.
Partenaire fondateur du Programme EVE, L’Oréal compte déjà près de 200 collaboratrices et collaborateurs formé-es au leadership au féminin via ce séminaire interentreprises unique dans le paysage de l’innovation sociale. Dans un groupe qui rassemble plus de 77 000 salarié-es (dont 63% de femmes ) dans 130 pays, l’égalité est un enjeu stratégique au coeur de toutes les dimensions de l’entreprise, et les EVEsien-nes s’inscrivent dans le cadre de cette politique volontariste.
L’Oréal entend faire des collaboratrices formées au programme EVE de vrai-es « porteuses du changement », investies d’une mission de transmission d’un leadership équilibré et d’essaimage des bonnes pratiques pour l’égalité. Pour ce faire, chaque EVEsien-ne de L’Oréal peut devenir, à son retour d’Evian, mentor de femmes au sein du groupe.
Noëlle Herpeux, directrice de la formation de L’Oréal et membre du Comité des Sages d’EVE et Stéphanie Oueda, responsable diversité international de L’Oréal et membre du comité éditorial du blog EVE, nous parlent de ce dispositif original de mentoring au féminin.
Eve le blog : Dans les entreprises partenaires du programme EVE, le programme se poursuit après le séminaire d’Evian tout au long de l’année. Chez L’Oréal, c’est notamment par la voie du mentoring au féminin. Pourquoi avoir choisi cette formule?
Noëlle Herpeux : Le mentoring, de façon générale, fait partie du parcours d’intégration chez L’Oréal. C’est profondément ancré dans la culture du groupe. On sait que ce qui s’apprend dans la relation privilégiée avec un professionnel expérimenté, les codes de l’entreprise comme la confiance en son potentiel ou la pleine prise en main de son périmètre, joue un rôle clé dans la réussite.
Stéphanie Oueda : Dans le mentoring, il y a aussi une dimension « réseau ». Cela aussi, c’est un atout essentiel dans le développement professionnel. Nous observons que les femmes consacrent moins de temps à construire et entretenir leur réseau, notamment parce que cela renvoie aux aspects plus informels de la vie professionnelle. Alors, c’est important d’institutionnaliser ce qui fait aussi partie du travail, nous lui donnons un cadre…
Eve le blog : Pourquoi articulez-vous ce programme de mentoring dédié aux femmes au Programme EVE en désignant les mentors parmi des EVEsiennes uniquement?
Noëlle Herpeux : D’abord, parce qu’il y a une demande. L’Oréal envoie 45 personnes à EVE tous les ans. C’est beaucoup, rapporté au nombre de participant-es au séminaire (ndlr : le séminaire accueille au total 300 participant-es de diverses entreprises) mais c’est peu au regard du nombre de collaborateurs et collaboratrices de notre groupe qui de surcroît compte une majorité de femmes. Or, avec les EVEsien-nes, nous avons des personnes formées à très haut niveau aux questions de leadership au féminin. Donc, il faut qu’elles soient impactantes, qu’un maximum d’autres puissent bénéficier de l’apport d’EVE de façon indirecte. Nous avons décidé de faire des EVEsien-nes de vrai-es porteurs et porteuses de changement pour L’Oréal.
Stéphanie Oueda : D’ailleurs, la demande vient aussi d’eux! Les gens qui font EVE rentrent enchantés par cette expérience et ils ont envie de partager.
Noëlle Herpeux : C’est vrai. Dès la première année, les EVEsien-nes sont venu-es nous voir après le séminaire en nous disant « Et maintenant, qu’est-ce que je peux faire pour agir?« . Nous avons conçu ce programme de mentoring pour répondre à leur demande et à la demande de celles qui veulent bénéficier de l’apport d’EVE. A partir de septembre 2013, nous avons donc proposé à la promo d’EVEsien-ne 2012 d’entrer dans ce programme de mentoring, puis dès avril 2014, nous avons intégré les alumnis 2013. Une troisième vague a été lancée cet automne…
Eve le blog : Concrètement, comment ça se passe?
Noëlle Herpeux : Environ la moitié des EVEsien-nes L’Oréal d’une promo EVE se porte volontaire à chaque vague pour mentorer une femme du groupe. Nous intégrons les mentors dans un programme de formation spécifique avec un coach externe qui pose le cadre de la relation avec la mentee et explique les bonnes pratiques.
Stéphanie Oueda : Pour créer les couples mentor/mentee, nous croisons les divisions et les métiers de façon à éviter les liens hiérarchiques et toutes les situations qui pourraient potentiellement parasiter la relation.
Noëlle Herpeux : Ensuite, c’est du mentoring assez classique. La mentor et la mentee organisent les modalités concrètes de leurs échanges de façon assez libre, selon ce qui convient à chacune. Deux fois par an, l’ensemble des participant-es au programme de mentoring au féminin se retrouvent avec le coach lors d’une journée qui se déroule en trois temps : un débrief des mentors, un débrief des mentees et un débrief commun. Cette journée est un vrai plus du programme : les échanges y sont très riches et les couples mentor/mentee repartent pour la suite du cycle avec une motivation démultipliée et une vision encore plus claire de ce qu’ils et elles attendent.
Eve le blog : Après un an et demi d’exercice, quels sont les premiers retours de ce programme de mentoring au féminin ?
Noëlle Herpeux : Aujourd’hui, nous avons déjà 70 personnes impliquées dans le programme de mentoring au féminin. Pour toutes, c’est vécu comme une chance. Ce qui remonte, c’est une grande richesse des échanges, un haut niveau d’exigence partagé, un sentiment à la fois de prendre du recul et d’avancer plus vite…
Stéphanie Oueda : D’ailleurs, pas que pour les mentees. Les mentors font aussi part de cette impression que la relation leur apporte énormément. Tout de suite, elles se sentent meilleures managers parce qu’elles prennent conscience de certaines choses dites à coeur ouvert par la mentee dans le cadre d’une relation sans lien hiérarchique. Ensuite, les mentors disent aussi que cette expérience leur permet de poursuivre le travail sur eux-mêmes, dans la continuité de la démarche d’EVE. C’est vraiment un « two ways », du « win-win », dans lequel chacun-e a beaucoup à gagner.
Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE
Lire aussi :
– Notre interview de Jean-Claude Le Grand, directeur du développement international RH et Directeur Corporate Diversités de L’Oréal.
– Notre interview croisée sur le programme de cross-mentoring EVE2EVE
– Notre billet consacré au programme de mentoring du réseau SNCF au féminin
– Notre portrait d’Aurélie Truchet, initiatrice du programme de « reverse mentoring » chez Danone