Chaque mois, le blog EVE vous propose sa revue de web du leadership au féminin. En un coup d’oeil, retrouvez tous les débats qui ont agité la toile, toutes les actualités qui ont marqué les esprits, toutes les initiatives inspirantes pour le changement, l’égalité professionnelle, le management responsable, la mixité et la diversité en entreprises…
En ce mois de novembre 2013, il ne fallait pas rater :
Les événements du mois
> L’égalité femmes/hommes à l’honneur au Salon de l’Education
Avec une thématique de grande actualité, le Salon de l’Education aura vu défiler cette année tout ce que la sphère de la réflexion (et de l’action) sur l’égalité femmes/hommes compte d’expert-es (de Brigitte Grésy à Catherine Vidal, en passant par Fabienne Broucaret) mais aussi de personnalités (Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem), de représentant-es des entreprises (telles, par exemple, Brigitte Dumont, directrice de la RSE du Groupe Orange), d’associations (dont Buzzons contre le sexisme, le Centre Hubertine Auclert ou le Laboratoire de l’Egalité…). Un franc succès pour cette manifestation riche d’échanges porteurs pour le changement, et particulièrement pour la lutte contre les stéréotypes sexistes.
C’est d’ailleurs à l’occasion de ce Salon que le Pacte Pour Faire Reculer les Stéréotypes a été officiellement présenté : 9 propositions concrètes pour donner de vraies chances à nos enfants, quel que soit leur genre, de saisir toutes les opportunités offertes par la vie.
> Les femmes à la découverte des innovations avancées chez Google
Le 26 novembre, Google invitait toutes les femmes (et aussi les hommes) à une immersion dans le monde de demain, à travers une initiation à l’univers des innovations avancées proposée par des figures féminines « game-changers ». D’excellents échos de cette manifestation à laquelle les EVEsien-nes étaient invité-es en « private guests » nous sont parvenus. Marisa Guevara, coordinatrice du blog EVE, y était, elle reviendra très prochainement sur les temps forts de cette rencontre.
> Les femmes se passent la balle à Auber
Happy Moments en sous sol! Du 26 au 29 novembre, les handballeuses de l’équipe de France féminine échangent des passes dans le RER. C’est dans le cadre d’un vaste partenariat de la Fédération sportive avec la RATP, qui englobe notamment des « mercredis du hand » offerts à la rencontre entre jeunes filles des quartiers et salariées de la régie de transport, que l’événement a été monté. Ici, il s’agit de célébrer l’ouverture du Handball Park RATP, 250m2 dédiés au plaisir de se dépenser en jouant collectif (une promesse qui ne déplaira sans doute pas à notre intervenante Nicole Abar).
Les études du mois
> Les femmes, insuffisamment représentées dans les manuels scolaires
C’est au Centre Hubertine Auclert que l’on doit une étude approfondie sur la représentation des femmes dans les manuels scolaires. Celle-ci révèle que si ces ouvrages sont à 70% écrits par des femmes, ils ne citent dans leurs chapitres que 6% d’écrivaines, de scientifiques, d’historiennes ou de philosophes entre autres intellectuelles… Soulignant « l’effet Matilda » qui conduit à invisibiliser le rôle des femmes dans l’histoire des sciences et des idées, les auteur-es de l’analyse invitent éditeurs, mais aussi universitaires, chercheurs et pouvoirs publics, à mieux fouiller dans le patrimoine intellectuel de la nation pour y débusquer les femmes (pas si mal cachées, si on y pense) qui ont oeuvré elles aussi au progrès en tous domaines…
> Cerveau rose, cerveau bleu, les neurones ont-ils un sexe?
Une nouvelle et vaste étude vient confirmer les conclusions des travaux de la neurobiologiste Catherine Vidal sur l’invalidité des discours sur les différences cognitives entre femmes et hommes. Dans Cerveau rose, cerveau bleu, les neurones ont-ils un sexe?, Lise Eliot, professeure à Harvard combat, arguments scientifiques à l’appui, toutes les idées reçues sur une prétendue différence des genres inscrites dans la morphologie ou le fonctionnement du cerveau. Mais ce qu’elle met aussi en évidence, en convoquant les travaux d’une de ses collègues sociologue dans l’Ohio, c’est que les stéréotypes sexistes ont le cuir plus dur aujourd’hui que dans les années 1970 : il semblerait que l’on soit moins prompt à remettre en question ses préjugés sur les femmes et les hommes aujourd’hui qu’on l’était il y a 40 ans. Reflux de l’égalité dans les mentalités ou expression d’une forme de besoin collectif d’en faire évoluer les perceptions et les discours à la mesure des mutations sociales, culturelles et générationnelles récentes ?
> L’enquête EPWN sur les « complexes » des femmes au travail
Le premier réseau européen de femmes leaders vient de faire paraître une enquête portant sur 800 femmes cadres supérieures qui met en évidence non seulement leur insatisfaction en matière d’égalité professionnelle (elles sont 37% à s’estimer moins bien considérées que les hommes dans leur entreprise) mais encore leur conscience que les freins à une évolution méritée se situent autant dans la perception que leur environnement a d’elle que dans leur propre vision de leur carrière. Encore et toujours empêtrées dans les « complexe d’imposture » et « complexe de la bonne élève », elles sont cependant nombreuses à reconnaître que la promotion passe aussi par le réseau et le sens politique, mais font encore part de sourdes résistances à « jouer un jeu » dont les règles non écrites les mettent un peu mal à l’aise.
Les initiatives prometteuses du mois
> En Inde, la Bharatiya Mahila Bank entend accompagner l’autonomisation des femmes
Face au constat d’une (très) insuffisante insertion économique des femmes dans le pays, les pouvoirs publics indiens ont décidé de créer une banque pour elles. Ouverte également aux hommes qui souhaiteront y ouvrir un compte, cette institution dirigée par une femme, comptant 8 femmes en son conseil d’administration et 55% de personnel féminin, a vocation à permettre une meilleure autonomie financière de la population féminine et, pourquoi pas, à susciter les vocations d’entrepreneures. Quoique le projet ait fait l’objet de critiques concernant essentiellement son manque de moyens (seulement 86 employé-es à ce jour et des agences très clairsemées sur le territoire), il semble qu’il faille quand même y voir la marque d’une volonté des autorités d’agir pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans un pays parmi les plus mal classés du G20, lors de la dernière enquête Trustlaw.
Le projet de loi visant à instaurer un quota de 33% de femmes au Parlement indien semble aller dans le même sens.
> La création de l’indicateur EGI qui associe pour la première fois respect des droits de femmes et politiques environnementales
Pour celles et ceux qui sont convaincu-es que l’égalité femmes/hommes relève pleinement du développement durable et de l’emploi raisonné des ressources naturelles comme une humaines, c’est une bonne nouvelle : l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature vient d’établir un outil d’évaluation des politiques publiques qui met en relation le traitement réservée aux femmes dans une nation et la considération des grands enjeux écologiques par les gouvernant-es. L’esprit est manifestement à envisager le développement comme une problématique écosystémique, qui articule croissance économique, respect des humain-es et protection de la nature.
Et puisqu’on est au chapitre de l’écologie et des femmes, arrêtons-nous un instant sur le formidable buzz provoqué par l’association originale de deux femmes de tête, l’activiste Claire Nouvian présidente de l’ONG Bloom, et Pénélope Bagieu, star de la bande dessinée contemporaine : en diffusant sur les réseaux sociaux une planche illustrée détaillant les motifs de la défense des fonds marins, elles ont recueilli en quelques jours plus de 500 000 signatures de citoyen-nes engagé-es pour une exploitation durable des ressources. Bravo Mesdames!
La décision du mois
> Les quotas de femmes dans les Conseils d’Administration des grandes entreprises européennes, c’est acté
Le 20 novembre, le Parlement Européen a finalement adopté la directive préparée par Viviane Reding qui imposera un quota de 40% de femmes minimum dans les conseils d’administration des grandes entreprises européennes. Une mesure que l’éditorialiste portugaise Helena Cristina Coehlo qualifie de « certes inéquitable » dans son principe, mais d’indéniablement pragmatique : « Il serait naïf d’attendre des hommes qu’ils soient disposés, par galanterie, à offrir un poste de pouvoir à des femmes. » écrit-elle dans Diaro Economico.
Le réseau du mois
> Biilink, le premier réseau social de l’entrepreneuriat au féminin est né
Bienvenue sur la toile à Biilink! Après Mes Bonnes Copines, voici un nouveau réseau social d’entraide et d’initiative dédié aux femmes. Créé par Stéphanie Cassin, ce nouvel outil de networking qualifié de « facebook des femmes entrepreneures » par le Figaro Madame, vise à aider les femmes à monter leur projet, en bénéficiant du soutien d’autres créatrices, pour oeuvrer à la fois à sécuriser les parcours d’entrepreneures et démultiplier les énergies dans un esprit collaboratif.
Les débats du mois
> La Journée de l’homme est-elle le pendant nécessaire de la Journée des Droits des Femmes?
Le 19 novembre, on célébrait partout dans le monde la Journée Internationale de l’homme. Une occasion pour les journaux et la toile de poser d’utiles questions sur les stéréotypes sexistes et les discriminations dont les hommes sont eux aussi victimes… Mais aussi d’interroger d’éventuelles dérives machistes du discours tenu par les organisateurs de la manifestation : dans une tonifiante tribune au Telegraph, la comédienne Ava Vidal mettait en cause une approche « guerre des sexes » des discours officiels de cette manifestation, visant selon elle, davantage à remettre en question des droits conquis pour les femmes, qu’à promouvoir l’équilibre entre les genres. Faut-il, pour réussir cet équilibre, aller vers une nouvelle approche de ces journées internationales, qui pourraient concilier la promotion des droits de chacun-e dans une même intention anti-sexiste ?
> Le test de Bechdel est-il pertinent et efficace?
Toujours très dynamique et volontiers inventive dans la lutte contre les inégalités femmes/hommes, la Suède soumet désormais son cinéma à un test anti-sexiste qui porte le nom de sa créatrice, l’auteure de bandes dessinées Alison Bechdel. Trois questions simples pour vérifier qu’un film fait réellement la part belle à ses personnages féminins : le scénario intègre-t-il au moins deux figures féminines dont on connait le nom? Les femmes se parlent-elles durant le film? Et si elles se parlent, parlent-elles d’autre chose que d’hommes? Pour répondre tout de suite aux attaques un peu caricaturales que l’initiative suscite, il n’est pas question de censurer les films qui échoueraient au test. Il s’agit en revanche d’attribuer un label « Bechdel » aux longs-métrages qui le passent avec succès. Le blog cinoche américain FSR liste 10 films qui font chou blanc au test de Bechdel : d’Avatar à Harry Potter, en passant Star Wars ou Run Lola Run… Toutefois, le critique du Telegraph Robie Collin estime que les enjeux de l’insuffisante féminisation du 7è art, et dans son organisation comme filière et dans ses créations artistiques, ne peuvent être traités sous le seul angle des personnages. Nous nous accordons à penser qu’il y va aussi du partage des responsabilités dans l’industrie du cinéma, dans la presse spécialisée, dans l’organisation des événements qui promeuvent les arts de l’image…. Tout au moins, le buzz provoqué par Bechdel met-il sur la table une question encore trop souvent éludée au motif que la liberté d’expression et de création ne saurait s’encombrer du souci d’égalité.
Les nominées du mois
> Katie Couric, à la tête de Yahoo News!
C’est une journaliste star des médias américains que Marissa Mayer a choisie pour diriger la branche info du géant du web : Katie Couric, 46 ans, première femme à présenter en solo un JT du soir aux Etats-Unis est une powerful people. Il se dit de l’autre côté de l’Atlantique que ses fameuses interviews de personnalités peuvent changer la face d’une campagne électorale, voire d’un destin politique tout entier.
> Leonora Miano, Marie Darrieussecq, Monica Sabolo et Nelly Allard, les primées littéraires
C’est la saison où tombent les Prix littéraires à Paris! Leonora Miano a emporté le Femina, Marie Darrieussecq, le Medicis pour son roman au titre inspirant, Il faut beaucoup aimer les hommes, Monica Sabolo, le très branché Prix de Flore et Nelly Allard l’Interallié.
La presse a noté une quasi-parité dans la distribution des grandes distinctions littéraires de l’automne 2013… Mais des voix se sont élevées pour signaler, derrière cette apparente égalité de traitement entre écrivains et écrivaines, une subtile différence : les prix les plus « vendeurs », ceux qui permettent de réellement faire décoller la carrière d’un-e auteur-e et le montant de ses droits, seraient préférablement revenus aux romanciers. Pour les Nouvelles News, qui relaient l’action du collectif de La Barbe lors de l’annonce des Prix Goncourt et Renaudot, c’est notamment du côté de l’insuffisante représentation des femmes dans les jurys des deux distinctions les plus prestigieuses et les plus « rentables » qu’il faut aller chercher une explication au fait que sur 110 Goncourt depuis 1903 on ne compte que 10 femmes et pas davantage pour le Renaudot…
Les hommages du mois
> Doris Lessing, prix Nobel de littérature, nous a quitté-es le 17 novembre
Littérature, toujours… Souvent comparée à Simone de Beauvoir, Doris Lessing, grande dame des lettres canadiennes, couronnée en 2007 par le Prix Nobel, s’est éteinte à 94 ans. Elle laisse une oeuvre majeure dans laquelle elle a incessamment évoqué la question de la liberté des femmes. Mais se refusant, toute sa vie et toute son oeuvre durant à se laisser ficher par quelqu’étiquette, elle a surtout été saluée, dès l’annonce de son décès, pour un travail d’écriture visant à pulvériser toutes les catégories préconçues de la pensée, de l’art et du style. C’est en somme une vraie promotrice de la diversité de l’expression et du changement dans les perceptions qui a tiré sa révérence le mois dernier.
> Lucien Neuwirth, le promoteur de la contraception, est décédé le 26 novembre
Etape fondamentale dans l’histoire des droits des femmes et de l’égalité s’il en est, la légalisation de la contraception en France avait un visage : celui du député Lucien Neuwirth qui, en 1967, contre l’opinion majoritaire dans son propre camp, fit un vibrant plaidoyer pour la liberté fondamentale des femmes à disposer de leur corps et à choisir du rythme auquel elle voudrait (ou pas) fonder une famille. Disparu le 26 novembre, Lucien Neuwirth, laisse par-delà la loi qui porte son nom, une forme d’idéal de construction de soi en liberté, en responsabilité et en conscience.
L’insolite du mois
> Le robot qui n’a pas résisté aux taches ménagères
La presse autrichienne n’a pas hésité à parler de « suicide », pour évoquer l’auto-combustion spontanée de Panoramid Androïd, un robot programmé pour effectuer les taches ménagères à la place de ses propriétaires… C’est après un éreintant ramassage de miettes sur une table de déjeuner que le robot a jeté l’éponge et préféré encore s’immoler par le feu que de continuer à se cogner les corvées en solo. Tandis que le propriétaire de Panoramid Androïd a porté plainte contre la société qui commercialise des « robots dépressifs », la question du partage des taches domestiques reste entière, puisqu’apparemment, il reste impossible de les sous-traiter à la machine en totalité…
Marie Donzel