Son nom vous est peut-être familier, surtout si vous êtes un-e fidèle du blog EVE. Vous l’avez sans doute lu à la fin de plusieurs de nos billets.
Barbara Bod a en effet été de juillet 2012 à novembre 2013, coordinatrice du blog EVE pour le Crédit Agricole, et dans ce cadre, elle a permis parmi les plus belles rencontres du blog, avec, au hasard, la neurobiologiste Catherine Vidal, la Bonne Copine Florence Haxel, l’entrepreneure « adaptée » Marie-Hélène Delaux, et divers-es représentant-es du Crédit Agricole dont Diego Gaspari, Sophie Serratrice, Claire Bussac….
A l’heure où Barbara vole vers de nouvelles aventures, c’est à faire mieux connaissance avec elle, jeune femme pleine de talents, d’inspiration, de générosité et d’enthousiasme communicatif, que nous voulons vous inviter.
Programme EVE : Bonjour Barbara. Tu es bien placée pour savoir que la tradition des interviews au blog EVE, c’est de commencer par interroger les personnes sur leur parcours. Nous savons combien les « histoires vraies » de femmes talentueuses sont inspirantes pour le leadership au féminin…
Barbara Bod : Justement, je dirais pour commencer que j’ai eu la chance d’avoir été très tôt « inspirées » par des « modèles ».
Je pense à mon entourage familial, mais aussi à une prof d’allemand géniale, qui nous enseignait qu’une langue étrangère est avant tout un prétexte pour aller vers l’autre, pour s’ouvrir et pour découvrir. Elle m’a aussi fait comprendre que parler une langue, c’était en soi avoir des choses à dire.
D’ailleurs, j’avais appris depuis toute petite une autre « langue » aussi : la musique. Assise devant mon piano, j’avais encore d’autres choses à dire et d’autres façons de les dire.
Programme EVE : tu voulais devenir pianiste ?
Barbara Bod : Non, paléontologue ! Pour mettre les mains dans la terre.
Mais finalement, je fais un Bac ES, parce que c’est la filière la plus généraliste, qui m’ouvre le plus de voies, et parce que je veux continuer à faire beaucoup d’allemand. D’ailleurs, après le bac, j’entre à Nanterre, en droit franco-allemand et je pars faire ma première année d’études en Allemagne.
Programme EVE : Et après cette expérience à l’étranger ?
Barbara Bod : Je rentre en France pour terminer ma licence. Ensuite, la fameuse question « Qu’est-ce que je veux faire? » se pose.
Il se trouve que cette année-là, j’ai fait un petit boulot dans une agence de pré-presse et qu’on propose de m’y embaucher. C’est tentant parce que j’ai découvert le passionnant monde de l’entreprise et parce que j’ai envie d’être autonome. Mais je veux finir mes études, avoir au moins un Bac + 5.
Je pense aux ressources humaines, à cause du mot « humain » et je choisis l’IGS, une école très professionnalisante qui propose des masters en alternance.
Programme EVE : C’est comme ça que tu entres, en alternance, au Crédit Agricole ?
Barbara Bod : Exactement. J’intègre la « mission handicap » du groupe qui devient rapidement l’équipe diversité et handicap menée par Isabelle Collignon.
Avec Isabelle, je rencontre un nouveau « modèle » : elle crée de la confiance en en témoignant aux autres, elle encourage la souplesse, la réactivité en tissant des liens forts entre les personnes, et elle a une vraie vision de la mission. Elle fait de nous une véritable équipe moteur pour tout le Groupe, qui apporte à tous les services une expertise transversale sur de multiples questions : l’intégration des personnes en situation de handicap, l’intégration femmes/hommes, l’intégration des jeunes issus de quartiers populaires, la question des seniors…
J’acquiers dès ce moment-là la conviction que ce sont des questions très stratégiques, qui vont bien au-delà du respect des dispositions légales par les entreprises. Je décide d’ailleurs d’orienter mon sujet de mémoire en ce sens, en anglant sur le marketing RH. Je défends l’idée que la politique diversité est un puissant argument pour attirer et fidéliser des talents. Parce que derrière une politique de diversité, il y a des valeurs, de la considération pour l’humain, des conditions de travail inclusives, de l’acceptation et de la valorisation des différences, de toutes les différences…
Programme EVE : Une fois ton mémoire soutenu, le Crédit Agricole te garde…
Barbara Bod : Oui, je suis embauchée au sein de l’équipe diversité et handicap, comme chargée de comm’ et de projet. C’est le moment où je commence à entendre parler d’EVE, par Isabelle (ndlr : Collignon) qui est au Comité des Sages et qui transmet beaucoup autour d’elle l’esprit de ce programme.
Ce que j’en comprends tout de suite, c’est que le programme EVE est super innovant, que ça va être un vrai levier pour l’intégration femmes/hommes parce que ça vise l’excellence et parce que ça prend la question du leadership dans toutes ses dimensions : individuelles et collectives, organisationnelles et personnelles, privées et professionnelles, en incluant les femmes et les hommes…
J’ai évidemment très envie de rejoindre ce projet. Et là, coup de chance, quand Leila (ndlr : qui a précédé Barbara à la coordination du blog pour le Crédit Agricole) part en congé maternité, elle souffle mon nom pour la remplacer.
Programme EVE : On t’a vu arriver au blog en juillet 2012. Et immédiatement, tu nous as impressionné-es : tu as toujours plein d’idées, tu viens avec une foule de propositions… Et tu as aussi un talent inouï pour mettre les gens en relation. Tu ne nous as présenté que des gens passionnants et grâce à toi, nous avons fait des interviews et des portraits qui ont eu beaucoup de succès…
Barbara Bod : C’est le sens du réseau (rire). C’est bien ce que nous apprend aussi, à EVE, non?
Programme EVE : D’où te vient ce sens du réseau ?
Barbara Bod : C’est assez spontané chez moi. Je l’ai identifié assez récemment comme une qualité professionnelle, parce qu’en fait, c’est vraiment ma façon d’être, au naturel. J’aime bien aller à la rencontre des gens et les faire se rencontrer.
Tous mes ami-es en rigolent : « Tu veux rencontrer quelqu’un ? Tu as un truc à demander ? Mets donc Barbara sur le coup, elle va t’arranger ça !« . C’est plutôt flatteur…
Programme EVE : … Et c’est efficace, surtout. Beaucoup de gens n’obtiennent pas ce qu’ils espèrent, avant toute chose parce qu’ils n’osent pas le demander. C’est le premier enseignement de l’atelier de Jean-Edouard Grésy et Ricardo Pérez-Nuckel, à EVE.
Barbara Bod : Oui, oser demander, c’est la base. Surtout que quand on demande, même à des gens qu’on imagine difficilement accessibles, on a de bonnes surprises : ils répondent et souvent, c’est positivement.
Programme EVE : Il y a quand même un « savoir demander« . Comment définirais-tu le tien ?
Barbara Bod : Je crois que c’est le même pour tout le monde et qu’il repose sur une seule chose : l’être vrai-e. Pas obséquieux-se, pas sympa façon « potes« , pas non plus intimidant façon « essaie seulement de me refuser quelque chose« , non juste authentique avec du franc-parler. En étant direct -e et courtois-e mais toujours soi-même.
En étant soi, on ne plait pas toujours à tout le monde, c’est une idée que je supporte, mais en étant soi, on se fait de vrai-es allié-es, on trouve de vrais soutiens, on se donne surtout la chance d’avoir une vraie qualité d’échanges.
Programme EVE : Avec ton « savoir-être vraie », tu as grandement participé pendant un an et demi à la qualité des échanges au sein de la rédaction du blog EVE. Et à toi, qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
Barbara Bod : De super rencontres, d’abord, avec des personnes qui ont des origines différentes, des vécus différents, des constructions différentes, des métiers différents dans des entreprises de cultures différentes…
J’ai aimé qu’on débatte beaucoup, à chaque conférence de rédaction, que des positions fortes s’expriment, dans un climat d’écoute et de bienveillance où chacun-e était prêt-e à faire un pas vers les autres pour co-construire. L’esprit collaboratif, c’est vraiment quelque chose que j’ai ressenti très fort en travaillant avec vous.
Et puis, pour boucler la boucle, je me suis encore trouvé des « modèles ». Je pense à Anne Thévenet-Abitbol, par exemple, qui est un vrai modèle de réflexion pour moi. Si je disais que c’est un esprit brillant, ce serait inapproprié et ce serait trop peu. Anne, c’est quelqu’un de visionnaire, de convaincu, d’humain et qui va au bout de tout ça. Elle crée la possibilité d’un « demain dans un futur proche« et elle donne envie de rejoindre ce possible. C’est rare, c’est épatant et pour des gens de ma génération, c’est tellement porteur d’avoir des modèles comme elle.
Voilà, participer au blog EVE m’a apporté tout ça et encore plein d’autres choses. Quand j’ai pris la décision de quitter le Crédit Agricole, c’est pour aller vers d’autres aventures, qui correspondent au chemin que j’ai envie de mener maintenant et dans les années qui viennent ; mais je savais aussi que je laisserais des choses précieuses. Le blog EVE fait partie de ces choses précieuses, très précieuses.
Propos recueillis par Marie Donzel, avec la complicité de Marisa Guevara