Nous l’annoncions il y a quelques jours dans notre agenda du leadership au féminin, le Salon de l’Education, qui se tiendra Porte de Versailles du 21 au 24 novembre, s’est choisi pour (excellent) thème à l’honneur « l’égalité femmes/hommes ».
Au programme, une foule de rencontres, de forums, de débats, d’ateliers prometteurs pour placer la question de l’égalité au coeur des préoccupations de la jeune génération et de toutes et tous celles et ceux qui accompagnent sa formation, depuis l’école maternelle jusqu’à l’orientation professionnelle.
Quelques jours avant l’ouverture de Salon, nous avons contacté Claire Feintrenie, responsable du secteur jeunesse à la Ligue de l’enseignement et coordinatrice de toutes les actions du Salon en lien avec le thème. Rencontre.
Claire Feintrenie : Le choix de ce thème est issu d’un dialogue approfondi entre Nadia Bellaoui, l’une des secrétaires nationales de la Ligue de l’enseignement, et Najat Vallaud-Belkacem.
Ca s’inscrit aussi dans la continuité d’un partenariat très enrichissant avec le Laboratoire de l’Egalité qui nous a permis de mettre en place un observatoire des stéréotypes genrés dans le contexte éducatif dont les travaux seront présentés durant le Salon.
Claire Feintrenie : Les jeunes sont effectivement très agressés par les stéréotypes. Ils s’expriment très fortement contre les préjugés, la discrimination, les injustices…
Mais on constate aussi qu’ils sont parfois très éloignés de la problématique femmes/hommes et que même les plus engagé-es d’entre eux manquent de prise de conscience sur ce sujet. Une récente étude d’AnimaFac montre que dans le milieu associatif jeunes, se reproduisent les mêmes discriminations, notamment en matière d’accès aux responsabilités des filles, que dans les associations animées par des adultes…
Claire Feintrenie : C’est une forme de paradoxe : on a énormément avancé, mais du coup, on assiste à une forme de recul, ou à tout le moins de stagnation puisque les jeunes ont tendance à considérer que le sujet est derrière eux. On les sent aussi très méfiants à l’égard du féminisme, dont ils se font une représentation très caricaturale : pour eux, ce sont des femmes qui brûlent leur soutien-gorge sur des photos en noir et blanc ou des camionneuses qui rejettent l’idée même de la séduction (alors même que l’on est dans un contexte où la capacité à susciter le désir est survalorisée, notamment chez les jeunes femmes).
Je crois que même si ces visions sont fantasmées, même si le féminisme n’est pas ce qu’ils croient, il faut, pour atteindre ces jeunes, changer de communication et ne plus leur parler tant de droits des femmes que d’égalité entre les femmes et les hommes. L’égalité, ça concerne tout le monde, le sexisme ça ne réussit à personne, ni aux femmes, ni aux hommes. Le dire comme ça, c’est permettre d’impliquer chacun-e dans un projet qui touche à sa propre réalité, immédiatement et concrètement.
Je trouve que le Laboratoire de l’Egalité réussit très bien ce positionnement, qui consiste à refuser de parler à des gens convaincus pour s’adresser prioritairement à celles et ceux qui ne voient pas a priori où il y a un problème. De notre côté, nous avons un certain nombre d’actions visant à faire réagir les jeunes, depuis la petite enfance jusqu’à l’orientation professionnelle, sur leur propre vécu du sexisme : vous connaissez peut-être notre livret « Cassons les clichés » qui s’adresse aux tout-petits, nous avons aussi une formation civique à l’égalité femmes/hommes suivie par 2000 jeunes de 16 à 25 ans, et nous travaillons incessamment avec les professionnel-les de l’éducation sur la mixité des filières ou la déconstruction des idées reçues dans le cadre scolaire (le planning familial, administrateur de la Ligue est particulièrement actif sur ce sujet via ses interventions autour de l’éducation sexualisée).
Claire Feintrenie : La question de la mixité et de l’égalité n’existe pas, ou trop peu, dans l’enseignement supérieur. Il y a une prise de conscience nécessaire dans ce milieu-là.
Reste que l’Université ne peut pas faire seule : c’est intéressant qu’elle puisse avancer avec les entreprises, comme dans le cas dont vous me parlez, il y a de façon générale une nécessité de renforcer les ponts entre l’enseignement supérieur et le monde professionnel pour faire progresser cette question-là comme beaucoup d’autres.
Je crois que le mouvement associatif a aussi un rôle à jouer, et que globalement, tous les acteurs impliqués dans l’éducation – les parents, les profs, les directeurs d’établissement, l’Etat, les collectivités – doivent agir conjointement. Le milieu étudiant associatif est une ressource importante avec de vraies capacités d’actions et de mobilisation qui parlent aux jeunes. Mais ce qui est très encourageant, c’est qu’on constate que dès qu’on s’attaque au problème de l’égalité femmes/hommes, dès qu’on agit, ça fonctionne et on obtient des résultats rapides et colossaux. Il y a fondamentalement quelque chose d’optimiste dans le travail sur l’égalité.
Claire Feintrenie : Je crois qu’on fait une erreur en positionnant l’égalité sur le terrain du débat partisan. L’égalité, c’est non seulement un principe qui traverse tous les courants d’opinion, mais c’est surtout un point de jonction pour tout le monde, ça concerne tous les individus et toutes les organisations sociales, la famille, le monde éducatif, le monde associatif, les entreprises, la sphère publique… Ca se joue dans la réalité de tous les jours, à tous les âges de la vie, dans tous les milieux sociaux, c’est vraiment un sujet transverse par excellence.
C’est aussi un vrai levier d’innovation, de renouvellement de nos structures et d’extension du champ des possibles…
Propos recueillis par Marie Donzel
Agenda : Ne manquez pas les temps forts du Salon de l’Education
21 novembre – 10 heures : « La place des femmes dans les manuels scolaires »
Présentation des résultats de l’étude 2013 sur la place des femmes dans les manuels scolaires de Français par le Centre Hubertine Auclert
21 novembre – 10 heures : « Le rêve de Sandra »
Projection-débat sur les biais de genre dans l’orientation professionnelle
21 novembre – 14 heures : Rencontre avec Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem
Table ronde sur l’égalité dans l’enseignement
21 novembre – 15 heures 45 : « Les métiers n’ont pas de sexe »
Débat sur la mixité des filières, organisé par le Laboratoire de l’Egalité
21 novembre – 16 heures 45 : « Insertion professionnelle : filles et garçons ont-ils les mêmes chances? »
Conférence sur l’égalité des chances, du premier emploi eu développement de carrière, organisée par Alternatives Economiques, la Ligue de l’enseignement et l’ONISEP
22 novembre – 9 heures 30 : « Laboratoire des stéréotypes : rendre visible l’invisible »
Un débat sur les stéréotypes, organisé par le Laboratoire de l’Egalité, en présence de Brigitte Grésy et Catherine Vidal (entre autres intervenant-es)
22 novembre – 15 heures 45 : « La parole porteuse d’égalité »
Animation sur la prise de parole, le développement de l’esprit critique et de la capacité argumentative et le partage de l’espace discursif, organisé par le Laboratoire de l’Egalité, en partenariat avec Egaligône
23 novembre – 16 heures 45 : « Buzzons contre le sexisme »
Présentation des créations audiovisuelles de jeunes engagé-es contre le sexisme, par Télédebout, en partenariat avec le Laboratoire de l’Egalité
Tout le programme à retrouver sur le site du Salon de l’Education
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