Les grands esprits se rencontrent!

Tandis que nous ouvrions notre dossier thématique « femmes & médias », la Maison de l’Europe de Bordeaux-Aquitaine préparait une grande rencontre sur le même sujet. Celle-ci aura lieu samedi 15 février.

Pour en savoir plus et vous donner envie d’y participer, nous avons interviewé celle qui l’a co-organisée : Estelle Crochu, chargée de développement à la Maison de l’Europe de Bordeaux-Aquitaine.

Estelle Crochu : La Maison de l’Europe de Bordeaux-Aquitaine a vocation à promouvoir l’Europe, ses nations, peuples et cultures, l’Union Européenne et la citoyenneté européenne. 2014 est une année importante, qui verra l’élection des euro-député-es, en mai prochain. Nous avons décidé d’aborder cette échéance en organisant une série de débats qui ont tous en commun de montrer que l’Europe est proche de nous et qu’elle fait avancer beaucoup de questions… Dont l’égalité femmes/hommes, qui est inscrite, vous savez, dans l’un des tout premiers textes fondateurs de l’Europe, le Traité de Rome.

Sans faire un cours d’histoire, il faut se rappeler qu’à cette époque en France, les femmes n’avaient pas de compte chèque à leur nom sans l’autorisation de leur mari. La France a pris conscience en devenant européenne de certains de ses retards et je crois qu’elle a été poussée par ses engagements européens à progresser. C’est un exemple, mais il y a beaucoup d’autres avancées des droits des femmes pour lesquelles l’Europe a été moteur. C’est vraiment ce que nous avons à coeur de montrer : l’Europe sert à quelque chose, elle peut vraiment transformer notre quotidien, en nous aidant à mieux nous comprendre nous-même et en nous inspirant aussi de ce qui se fait dans d’autres pays.

Estelle Crochu : C’est aussi une histoire de rencontres. J’ai fait la connaissance, il y a un an de Pascale Moisset, fondatrice d’un cabinet de conseil expert en égalité femmes/hommes lors d’une formation « genre en action » et d’emblée, nous avons avons eu des échanges très stimulants sur les stéréotypes et sur la façon dont ils sont véhiculés, au quotidien. L’idée de monter un débat public sur ce thème nous est rapidement venue.

Par ailleurs, nous avons eu, en 2013, à la Maison de l’Europe de Bordeaux-Aquitaine une stagiaire du Programme Leonardo, Amalia Verzola, qui venait de terminer sa thèse de doctorat sur l’esthétique en politique. Amalia nous a passionné-es, en nous expliquant comment le stéréotype ne s’adresse pas qu’au corps des femmes, mais touche toutes les formes de la représentation du féminin. En particulier, dans les médias.

Et là, où ça devient vraiment intéressant, c’est que tandis que les médias véhiculent des représentations, ils sont dans le même temps confrontés à des problématiques de représentation d’eux-mêmes : ils sont aujourd’hui multiformes (régulés/non régulés, supports traditionnels/web etc.) et en pleine transformation. Dans tout ce mouvement, dans toute cette agitation pourrait-on même dire, il y a de vraies opportunités pour poser les bonnes questions.

Estelle Crochu : Oui, nous ne glorifions pas, nous ne portons pas d’accusations et nous ne prêtons pas d’intentions. Nous posons des questions, et notamment, l’une d’entre elles, très importante, c’est celle de la responsabilité éditoriale. C’est une question qui s’adresse à quiconque produit et diffuse des contenus aujourd’hui (ndlr : voir aussi notre compte-rendu de la conférence Google « Un temps d’avance » sur ces enjeux). Mais c’est une question que les médias ont à se poser depuis toujours. Nous pensons donc qu’engager le dialogue avec eux est forcément porteur de sens.

Estelle Crochu : Nous nous donnons deux heures pour ce débat. Dans la première partie, avec le sociologue Eric Macé, spécialiste du genre et des médias, nous poserons en quelque sorte le décor. De quels médias parle-t-on? Et aussi, de quels publics, avec quels niveaux de conscientisation ? Eric Macé est un véritable expert du sujet, mais c’est aussi quelqu’un de très pédagogue et de jamais pontifiant, il sait aller chercher des références du côté de la culture populaire (par exemple, je sais qu’il parlera de séries télé, comme Ally McBeal) pour faire comprendre son propos.

Ensuite, nous aurons une intervention de Maria Santos-Sainz, qui enseigne à l’Institut de Journalisme de Bordeaux-Aquitaine. Elle évoquera la formation des journalistes aux questions de genre. Par ailleurs, Maria est espagnole et elle partagera le résultat de ses recherches sur le rôle que la presse a joué dans son pays pour faire avancer les droits des femmes, tout particulièrement dans la lutte contre les violences conjugales (ndlr : voir aussi notre billet consacré à la Fondation Ana Bella Estevez).

Enfin, nous avons convié Olga Trostiansky, la Présidente de la Coordination française pour le Lobby européen des femmes. Elle est aussi, vous le savez, la Présidente du Laboratoire de l’Egalité. L’Europe, les femmes, les droits humains, tout ça, ça la connait! C’est une vraie « mine » pour enrichir le débat que nous engageons.

Estelle Crochu : Pascale animera la table ronde. Fondatrice et directrice du cabinet de conseil bordelais Ni + Ni –, spécialisé dans l’égalité femmes/hommes, elle connait parfaitement le sujet et comme elle a co-construit avec nous cet événement, elle saura lui donner toute la perspective qu’il mérite. De plus, c’est quelqu’un qui travaille au quotidien avec des organisations, des entreprises, des collectivités qui veulent placer l’égalité au coeur de leur stratégie de développement. Son approche est concrète et porteuse d’optimisme.

Estelle Crochu : Nous pouvons accueillir 400 personnes. Nous avons adressé des invitations à tous les acteurs clés du territoire sur cette question : les associations, les élu-es, les représentant-es des médias, mais nous avons aussi dirigé notre communication vers les jeunes, et tout particulièrement vers les étudiant-es en journalisme et en sciences politiques…

La rencontre est ouverte à toutes et tous celles et ceux qui veulent comprendre et discuter les grands enjeux de l’égalité, de la liberté d’expression et d’information, de l’Europe…

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE