Vous ne verrez pas leur nom dans le journal aujourd’hui.
Plus de 80 journalistes femmes du grand quotidien économique Les Échos font la « grève des signatures » pour dénoncer les inégalités professionnelles au sein de la rédaction et tout particulièrement les choix RH de la nouvelle direction : sur 12 nominations de rédacteurs en chef, il y a… 12 hommes! Pas une femme.
Dans le communiqué qu’elles ont transmis à la presse, relayé par Le Monde, Libération, Médiapart, Les Nouvelles News, Rue 89, 20 minutes entre autres et qui circule depuis ce matin sur les réseaux sociaux, elles expliquent leur geste hautement symbolique :
« Nous, femmes journalistes aux Echos, sommes devenues, au fil des ans, invisibles. C’est pourquoi nous avons décidé de faire une grève des signatures dans les éditions papier et web du vendredi 7 juin 2013. Chaque jour, aux Echos, nous sommes aussi nombreuses que les hommes à faire ce journal. Mais il n’y a de femme ni à la rédaction en chef ni à la direction de la rédaction du quotidien. Les femmes ont peu à peu disparu de cette équipe. Nous espérions beaucoup de la nouvelle direction de la rédaction mais rien n’a changé.
On nous dit qu’aucune femme ne correspondait aux profils recherchés ! Les Echos ne manquent pourtant pas de femmes compétentes, motivées et ambitieuses. Mais elles ne sont pas considérées. Ces dernières nominations renforcent le malaise, prégnant depuis plusieurs années au sein de la rédaction du quotidien, concernant la carrière des femmes : augmentations individuelles de salaire, primes au mérite, mobilité interne, gestion de la période de maternité.«
C’est l’occasion pour nous de le redire, les femmes des Échos sont excellentes : elles qui se sont emparé des sujets de l’économie, de l’entreprise et de la finance et qui les traitent avec sérieux, intelligence, talent et passion aussi, elles qui font rayonner leur journal (à travers leurs enquêtes, leurs articles et les scoops qu’elles sortent mais aussi à travers leurs interventions dans d’autres médias et les livres qu’elles font paraître) méritent d’être plus visibles, mieux valorisées et qu’on mise sur elles autant que sur leurs collègues masculins pour faire grandir le journal.
Nous espérons revoir vite leur signature dans les colonnes du quotidien… Et nous espérons aussi voir bientôt leurs noms dans l’ours du journal aux titres de directrices et rédactrices en chef.
Marie Donzel