aidée à surmonter cette étape ?  

Nathalie Baumgaertener-Dutang : Le coaching m’a permis de comprendre qu’on ne fait accepter aux autres que ce que l’on accepte soi-même.

J’ai réalisé que je pouvais être actrice de ma situation. Je me suis penchée sur ce que je voulais vraiment, j’ai accepté d’entendre et de prendre en compte les émotions que tous ces changements dans ma vie provoquaient, je me suis proposé à moi-même des solutions, mes solutions.

 

 

Eve le blog : Vous avez participé au premier Programme EVE, en 2010. Est-ce que cela a contribué à vous renforcer encore ?

Nathalie Baumgaertener-Dutang : Oui, le séminaire EVE en a remis une couche ! En ajoutant à la notion « d’être soi » et celle d’oser. Je crois que cet « oser » est ce qui marque le plus profondément dans l’expérience EVE : oser demander, oser dire non, oser aller voir les gens, oser exprimer de l’ambition, oser prendre des risques…

Tout cela, on nous apprend peu à le faire, voire notre éducation nous met en garde contre l’excès d’audace. Et pourtant, on se rend compte que quand on ose, le plus souvent, ça marche !

 

 

Eve le blog : En l’occurrence, vous avez osé exprimer votre ambition de passer Associée. Comment cela s’est fait ?

Nathalie Baumgaertener-Dutang : En 2012, après la naissance de mon 3è enfant, j’ai décidé de donner un coup d’accélérateur à ma carrière.

Tout se passait bien dans ma BU, je connaissais bien mes dossiers, j’avais de bons retours sur mon travail, mais je n’avais pas une visibilité claire de l’avenir. Mon premier réflexe a été de me dire : il faut que je fasse autre chose.

J’ai fait part par mail de mes réflexions et doutes à Sylvie Bernard-Curie (ndlr : associée DRH-Talents de KPMG) . Elle a décroché son téléphone sur le champ : « tu viens tout de suite dans mon bureau !« . Elle m’a suggéré de regarder du côté de KPMG entreprises et on a fait jouer le réseau EVE pour me positionner sur un poste de DM avec évolution associée à moyen terme.

L’associée de la BU cherchait quelqu’un qui fasse du développement et moi, j’avais un profil assez technique. Mais je n’ai pas lâché et ça a joué en ma faveur : elle s’est dit « si elle ne lâche pas maintenant, elle ne lâchera pas non plus sur le marché ». J’ai pris le poste en octobre 2013, ce poste m’a fait complètement sortir de ma zone de confort mais a été une vraie bouffée d’oxygène. Le passage Associée s’est ensuite fait assez vite, en deux ans grâce à une responsable de BU qui m’a fait confiance et qui m’a accompagné jusque là.

 

 

Eve le blog : Comment se prépare-t-on pour passer Associée ?

Nathalie Baumgaertener-Dutang : On monte un dossier, bien sûr. Mais on travaille aussi sur toutes les compétences exigibles d’un associé, notamment celles de posture et de leadership. On anime son réseau, on tape aux portes, on prend des conseils, on teste ses idées même si elles ne sont pas encore complètement abouties, pour recevoir des retours et progresser.

Et puis bien sûr, il faut oser : oser être son propre modèle, s’inspirer des autres certes, mais ne pas chercher à se conformer aux profils ou aux parcours imposés. Prendre des voies de traverse, si on veut appeler ça comme ça, mais finalement, une voie de traverse, c’est seulement un chemin à soi.

 

 

Eve le blog : Votre statut d’Associée vous donne clairement un rôle de leadership. Quelle leader voulez-vous être ? Quelle vision avez-vous du leader de demain ? 

Nathalie Baumgaertener-Dutang : Je veux être une leader qui transmet et accompagne, qui tire les autres vers le haut. Je pense que le leader doit être quelqu’un d’exemplaire, mais l’exemple qu’il doit donner, c’est celui de la flexibilité et de la confiance.

Je me dois d’être exigeante et rassurante, en donnant un cadre et un cap, et en respectant ce que chacun-e est, avec sa personnalité, ses contraintes personnelles.

 

 

Eve le blog : Vous êtes cinq femmes cette année à être passée associées chez KPMG. Est-ce une fierté particulière d’en faire partie ?  

Nathalie Baumgaertener-Dutang : c’est une fierté personnelle, bien sûr, et je serai heureuse que ça envoie à d’autres femmes le signal que c’est possible, même avec 3 enfants et sans être superwoman.

Mais 5 femmes sur 30, ça reste peu. Lors de mon oral Associé, Jacky Lintignat m’a posé la question suivante : « Selon vous, qu’est-ce que le cabinet pourrait faire de plus pour que davantage de femmes candidatent ?« . Le coaching, les programmes de leadership, la charte VP2, tout ceci est essentiel et nous avons beaucoup de chance d’en bénéficier.

Mais à mon avis, s’il y a quelque chose de particulier à faire en plus, c’est au moment de la naissance du 1er enfant. Le deuxième, le troisième, c’est du travail supplémentaire, bien sûr, mais ce n’est pas le changement radical de vie, de perception de soi, de questionnements sur le rapport au travail que lorsqu’on devient parent pour la première fois. Il ne faut pas lâcher les mamans d’un premier enfant, c’est à ce moment-là qu’elles ont besoin qu’on booste leur confiance, qu’on leur fasse savoir qu’on reconnaît leur talent, qu’on leur donne des horizons de progression

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE. Avec la complicité d’Adeline Henri, Sylvie Bernard-Curie et Blandine Neouze (KPMG).