La sélection de septembre 2014
En cette semaine de rentrée, le blog EVE vous invite à prolonger le meilleur des vacances : les plages de lecture.
Voici la sélection de septembre des bouquins qui font du bien… A l’égalité, au leadership équilibré, à un management durable et de qualité.
Faux coup de g*** et vrai coup de coeur : Et la confiance, bordel? – Collectif – Eyrolles/Institut Montaigne/Financi’Elles
Financi’Elles, le réseau des réseaux des femmes de la finance et de l’assurance s’associe au think-tank indépendant l’Institut Montaigne pour lancer un vivifiant appel à la confiance en entreprise.
Pour cela, commençons par crever les abcès et regarder la réalité des perceptions du travail en face : absentéisme, stress, démotivation mais aussi sentiment d’être privé-e de reconnaissance ou impression d’un décalage criant entre les valeurs annoncées (mérite, authenticité, intégrité) et leur concrétisation au quotidien… Et puis cette consultation, commandée par Financi’Elles à l’Institut Montaigne, qui révélait que 59% des 15 000 femmes de la finance/assurance interrogées ne font pas confiance à leur entreprise pour leur offrir des perspectives de carrière à leur hauteur de leurs talents et aspirations.
Il y a bien un malaise. Une crise de confiance. Qui n’aide ni les individus à l’échelle personnelle, ni l’entreprise au rang micro, ni l’économie au niveau macro à avancer. Et si, pourtant, la confiance était autant l’objectif que la solution? Alors, comment la restaurer? Voire carrément la réinventer?
DRH, sociologues, économistes, juristes, médecins, responsables syndicaux et dirigeant-es se mettent autour de la table avec les femmes de Financi’Elles pour parler sans faux-semblant de confiance. En soi, c’est la base. En l’autre, ça facilite la coopération. Dans le collectif, pour renouer avec l’engagement. En l’avenir, pour oser l’innovation.
Entre essai-chorale aux accents sensibles et manifeste expert pour un nouveau relationnel socio-économique, Et la confiance, bordel! est le salutaire booster de notre rentrée.
Une leçon d’optimisme et de détermination : Choisissez tout! – Nathalie Loiseau – JC Lattès
Enfant, déjà, Nathalie a mille et une aspirations et les exprime : jouer, apprendre, créer, lire, voyager, s’engager… Dans sa famille, on admire tant d’enthousiasme. Mais on ironise aussi un peu sur la petite fille qui « veut tout« . Voire, on lui prédit à demi-mots un funeste destin de renonciations. Il lui faudra sans doute apprendre à supporter la frustration…
Sauf que ça ne s’arrange pas en grandissant et qu’en lieu et place de renoncer, Nathalie décide qu’elle choisira. Et choisira tout. Ne s’interdira rien. Fera s’il le faut, bouger les lignes, réécrire les codes, changer les regards.
Elle devient Nathalie Loiseau, brillante haute fonctionnaire qui occupe successivement les postes les plus prestigieux (mais aussi parfois les plus périlleux) au Ministère des Affaires Etrangères et s’y distingue par la voix ferme et juste avec laquelle elle fait part de ses convictions et tient ses engagements. Avec ça, elle est mère de quatre garçons, dénonçant quand c’est nécessaire la « phallocratie » de son milieu professionnel et se penchant très sérieusement, quand elle est nommée directrice de l’ENA sur la question de l’égal accès des femmes et des hommes au concours le plus élitiste du système académique français.
Le genre de femmes qui file des complexes? Tout au contraire, car quand elle entreprend d’écrire Choississez tout!, Nathalie Loiseau n’a qu’un objectif : donner envie et confiance aux autres femmes. Pour que chacune ose, à son tour, dire « je veux tout et je ne sacrifierai rien« !
Une autobiographie généreuse et optimiste, à mi-chemin entre captivante success-real-story et tonifiant manifeste pour un leadership féminin parfaitement assumé.
Pour une approche du leadership au féminin par son imaginaire : Imagining Women’s carreer – Laurie Cohen – OUP Oxford
Toujours plus nombreuses à être diplômées, à s’investir professionnellement, à jouir d’une autonomie financière complète, les femmes semblent aussi mieux assurées de leur valeur et moins complexées dans l’expression de leurs ambitions depuis deux décennies environ. Le mouvement s’accompagne d’une large prise de conscience des enjeux de l’égalité qui oriente une part de l’effort d’innovation sociale des entreprises vers l’inclusion et la mixité.
Pourtant, des freins à leur leadership s’exercent encore, qui font obstacle, dans les faits, à leur plein accès aux sphères de responsabilités. C’est bien sûr que les contextes ne sont pas partout arrivés à maturité et que le besoin d’agir sur les organisations est encore prégnant. Mais ça se joue aussi dans la perception qu’ont les femmes ont d’elles-mêmes et de leur carrière. Une perception qui ne se résume pas aux serpents de mer des stéréotypes et de la confiance en soi. Mais vient questionner l’imaginaire personnel et collectif de la réussite au féminin.
Optant pour une approche interdisciplinaire, au croisement de démarches littéraire, sociologique et managériale, l’universitaire Laurie Cohen forge le concept de « career imagination » pour étudier la vision et le story-telling de soi chez les femmes, en tant qu’ils reflètent des visions parcellaires et subjectives du cheminement perso-professionnel et établissent les critères d’un succès genré.
Un document subtil pour dépasser les discours classiques sur les stéréotypes et s’autoriser à envisager le développement de soi comme un authentique exercice de créativité.
Marie Donzel, pour le blog EVE