Mobilité internationale : penser les doubles carrières pour favoriser l’égalité professionnelle

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Rencontre avec David Payet, directeur de la mobilité internationale du groupe L’Oréal

 

 

 

 

 

 

La conciliation vie professionnelle/vie privée est un des grands thèmes de réflexion des entreprises partenaires du programme EVE. Parce qu’agir au niveau des organisations pour réussir cette conciliation à l’échelle des individus, c’est favoriser l’égalité professionnelle dans un contexte mixte, concernant autant les hommes que les femmes.

 

Télétravail, crèches, centres de loisirs associés permettent à tous de vivre mieux la parentalité en entreprise. Mais quand la mobilité internationale vient s’en mêler, les choses peuvent se compliquer : comment, dans des couples de niveau de carrière équivalent, faire de l’expatriation une chance pour chacun?

David Payet, directeur de la mobilité internationale chez L’Oréal, travaille activement, avec son équipe, à offrir les meilleures conditions d’expatriation aux collaborateurs du groupe, y compris en tenant compte de la situation et des attentes de leurs conjoints.

 

Programme EVE : Bonjour, pour commencer, pouvons-nous faire un point sur la mobilité internationale chez L’Oréal. Qui est concerné? Combien de personnes? Y a-t-il un profil type de l’expatrié-e?

 

 

 

 

David Payet : Chez L’Oréal, nous avons une population de 1 000 expatriés. Depuis 2009, le profil des expatriés s’est diversifié en termes

– de fonction : on expatrie sur tous les métiers et postes. La part des postes de direction générale tend à réduire au profit des postes en marketing, finance, opérations.

– d’âge : nous avons une politique active pour favoriser l’expatriation des jeunes talents.

– de pays d’origine : la proportion de la France tend à réduire pour le moment au profit des autres pays européens et de l’Amérique du Nord. Les expatrié-es originaires des nouveaux marchés (Inde, Brésil, Mexique, Chine…) est par ailleurs en augmentation.

– de sexe : 35% des expatriés sont des femmes. Le nombre de femmes expatriées augmente plus vite que les hommes.

 

Programme EVE : Quel est votre rôle auprès de cette population du groupe?

David Payet : En tant que directeur de la mobilité internationale, mon rôle est d’accompagner la stratégie RH du groupe, faciliter cette diversification et proposer les mesures d’accompagnement optimales au collaborateur et sa famille. Les DRH internationaux choisissent les candidats. Ils s’appuient ensuite sur mon équipe pour concrétiser le transfert. Nous préparons les « packages » offerts aux salariés qui s’expatrient. Dans ces « packages », il y a bien entendu la rémunération mais aussi la protection sociale et divers avantages en lien avec les besoins de chaque cas particulier (logement, scolarisation des enfants, etc.).

 

Programme EVE : Parmi les questions qui se posent aux candidats à l’expatriation, il y a aussi celle du conjoint. Les candidat-es à la mobilité s’inquiètent à juste titre de ce que devient sa carrière pendant cette « parenthèse » à l’étranger, n’est-ce pas?

 

David Payet : Aujourd’hui, la majorité de nos expatriés ont entre 30 et 40 ans. Les couples dans cette tranche d’âge sont quasiment tous en double carrière et contrairement à la génération plus âgée, l’idée que l’un doit arrêter sa carrière pour suivre l’autre n’est pas envisageable. Ce sont des couples très « pragmatiques » misant dans certains cas sur le commuting (l’un part à l’étranger et l’autre reste dans le pays d’origine pour son travail et ils se retrouvent le week-end), adoptant dans certains cas une stratégie d’alternance « un coup, c’est moi qui développe ma carrière et ensuite, c’est toi ». Ils sont par ailleurs créatifs et déterminés pour continuer les deux carrières ; le conjoint peut profiter de l’expatriation pour se mettre à son compte et démarrer son activité. Il est cependant essentiel pour nous de les accompagner en proposant des leviers pour réduire cette difficulté.

 

Programme EVE : Quel type de leviers?

David Payet : Nous avons l’aide classique d’une allocation financière pour défrayer le conjoint de ses dépenses d’intégration. Nous proposons depuis 2 ans – via un cabinet externe – un service d’aide individualisé à l’aide à la recherche d’emploi pour le conjoint : aide pour le cv, la lettre de motivation, la compréhension du marché de l’emploi dans la ville d’accueil.

Depuis mai 2012, nous travaillons par ailleurs, au travers du International Dual Career Network (IDCN) avec Nestlé, Axa, Cargill, Philip Morris et Ernst & Young à la mise en place de réseaux locaux dans le monde permettant aux conjoints de rencontrer des sociétés établies localement et de se constituer un réseau professionnel. Nous lançons d’ailleurs le 20 septembre le IDCN à Paris avec 7 autres groupes. Les conjoints d’expatriés de ces groupes auront l’occasion de rencontrer les représentants RH de ces mêmes groupes. L’objectif est en 2013 est de lancer ces réseaux dans d’autres villes notamment Shanghai et Singapour.

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel

 

 

 

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– notre rencontre avec Virginie Masurel, qui s’est expatriée aux Etats-Unis, avec homme et enfants