La rubrique livres du blog EVE – Juin 2015

Chaque mois, le blog EVE vous invite à musarder dans les rayonnages de sa bibliothèque, afin de découvrir de nouveaux ouvrages inspirants pour penser l’égalité et le leadership équilibré.

Historiquement construite en principe politique, consacré par un droit qui eut toutefois besoin de s’amender au cours du temps pour inclure les femmes parmi les humain-es égaux entre eux, l’égalité préoccupe aujourd’hui d’autres acteurs, notamment ceux de l’entreprise. Une bonne nouvelle, sans doute, quand l’égalité doit bien être l’affaire de toutes et tous, et que pour la rendre effective, il faut agir sur tous les terrains.

Mais à l’égalité, chacun-e vient avec sa culture, ses codes et son approche : le monde économique actuel, marqué par le fort héritage utilitariste des dernières décennies, n’est-il pas tenté de regarder l’égalité sous l’angle prioritaire, sinon unique, de la performance qu’elle pourrait générer?

Alertant sur les risques inhérents à cette vision (car qu’adviendrait-il de l’égalité si l’on devait s’apercevoir qu’elle ne produit pas les effets sur la croissance que l’on promet?), la chercheuse Réjane Sénac instruit les écueils des politiques conditionnées à la performance des différences. Parce qu’elles portent l’accent sur la plus-value attendue de « l’autre », ces politiques obligeraient à justifier incessamment de ses qualités pour avoir seulement le droit d’être considéré-e à l’équivalent du « même »… Et elles oublieraient surtout d’interroger ce qui fait ce « même », ce qui produit de la similarité et, en creux, de la différence, au risque de restreindre inlassablement les rapports des un-es et des autres à une logique de complémentarité perpétuant des ordres « utilitairement » inégalitaires.

En forme d’invitation à restaurer l’idée principielle de justice dans toute forme de réflexion sur la mixité et les diversités, l’essai remarquablement fouillé de Réjane Sénac propose d’émanciper l’égalité aussi bien de ses restrictions politiques initiales que des dogmes économiques contemporains.

Le seul mot de « quota » en fait frémir plus d’un-e… Y compris, et peut-être surtout, parmi celles et ceux qui pourraient en bénéficier. Comme si, entrer dans le champ d’une mesure d’affirmative action vidait littéralement l’individu de ses qualités et mérites. D’où vient ce tenace soupçon d’une prime à l’incompétence que généreraient les politiques visant tout particulièrement des populations discriminées? Pourquoi les stratégies d’égalité ciblant prioritairement les femmes laissent à certain-es un-e amer sentiment de « sexisme inversé »?

Klea Faniko, professeure de psychologie sociale à l’Université de Genève, analyse les regards des femmes et des hommes sur les politiques de discrimination positive, afin de cerner les tensions entre un idéal méritocratique confinant parfois au déni des inégalités et les ambiguïtés du désir d’égalité.

Révélant de vraies failles dans le processus d’acceptation sociale de la participation pleine et entière des femmes aux responsabilités, son travail invite à reposer les questions clés de l’égalité : par quels critères identifie-t-on les motifs d’exclusion? Comment prendre en compte l’intersection des facteurs d’inégalités ? Comment penser l’action collective en faveur des populations discriminées en tenant compte des parcours individuels et sans sacrifier l’autonomie des personnes?

Elle est l’incarnation même du succès : diplômes prestigieux, carrière ambitieuse, visibilité médiatique, influence manifeste, entreprise en vertigineuse croissance… Tout semble réussir, depuis toujours, à Ariana Huffington, co-fondatrice d’un empire médiatique nouvelle génération. On aurait pu s’attendre de sa part à une autobiographie triomphante, ou au moins, à la saga d’une self-made woman accomplie délivrant ses lecons pour la prospérité.

Mais c’est sur un tout autre ton qu’Ariane Huffington aborde le récit de sa vie, prenant pour point de départ le signal d’alarme que son corps tire en 2007, quand épuisé par des journées de 18 heures de travail, il la lâche. Jamais cette force de la nature, cette femme de volonté pour qui travail a toujours rimé avec plaisir, n’imaginait faire un burn-out. Pourtant, la voilà qui, après des décennies passées la tête dans le guidon, prend conscience de tous les manques qu’une vie pourtant archi-pleine (de projets, de rencontres, de stimulations…) n’a cessé de creuser. Manque de temps, manque de silence, manque de calme, manque d’attention pour soi et pour les autres, manque de sagesse…

Alors, c’est dans les coulisses d’une révolution personnelle que convie celle qui a réappris à écouter ses intuitions, à entendre son corps et son âme et à renoncer aux critères imposés de la réussite pour bâtir son propre modèle d’épanouissement et sa vision d’un bien-être individuel indispensable à l’exercice d’une ifnluence positive sur ses environnements.

Marie Donzel, pour le blog EVE.