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C’est d’un « coup de fouet » dont les économies mondiales ont besoin, dit la très sérieuse Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) en préambule à son rapport intitulé Inégalités hommes-femmes, il est temps d’agir. (Closing the Gender Gap : Act Now). En favorisant le travail des femmes et leur meilleure inclusion dans les sphères dirigeantes, l’OCDE évalue un gain de croissance à 12 % à l’horizon 2030. Ca se tente!
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Les femmes travaillent plus que les hommes… Mais pour moins d’argent, voire pas du tout!
Première surprise à la lecture du rapport : presque partout dans le monde, les femmes travaillent davantage que les hommes. Mais elles sont aussi les championnes du travail non rémunéré.
Comprenez notamment les tâches domestiques, « services » dont la valeur est estimée par l’INSEE à 635 milliards d’euros/an en France, soit 33% du PIB du pays. C’est d’une véritable économie informelle, non salariée, non chargée et non taxée dont il est question. Pour les finances publiques, un authentique manque à gagner!
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Réduire la part non rémunérée du travail des femmes en permettant une meilleure articulation vie professionnelle/vie privée
Les experts de l’OCDE le disent clairement : les tâches non rémunérées doivent être mieux réparties entre hommes et femmes… L’articulation vie privée/vie professionnelle est bien le levier d’action de cette redistribution. Car le serpent se mord la queue : si travailler rapporte moins qu’il n’en coûte de faire garder ses enfants et de faire intervenir un-e employé-e pour les travaux domestiques, les femmes renoncent au travail. Y compris les plus diplômées, dès la naissance du premier enfant et surtout après l’arrivée du second.
Charge aux organisations, accompagnées par les administrations, de rendre possible une meilleure inclusion des femmes dans la sphère du travail rémunéré en favorisant une concordance des temps masculins et féminins en famille comme au bureau.
Rappelons aussi au passage que le seul facteur qui ait fait diminuer sensiblement le taux horaire de labeur domestique des femmes est bien leur accès à la vie professionnelle hors du foyer : l’INSEE estime que ce taux est passé de 5 heures 07 par jour en 1986 à 4 heures 01 par jour pour les femmes quand celui des hommes passait dans le même temps de 2 heures 07 à 2 heures 13. Les femmes ont gagné 1 heure 06 de temps domestique en 25 ans, dont 6 minutes prises en charge par les hommes. Au global, la part des tâches domestiques a elle, décru d’une heure en moyenne, pour les ménages.
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Attention aux effets désincitatifs des politiques publiques sur le travail des femmes
Mais qui alors, effectue l’heure de travail domestique « manquante »? Les modes de vie ont certes évolué et de nombreux ménages font aujourd’hui l’impasse sur certaines corvées hier considérées comme indispensables (le repassage au pli près du linge de maison aurait partiellement vécu).
Mais le travail des femmes permet aussi la création d’emplois de services à la personne qui arrivent en renfort des foyers pour la prise en charge des enfants et des tâches ménagères. L’OCDE alerte parallèlement sur les effets désincitatifs des systèmes de fiscalité et de prestations familiales sur le travail des femmes. Aider les familles, oui, mais si c’est pour encourager les femmes à rester à la maison, non!
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Donner aux femmes les moyens d’être les « chèfes »
L’OCDE insiste encore sur l’importance de proposer aux femmes des postes « en haut de l’échelle » où elles sont encore trop peu nombreuses, occupant « moins d’un tiers des postes de direction ». Une injustice, oui, du point de vue moral. Une aberration économique, surtout, quand on sait que sur le marché des top managers, les profils d’exception sont rares et très courtisés : développer les carrières de femmes à fort potentuel, c’est enrichir les viviers de dirigeant-es ; et savoir « garder » ses femmes de haut niveau, c’est miser sur l’avenir. Le leadership au féminin est incontestablement une piste très prometteuse pour renforcer l’encadrement des entreprises, et c’est aussi la première des raisons d’être du Programme EVE.
L’OCDE consacre aussi un chapitre de son volumineux rapport (360 pages) aux créatrices d’entreprise. De plus en plus tentées par cette voie à la fois pour concilier plus librement vie professionnelle et vie familiale et pour se donner elles-mêmes les moyens de leurs ambitions, les femmes créatrices d’entreprises se heurtent, dit l’OCDE, à une certaine frilosité des établissements financiers. Elles se voient moins facilement accorder des crédits et, dans certains pays comme l’Italie, se trouvent pénalisées par des taux d’intérêt plus élevés. Ici aussi, l’OCDE invite les gouvernements à une grande vigilance sur l’égalité de traitement des hommes et des femmes par les banques.
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Des femmes et de l’argent…
Reste que même quand elles sont dirigeantes, les femmes reçoivent 21% de moins que leurs homologues masculins et que même quand elles sont leur propre patronne, elles se paient moins que les hommes. Plus attirées par les métiers du « care », elles ont effectivement tendance à choisir des activités moins rémunératrices.
Mais elles ont aussi la fâcheuse habitude de sous-évaluer leurs prestations. Faire évoluer la mentalité des femmes à l’égard de l’argent semble donc tout aussi important que de faire prendre conscience aux hommes qu’elles ont toute leur place dans les postes à rémunération élevée.
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Agir tout de suite, lutter contre les préjugés tout le temps
Au final, l’OCDE recommande à ses pays membres des politiques publiques volontaires pour former les femmes et les inciter à travailler et à développer leur carrière. Il y va d’une espérance de croissance de 12% à l’horizon 2030. Argument de poids pour faire taire les réticences à la montée en puissance des femmes dans le monde professionnel : bénéfiques aux femmes, ces politiques seraient bénéfiques à tous.
Comme le serait également une profonde remise en cause des préjugés qui font obstacle à la mixité réelle dans le monde professionnel en entretenant le plafond de verre pour les femmes et le plancher de verre (cher à notre ami Antoine de Gabrielli) pour les hommes : donner à chacun la possibilité d’être soi, indépendamment des obligations faites par l’imaginaire social, ça aussi, ce pourrait être un vrai booster pour une économie « forte et équilibrée » que l’OCDE appelle de ses voeux!
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Marie Donzel
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Lire aussi :
– Le livre de Valérie Rocoplan, intervenante au séminaire du Programme EVE , Oser être la chef .
– Le livre de Laurence Dejouany, Les femmes au piège de la négociation salariale ou comment demander de l’argent à son patron sans le fâcher, et notre interview exclusive de l’auteure.
– Notre synthèse du rapport Médiaprism/Laboratoire de l’Egalité sur les stéréotypes.
– Les témoignages sur l’articulation vie privée/vie professionnelle que nous avons recueillis auprès de collaborateurs de L’Oréal, Le Crédit Agricole, KPMG…
– Notre entretien exclusif avec Muriel Pénicaud, DGRH de Danone.
– Le billet d’une de nos contributrices sur la tentation du retour au foyer chez les Young housewives diplômées.
– Notre interview exclusive de Brigitte Grésy sur les effets positifs pour tous de l’égalité professionnelle.
– Notre synthèse du rapport Women Matter 2012 du cabinet McKinsey.
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