Rencontre avec Sophie Serratrice

Directrice Recrutement groupe Crédit Agricole SA et Marque Employeur

 

 

 

Le Crédit Agricole lance le Grand Prix Etudiantes – Louise Tallerie. Ouvert à toutes les femmes de niveau bac+3 minimum et poursuivant actuellement un cursus universitaire en France, ce Grand Prix permettra de distinguer 4 jeunes femmes innovantes et enthousiastes qui bénéficieront d’une dotation et d’un mentoring par des dirigeants du Groupe.

Pour en savoir plus, nous avons rencontré Sophie Serratrice, Responsable du Recrutement du Crédit Agricole SA et de la Marque Employeur, à l’origine, avec son équipe, de cette formidable initiative. Nous avons aussi parlé ensemble des valeurs humaines au coeur du développement entrepreneurial, de la force de la diversité et du leadership féminin…

 

 

 

 

Programme EVE : Bonjour Sophie, vous êtes Directrice du Recrutement pour le groupe Crédit Agricole SA et Directrice de la Marque Employeur. Aujourd’hui, vous présentez le premier Prix Etudiantes Crédit Agricole – Louise Tallerie. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, accepteriez-vous de nous expliquer un peu le rôle d’une Marque Employeur?

 

Sophie Serratrice : Il s’agit de faire connaître le Groupe en tant qu’employeur. Tout le monde connait le Crédit Agricole, mais qui sait que c’est un groupe international avec 160 000 collaborateurs dont 45 000 sont à l’étranger. Que c’est aussi un groupe où l’on peut exercer de très nombreux métiers différents, qu’au-delà de l’activité de banque de détail (avec les caisses régionales du Crédit Agricole et LCL), nous avons également des activités de gestion d’actifs (AMUNDI), d’assurance (PACIFICA / PREDICA), de BFI (CA-CIB). L’objectif est de faire connaître cette diversité et aussi de mettre en avant ce qui nous distingue d’autres groupes du secteur.

 

Ce qui nous distingue en premier lieu, ce sont nos racines coopératives et mutualistes. Le mutualisme, c’est s’appuyer sur nos clients sociétaires et mettre l’humain au cœur de la performance sur une vision de long terme. C’est un modèle repéré aujourd’hui comme un facteur de développement économique pour toute la planète. Notre Groupe est un Groupe d’entrepreneurs, nous avons une organisation très décentralisée qui favorise naturellement l’autonomie et la prise d’initiative. Ce qui signifie, pour résumer, que le Crédit Agricole est un groupe qui permet aux femmes et aux hommes talentueux et engagés de progresser rapidement dans différents métiers, en France comme à l’étranger.

Aujourd’hui la Marque Employeur du Groupe, c’est « Welcome ». Cela signifie : bienvenue aux projets, bienvenue aux initiatives, bienvenue aux idées. Bienvenue dans un groupe qui place l’humain en son centre. Mais le rôle d’une marque employeur, ce n’est pas que d’inciter les talents à rejoindre le Groupe, c’est aussi de faire en sorte que les collaborateurs du Groupe soient engagés et fiers d’y appartenir, sur la durée.

 

 

 

Programme EVE : Si on parle de recrutements, quels sont les profils que vous recherchez aujourd’hui?

 

Sophie Serratrice : Nous avons coutume de dire que nous cherchons les meilleur-es de leur classe. Cela signifie que nous voulons attirer les personnes les plus performantes à tous niveaux d’étude, ceux qui se distinguent parmi leurs pairs. Nous voulons aussi des personnes ouvertes, engagées, curieuses, qui ont le sens du client.

 

Nous sommes face à un grand enjeu : nous transformer dans un secteur en profonde mutation. Pour cela, nous avons adopté une stratégie de recrutement à la fois exigeante et ouverte. Ouverte en termes de cursus, d’origines, de genres. Nos clients sont divers, notre environnement est divers, alors pour réussir nous devons refléter cette diversité.

Nous recevons 250 000 candidatures/an, rien que pour la France. Le plus simple, ce serait de pratiquer le clonage : la tentation est forte, au milieu de tous ces profils, il y a forcément celui qui a fait le même parcours que les autres. Mais le vrai challenge, c’est d’ouvrir, c’est de repérer au milieu de ces centaines de milliers de CV les personnes qui sont capables, pas celles qui nous ressemblent a priori.

Nous avons généralisé les tests d’aptitude, qui nous permettent de cerner des compétences plutôt que de jauger des profils. Les résultats sont étonnants, ils prouvent que la réussite peut prendre mille chemins différents.

 

 

 

Programme EVE : Est-ce précisément ce que vous voulez dire aux étudiantes qui se portent candidates au Grand Prix Crédit Agricole – Louise Tallerie?

 

Sophie Serratrice : Exactement! On leur dit « Allez les filles, vous allez réussir! »

 

 

 

Programme EVE : Vous allez réussir comme Louise Tallerie…?

 

 

Sophie Serratrice : Oui, il faut s’arrêter un instant sur Louise Tallerie qui donne son nom à ce Grand Prix. Louise Tallerie, c’est la première femme à avoir dirigé une caisse régionale du Crédit Agricole. Elle était veuve de guerre et elle était chef d’entreprise… C’était en 1927! Ca en fait déjà un modèle pour les femmes.

Mais c’est aussi une incarnation des valeurs du Crédit Agricole : cette femme dirigeait la Caisse des Ardennes, aussi, quand la Seconde guerre mondiale s’est déclarée, sa Caisse était une des premières à être menacée… Alors, elle a pris tous ses dossiers, toutes les archives de sa Caisse sous le bras et elle est allée les mettre à l’abri à La Rochelle, où elle a poursuivi son activité pendant le conflit. Elle a protégé son entreprise, elle a gardé le cap et ensuite, quand elle a pu, elle est retournée dans sa région… Quel modèle de courage, d’intégrité et de sens du client!

 

 

 

Programme EVE : C’est effectivement une femme très inspirante. Votre Prix porte son nom et ses valeurs et offre aux jeunes diplômées l’occasion de révéler elles aussi leurs talents, leur audace, leur sens de l’innovation… Comment s’organise-t-il?

 

 

Sophie Serratrice : Toutes les étudiantes, de niveau 3ème année de licence au moins, étudiant en France, peuvent s’inscrire sur une page Facebook dédiée. Elles répondent à quatre questions portant sur leur motivation pour participer à ce challenge, les leviers de réussite d’un projet ou encore sur l’innovation. Une première étape de sélection se fait sur la base des réponses à ces questions.

Nous inviterons ensuite les candidates présélectionnées à passer des tests d’aptitude ludiques. A l’issue de ces tests, les 80 meilleures candidates participeront à la finale du Grand Prix qui se déroulera, en équipes, le 14 février 2013 sur notre campus Evergreen, à Montrouge.

 

 

 

Programme EVE : Comment se déroulera cette journée?

 

Sophie Serratrice : Elles plancheront sur les quatre axes stratégiques de développement du Crédit Agricole : l’agriculture et l’agro-alimentaire, la santé et le vieillissement, le logement et l’économie de l’environnement. Elles seront accompagnées par des collaboratrices du Groupe qui les coacheront. Elles auront aussi la possibilité de se faire conseiller en direct par des experts de ces sujets. Au final, elles devront émettre une idée innovante sur un de ces quatre thèmes et faire des propositions concrètes pour mettre en œuvre leur idée.

Le jury choisira une équipe gagnante. Chaque lauréate de cette équipe recevra 3000 euros et une proposition de stage ou d’apprentissage. Aux 16 membres des 4 équipes finalistes, nous offrirons un an de mentoring par un dirigeant du Groupe. A terme, nous voulons aussi créer le « Club du Grand Prix Louise Tallerie », un véritable réseau de femmes à fort potentiel que nous accompagnerons dans les débuts de leur carrière.

 

 

 

Programme EVE : Quelle chance vont avoir ces jeunes femmes!

 

 

Sophie Serratrice : Oui! Et quelle chance vont aussi avoir ceux qui vont les découvrir et apprendre à les connaître. Notre message à ces jeunes femmes, c’est « Osez! ne vous privez pas, on va vous donner les clés pour réussir ». Mais c’est aussi une façon d’impliquer notre management en lui disant « Vous avez vu, les filles du Grand Prix Louise Tallerie, elles ont sacrément du talent! » Apporter la preuve qu’une femme est largement aussi capable qu’un homme, il n’y a pas d’argument plus convaincant pour promouvoir l’égalité professionnelle. Et enfin, nous avons un message à faire passer aux écoles et aux universités : autant il nous semble que les entreprises ont évolué très rapidement, ces dernières années, sur les questions d’égalité professionnelle, autant il nous apparait que les écoles et les universités ne préparent pas suffisamment les jeunes femmes à la vie professionnelle. A titre d’exemple, à niveau équivalent, elles demandent 4 000 euros / an de moins sur leur premier salaire à l’embauche (Source étude Universum 2012).

 

 

 

Programme EVE : Pensez-vous que les femmes apportent quelque chose de plus ou de différent à l’entreprise?

 

Sophie Serratrice : Et vous, pensez-vous que les hommes apportent quelque chose de plus ou de différent à l’entreprise? (rire). Cette question est un peu le piège de la réflexion sur le leadership féminin. Ce qui nous importe, ce n’est pas d’aller chercher des compétences féminines, mais des compétences diverses, ça fait la différence et c’est un plus. Ne serait-ce que parce que notre clientèle est diverse.

Dans le Groupe Crédit Agricole SA, les femmes sont nombreuses, nous n’avons pas de problématique de vivier comme dans d’autres secteurs, mais notre enjeu est de les faire progresser et de les embaucher sur des postes à potentiel.

 

 

 

Programme EVE : Justement, aujourd’hui, avec ce Grand Prix Etudiantes Crédit Agricole – Louise Tallerie, vous offrez des opportunités aux femmes en début de carrière. C’est un énorme pas en avant . Mais comment faire pour qu’au moment où, dans 5, 10 ou 15 ans, elles auront des enfants, leur carrière ne fasse pas du sur-place, voire trois pas en arrière?

 

Sophie Serratrice : Sur ce point, le Crédit Agricole est très attentif. Nous voulons que les femmes continuent à être ambitieuses. Et nous tachons de mettre à leur disposition les outils pour cela. Ça passe d’abord par des programmes de leadership, à commencer par EVE, évidemment. Nous sommes aussi membres de FinanciElles et partenaires de Women’Up.

 

Ensuite, nous sommes très préoccupés par l’articulation parentalité/carrière. Nous sommes membres de l’Observatoire de la Parentalité dont nous avons signé la charte en 2009. Ajoutez à cela, l’accord sur le télétravail signé il y a un an qui est un véritable levier de flexibilité et de transformation des comportements managériaux et qui a le grand mérite de permettre une meilleure conciliation vie professionnelle/vie familiale pour les femmes ET pour les hommes. C’est aussi un très bon outil de lutte contre le présentéisme dont on sait qu’il ne se conjugue pas bien avec l’efficacité et la performance.

 

Nous conduisons un travail de fond sur les mentalités et les comportements au sein du Groupe. Nous ne sommes pas en train de donner des leçons, nous sommes dans une démarche de partage d’expérience, dans l’innovation et dans l’engagement.

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel

 

 

Merci à Barbara Bod et Marie Pelpel, du Crédit Agricole.