Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un petit retour sur l’actualité des semaines écoulées en balayant sur la toile tous les articles, billets de blogs et autres événements qui ont fait le buzz autour du leadership au féminin.
Au Programme de cette revue de web de juin 2013 : des rencontres nationales et internationales inspirantes, des études, enquêtes et rapports qui éclairent des questions-clés du débat (de l’insertion des jeunes diplômées à la retraite en passant par la place des femmes dans les filières d’avenir), des hommes qui s’engagent officiellement pour l’égalité et assument une parentalité décomplexée et un insolite à découvrir en toute fin de cette revue de web…
.
LES RENCONTRES DU MOIS : DE KUALA LUMPUR A MOSCOU EN PASSANT PAR PARIS
Partout dans le monde, des rencontres majeures autour du leadership au féminin se sont déroulées au cours du mois de juin. Nous retenons notamment:
– Le Global Summit of Women, à Kuala Lumpur
« Le Davos des femmes » a rassemblé plus d’un millier de dirigeant-es et de femmes leaders de tous horizons dans la capitale malaisienne, du 6 au 8 juin 2013.
La délégation française, emmenée par Najat Vallaud-Belkacem, avec en son sein de nombreuses personnalités phares de l’innovation en entreprise (dont la DG RH de Danone et productrice du Programme EVE, Muriel Pénicaud) est rentrée de ce sommet avec une excellente nouvelle : c’est à Paris que la prochaine édition du Global Summit of Women se tiendra, au printemps 2014.
– Le G(irls) 20 Summit, à Moscou
.
Les filles de la GenY s’organisent et font parler d’elles! C’est à Moscou, du 15 au 18 juin 2013, que 21 jeunes femmes originaires des pays du G20 ont choisi de se rassembler cette année pour adresser aux dirigeants de leurs nations un large panel de recommandations visant à favoriser l’égalité femmes/hommes partout dans le monde.
.
Soutenues dans leur démarche par des personnalités d’envergure telles que Michelle Bachelet ou Arianna Huffington ainsi que par une foule d’entreprises (de Google à Caterpillar en passant par Nike) et d’ONG, les G(irls) 20 ont prévu de se retrouver l’an prochain en Australie.
.
– La journée Maman Travaille, à Paris
Le 6 juin dernier, maman travaillait… Et retrouvait à Paris toutes ses camarades du réseau fondée par Marlène Schiappa. Au programme de cette intense journée : conférences, tables rondes, débats, ateliers, sessions de speed-coaching… Et en point d’orgue, la présentation d’une étude exclusive sur les attentes des femmes qui concilient vie professionnelle et vie personnelle : où l’on a appris qu’une mère sur deux déclare avoir renoncé à une opportunité professionnelle pour préserver sa vie familiale et que 44% des femmes actives se disent prêtes à changer de job pour rejoindre une organisation leur offrant des conditions plus souples d’articulation des temps de vie.
.
Signataires de la Charte de la Parentalité (dont Danone, L’Oréal, le Crédit Agricole, KPMG, la SNCF et Orange sont, évidemment) vous voici donc indirectement plébiscités !
.
.
LES ETUDES, RAPPORTS ET ENQUETES DU MOIS : L’AMBITION DES FEMMES, LES BREADWINNERS, L’INSERTION DES JEUNES DIPLOMEES ET LES INEGALITES FACE A LA RETRAIRE
Juin aura été riche en restitution de rapports sur la place des femmes dans le monde du travail et sur les conditions de leur accès aux responsabilités. A retenir :
– Le sondage TerraFemina-CSA-20 Minutes : une femme sur deux exprime son ambition professionnelle
Selon un sondage Terrafemina-CSA-20Minutes pour l’Observatoire « Dans le miroir des Femmes », 48% des femmes disent assumer leur désir de faire carrière.
L’enquête révèle cependant des différences notables selon les générations : si les plus jeunes (69% des 18-24 ans et 63% des 25-34 ans) semblent les plus décomplexées à l’endroit de la réussite, les femmes seniors conservent une image assez négative des démarches actives de progression de carrière et y associent volontiers des qualificatifs dénigrants tels l’individualisme, l’agressivité ou l’autoritarisme.
– L’enquête Pew Research Centrer : qui sont les « breadwinner mums »?
Le think tank américain, toujours à la pointe de l’analyse des tendances sociales, a publié le mois dernier une étude sur les « breadwinner mums », ces femmes de plus en plus nombreuses aux États-Unis à pourvoir principalement aux dépenses de leur foyer : elles sont 40% aux États-Unis, mères célibataires et femmes en couple confondues, à représenter le seul revenu de leur famille. La même étude révèle que chez les femmes américaines en couple, 15% gagnent aujourd’hui davantage que leur conjoint.
Entre restructuration des modèles familiaux et réduction des écarts salariaux, la fine analyse du Pew Research Center dit toutes les complexités de cette nouvelle réalité du partage de l’espace professionnel entre femmes et hommes.
– L’enquête de la conférence des grandes écoles sur l’insertion des jeunes diplômé-es: les inégalités femmes/hommes, c’est dès la première embauche
La 21ème enquête annuelle de la CGE sur l’insertion des jeunes diplômé-es, rendue publique le 18 juin, rappelle une constante : dès l’obtention d’un diplôme d’ingénieur-e ou de manager, les femmes accèdent plus difficilement au marché de l’emploi et quand elles y trouvent leur place, c’est avec des statuts plus précaires, à des postes moins élevés et pour des salaires moins conséquents que leurs camarades masculins.
.
Un constat toujours décevant, malgré les efforts annoncés par les grands établissements adhérents de la Conférence pour favoriser l’insertion des jeunes femmes.
.
Et pour bien saisir tous les enjeux à moyen et long terme de ce « faux-départ » des femmes dans la vie active, nous vous invitons à relire notre interview de Claire Léost, diplômée d’HEC, sur Le rêve brisé des working girls.
– Rapport Moreau sur les retraites : les inégalités femmes/hommes durant la vie active annoncent les inégalités femmes/hommes à la retraite
Le rapport Moreau sur les retraites remis au Premier ministre français le 14 juin 2013 consacre un chapitre entier à la question des inégalités femmes/hommes : avec des pensions de 42% inférieures en moyenne à celles des hommes, les femmes apparaissent comme les grandes perdantes du système actuel.
.
En cause : des salaires moindres durant la période d’activité et surtout, de vrais « trous » dans les carrières au moment de la naissance des enfants et lors des premières années de leur éducation qui entraînent de vrais ralentissements de leur progression professionnelle. C’est donc bien, outre une réforme des modes de calcul des pensions, un travail de fond à la racine du problème qu’il convient de poursuivre, en favorisant encore davantage la conciliation vie professionnelle/vie familiale à tout âge de la vie.
.
.
LE DOSSIER DU MOIS (et encore des semaines à venir) : LE LEADERSHIP FEMININ A L’ERE DU NUMÉRIQUE
Nous poursuivons les travaux de notre chantier « le leadership féminin à l’ère du numérique« et restons particulièrement en veille sur le thème. En juin, nous avons notamment repéré :
– La conférence du G9+ : « Portraits de vie et regards croisés de femmes sur le numérique«
Après avoir interviewé son organisatrice, Isabelle Denervaud, nous avons eu la chance de participer le 3 juin dernier à cette rencontre unique dans les locaux de Microsoft.
.
Nous y avons notamment écouté avec passion l’intervention de Delphine Ernotte, directrice générale d’Orange France qui a battu en brèche tous les clichés sur les « styles » prétendument « féminins » ou « masculins » de management.
– L’enquête de la commission femmes du numérique Syntec : 1/4 de femmes dans la filière numérique
La Commission présidée par Viviane Chaine-Ribeiro au sein du syndicat professionnel Syntec Numérique a remis les conclusions de son enquête annuelle le 6 juin 2013.
.
S’il est confirmé que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la filière (représentant 27% des recrutements contre 22% l’année passée), certain-es observateurs/trices, dont la rédaction des Nouvelles News, soulignent un creusement des écarts dans les rémunérations et l’accès aux responsabilités dans le secteur : c’est en effet au niveau « employé-es et technicien-nes » que les effectifs féminins ont enflé ces dernières années quand les chiffres plafonnent à 19% de femmes au niveau des cadres dirigeant-es du numérique.
.
Notons cependant les récentes nominations de Catherine Bocquet à la tête de Numélink et de Jade Raymond à la direction du studio d’Ubisoft. Et gageons que d’autres suivront bientôt la trace des Marissa Mayer et autres Sheryl Sandberg sur le chemin du leadership au féminin à l’ère du numérique.
.
.
LES HOMMES DU MOIS : DES COLLEGUES HEUREUX, DES PAPAS SANS COMPLEXES
Le Programme EVE, nous ne le répéterons jamais assez, est mixte et promeut une égale implication des hommes et des femmes dans l’égalité professionnelle et le leadership au féminin. Aussi, nous relayons deux récentes initiatives d’hommes investis sur ces questions :
– Happy Men, des hommes moins sexistes et plus heureux
Antoine de Gabrielli, que nous interviewions il y a un an à propos de son association Mercredi C Papa, nous en avait touché un mot en off : il ambitionnait déjà de mettre en œuvre un vaste projet visant à engager concrètement les hommes dans l’égalité professionnelle.
.
C’est désormais chose faite : avec le lancement d’Happy Men, dont Orange et le Crédit Agricole sont partenaires, c’est toute une communauté de conjoints, de pères, de collègues, de copains et de frères conscients que l’égalité est bien l’affaire de tous et toutes qui voit le jour.
– Doudou@work, pour une paternité décomplexée
Tandis qu’une récente étude de l’Université de Toronto révèle que les hommes qui assument fièrement leur paternité dans le cadre professionnel se voient volontiers raillés par leur entourage quand ce n’est pas carrément harcelés au travail et que les chiffes du congé parental au masculin ne cessent de stagner, TerraFemina a pris le contre-pied en invitant les pères qui souhaitent s’engager pour une parentalité mieux partagée à oser le doudou dans l’open space.
.
Des dizaines de papas cools ont adressé sur la page facebook de l’opération une photo du nounours de leur petit dernier en train de pianoter sur l’ordi ou de répondre au téléphone.
.
.
L’INSOLITE DU MOIS : LES CRITÈRES D’EMBAUCHE D’UNE FEMME DANS LES ANNÉES 1960
C’est à une journaliste du Pacific Standard qu’on doit l’exhumation d’un dossier de candidature féminine datant de 1961. Où l’on découvre qu’il fallait alors confier son poids et sa taille pour prétendre à un poste de rédactrice dans un journal, mais encore déclarer sa situation maritale et le nombre de ses enfants, justifier de leur mode de garde et prendre des engagements sur son comportement, et en particulier sur ses qualités réputées féminines (de l’élégance au sens de la conciliation en passant par l’amabilité et la patience).
Un temps si éloigné? Même si l’on ne demande plus aux femmes de signer un formulaire dument rempli sur tous ces points, les questions de l’apparence, de la disponibilité corrélée à la parentalité et des attentes en matière de « style » féminin au travail ne sont peut-être pas encore complètement écartées des mentalités de tous les recruteurs au XXIè siècle. Mais on progresse, on progresse…
.
.
Et vous, quelles sont les actualités marquantes que vous retiendrez de ce mois de juin 2013?
.
.
.
Marie Donzel, avec Erwann Brion
.
.