La revue de web mensuelle du blog EVE
Observatoire du leadership féminin, laboratoire d’innovation pour des responsabilités mieux partagées et une organisation du travail plus équilibrée, porteur d’initiatives et acteur de changement, le Programme EVE garde en permanence, notamment via l’équipe du blog EVE, un oeil sur l’actualité égalité pro et mixité des organisations. Chaque mois, il vous propose sa revue de web : un tour d’horizon des informations saillantes des semaines écoulées.
Voici tout de suite, notre sélection d’actus pour le mois de janvier 2015.
Le discours du mois : Watson à Davos
L’ambassadrice d’ONU femmes, et de son programme HeForShe d’inclusion des hommes dans les démarches d’égalité, a rempilé après son vibrant discours de septembre dernier. Cette fois-ci, c’est devant les grand-es de la planète réuni-es à Davos pour le Forum Economique Mondial qu’elle a fait part de sa conviction renouvelée que mixité et égalité sont l’avenir de la planète.
Revenant sur le lancement réussi de HeForShe, elle en a annoncé le déploiement de la phase 2, avec l’initiative « impact 10x10x10 ». Cette fois-ci, il est question d’engager, en plus des individus, les organisations (entreprises, institutions, universités, associations, fondations…) dans une démarche visant à la démultiplication des actions.
Aspirant à voir naître partout dans le monde, dans les sphères privées, professionnelles et/ou citoyennes, des milliers et pourquoi pas des millions de nouveaux « ambassadeurs de l’égalité« , Watson fait le pari d’une immense chaîne humaine, solidaire et coopérative, pour lutter contre les violences et les injustices et oeuvrer surtout à l’empowerment des femmes de la planète entière.
Lire aussi :
– Notre interview d’Antoine de Gabrielli sur l’engagement des hommes (aussi) pour une égalité bénéfique à toutes et tous
L’étude du mois : anti-sexiste, tu perds pas ton sens créatif !
L’étude « Creativity from constraint? How political correctness Influences Creativity in Mix-sex Work Groups« , menée par des universitaires de Berkeley et Saint-Louis est déjà parue il y a quelques mois… Mais c’est à l’occasion de récentes discussions sur la liberté d’expression et les effets de l’auto-censure qu’elle a resurgi dans les médias.
Ce travail de recherche se propose d’étudier les effets de l’intégration des règles de « rectitude politique » sur la créativité des groupes de travail. Et ces résultats sont plutôt contre-intuitifs : là où l’on pourrait croire que polir (sinon policer) son langage (et s’astreindre plus généralement à l’interdit du biais sexiste) freinerait la créativité, eh bien, c’est tout l’inverse qui se produit. Parmi les groupes observés, les plus créatifs et les plus innovants sont précisément ceux qui se sont imposé comme « contrainte » la production d’idées inclusives.
Procédant d’un effet « zone d’inconfort », cette surperformance de l’inventivité est de surcroît boostée par deux autres facteurs : la mixité des groupes favorisant le frottement des points de vue et surtout la sensibilisation fine à la notion de « politiquement correct » (dont on démontera en premier lieu l’accusation d’hypocrisie).
En d’autres termes, pour dynamiser l’innovation, il faut un objectif d’inclusion bien compris par chacun-e et librement discuté avec toutes et tous.
Lire aussi :
– Notre article consacré à l’ouvrage La vie en rose, de Brigitte Grésy, sur la lutte contre les stéréotypes sexistes et les bénéfices qu’elle représente pour toutes et tous
– Notre reportage sur le concours de créativité « les jeunes pour l’égalitéE »
La nomination du mois : Zanny Minton Beddoes à la tête de The Economist
C’est une première dans l’histoire bicentenaire du célébrissime quotidien économique, et encore une rareté dans le paysage de la presse business : une femme vient d’être nommée à la tête de The Economist.
Elle s’appelle Zanny Minton Beddoes et c’est une journaliste éco chevronnée, qui tient depuis 20 ans les pages finances, sciences et techno de cette institution. Experte de la crise des années 2000, on lui doit aussi des enquêtes de référence sur les économies d’Asie centrale et d’Amérique latine ainsi que sur le monde émergent et l’élargissement de l’Union européenne.
Lire aussi :
– Notre entretien avec Catherine Sueur, directrice générale déléguée de Radio France
– Notre portrait de Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG d’aufeminin.com
La campagne du mois : « This girl can »
Pourquoi faire du sport? Les magazines affichant en couverture des modèles quasi-inaccessibles promettent que ça aide à mincir… Peut-être, qui sait? Mais, la vraie raison qu’une femme devrait ou pourrait avoir d’enfiler des baskets ou un maillot de bain, de taper dans un ballon ou de jouer de la raquette, ne serait-ce pas avant tout l’envie qu’elle a et le plaisir qu’elle en retire?
Portant ce message décomplexant et entendant rendre aux 2 millions de femmes britanniques de moins de 40 ans qui se privent d’exercice physique pour de mauvaises raisons, leur bon droit à faire du sport quand elles veulent, comme elles veulent et pourquoi elles le veulent, l’ONG Sport England diffuse un spot réjouissant intitulé « This Girl can« . Ces filles et ces femmes, qui n’ont pas toutes le gabarit mannequin, pas toutes des aptitudes d’athlète de haut niveau, pas toutes l’esprit de competition chevillée au coeur, mais toutes envie de se faire du bien l’affirment haut et fort : elles aiment leur corps, elles aiment le sport!
http://youtu.be/aN7lt0CYwHg
Lire aussi :
– notre coup de coeur pour la vidéo « like a girl »
– notre rencontre avec Sophie Cheval, psychologue experte des troubles liés à l’apparence, auteure de l’ouvrage Belle autrement!
L’insolite du mois : Des cours de vélo à Mexico
Au Mexique, les femmes résistent à la tentation de la bicyclette : élevées dans l’idée que c’est un mode de déplacement plutôt masculin, explique Laura Busto Endoqui, entrepeneure et game-changer, elles se privent pour la plupart de chevaucher le plus écolo des deux-roues pour aller travailler ou tout simplement se balader.
Ca n’a l’air de rien, mais dans une ville structurellement congestionnée comme Mexico, se passer de vélo, c’est se résoudre à passer des heures dans les embouteillages, voire carrément se laisser décourager de sortir de chez soi.
Basta, s’écrie Laura! Elle a créé pour les femmes une école de vélo. Et ça cartonne : tous les dimanches, jour où certaines voies sont totalement réservées aux joggers, piétons et cyclistes, des centaines de femmes s’essaient, avec elle, à l’art d’appuyer sur la pédale et de tenir le guidon. Toute une métaphore, non?
Lire aussi :
– Notre portrait de Nicole Abar, la femme qui fait de l’égalité un sport pour toutes et tous
– Notre interview de Fabienne Broucaret, auteure de l’essai Sport féminin : le dernier bastion du sexisme?
Marie Donzel, pour le blog EVE