Rencontre avec Mariane Saumon, cadre chez L’Oréal, mère de trois enfants, dont deux inscrits au centre Filapi de Clichy
Mariane Saumon a commencé sa carrière chez L’Oréal il y a douze ans. Embauchée comme chargée d’études à la suite d’un stage, elle a ensuite exercé ses talents au sein du service consommateurs de la marque avant d’intégrer en 2009 dans la cellule B2B & Dare Management France de la division Produits Grands Publics. Mère des trois enfants, de 10, 7 et 1 an, elle mène de front une vie professionnelle exigeante et une vie personnelle riche et intense. Elle a accueilli avec joie l’ouverture du centre ludo-éducatif Filapi de Clichy, à quelques dizaines de mètres de son bureau et y a inscrit immédiatement ses enfants. Nous avons voulu en savoir plus sur cette expérience et nous en avons profité pour l’interroger sur la façon dont elle articule concrètement, au quotidien, vie professionnelle et vie privée.
Programme EVE : Bonjour. L’oréal a la réputation d’être une entreprise très engagée en faveur de la parentalité en entreprise. De quelle façon avez-vous pu bénéficier des mesures mises en place par le groupe en la matière?
Mariane Saumon : Déjà il y a dix ans, quand j’ai eu mon premier enfant, j’ai pu bénéficier d’une mesure très ancienne dans le groupe L’Oréal : le « congé Schueller » du nom du fondateur de la société. C’est un supplément de quatre semaines de congé offert aux jeunes mères. Il peut être utilisé de deux façons, à la discrétion de la personne concernée : soit il peut allonger le congé légal de quatre semaines consécutives, soit il peut être fractionné. Pour mon troisième enfant, comme le congé légal était plus long que les deux premiers (ndlr : la loi prévoit 26 semaines de congé pour l’arrivée du troisième enfant et des suivants, contre 16 semaines pour l’arrivée des deux premiers), j’ai choisi le fractionnement. En faisant ce choix, j’ai pu me consacrer aussi à mes deux aînés, le temps d’une journée de temps en temps pour les emmener au cinéma ou au musée, par exemple. Quand ma petite dernière a été malade, j’ai aussi pu poser une « journée Schueller », ce qui m’a évité d’entamer mes repos annuels. A la rentrée prochaine, j’aurai probablement épuisé mes « congés Schueller », alors je pense faire appel à un autre dispositif en place chez L’Oréal, le « mercredi mère de famille », une fois par mois. D’ailleurs, on l’appelle « mercredi mère de famille » mais il n’est pas réservé aux femmes, les hommes peuvent le prendre aussi. Je n’ai pas eu besoin de faire appel à la crèche d’entreprise Babilou puisque j’ai eu la grande chance d’avoir une place en crèche collective dans ma commune, mais vu le parcours du combattant que c’est pour trouver le moyen de garde le plus en adéquation avec son rythme, je ne doute pas du fait que l’existence de Babilou est un immense atout pour les parents salariés de L’Oréal.
De façon générale, la direction de L’Oréal est très attentive aux parents salariés, notamment au moment délicat du retour à la vie active après le congé maternité. Il y a systématiquement à cette occasion un point qui est fait, dans l’écoute et la concertation, sur la progression de carrière, les souhaits d’évolution et la mobilité interne. J’ai fait pour ma part le choix de rester à mon poste, et j’ai pu apprécier que ce choix soit écouté et compris.
Programme EVE : Y a-t-il d’autres mesures de conciliation vie professionnelle/vie privée chez L’Oréal qui vous semblent un véritable « plus » pour les salarié-es?
Mariane Saumon : Oui, par exemple, la présence d’une conciergerie sur site, qui offre un large éventail de services sur-mesure, permet de gagner un temps précieux sur toutes sortes de contraintes de la vie courante : on peut lui confier ses vêtements à retoucher ou à envoyer au pressing, commander des paniers de fruits et légumes bio, être mis en relation facilement avec différents prestataires….
Programme EVE : Depuis 2011, L’Oréal est partenaire de Filapi, un réseau de centres ludo-éducatifs ouverts aux 3-10 ans, en dehors des heures d’école et pendant les vacances scolaires. Vous avez inscrit vos enfants au centre Filapi de Clichy, dès son ouverture. Pourquoi?
Mariane Saumon : Vous voulez dire que j’ai littéralement « sauté sur l’occasion »! Je n’ai pas de solution familiale pour le mercredi, mes parents et beaux-parents vivent en province. J’ai donc du inscrire mes deux aînés au centre de loisirs de ma ville. Mais je vais être franche, ils ne s’y épanouissaient pas. Leurs journées étaient fatigantes, sans moment de repos, les enfants trop nombreux, l’ambiance bruyante… Ce n’était pas un moment de plaisir pour eux, et c’était du coup une contrariété pour moi. De la culpabilité, aussi, sans doute. Le projet Filapi, vraiment centré sur le bien-être des petits, sur leurs rythmes, avec une vraie dimension ludo-éducative m’a séduite. Maintenant, le mercredi, ça se passe comme ça : on prend le train tous les trois le matin, je les dépose au centre qui se situe à 50 mètres du site Floréal où je commence ma journée vers 8 heures 30, et je les récupère le soir… Ils s’y sentent tellement bien qu’en général, quand je viens les rechercher, j’arrive trop tôt! Puis, on reprend le train tous les trois et on parle de leur journée. Ce sont des bons moments en famille, et en semaine!
Programme EVE : Selon vous, quelles sont les initiatives originales de Filapi, au-delà de la simple garde d’enfants, qui apportent un vrai « plus » à leur épanouissement et à celui de toute la famille?
Mariane Saumon : D’abord, la spécificité de Filapi, c’est que c’est vraiment conçu pour l’articulation de la vie professionnelle et de la vie privée, donc ça implique véritablement les enfants dans la vie réelle de leurs parents. Le mercredi n’est pas un jour de rupture dans le rythme de la famille, c’est un jour « inclus », pour eux comme pour moi. Ensuite, il y a tout le projet proprement éducatif de Filapi : les semaines thématiques (par exemple, récemment, mes enfants ont eu une semaine « cinéma » avec chaque jour des activités différentes en lien avec ce thème), une capacité d’accueil à échelle humaine qui permet à chaque éducateur de rester à l’écoute des enfants, de répondre à leurs besoins et à leurs envies. On favorise également l’initiative et la responsabilisation des enfants eux-mêmes, les plus grands participent par exemple à la préparation des repas, via des ateliers cuisine. J’aime aussi le fait qu’il y ait un blog Filapi qui permettent aux parents de rester connectés et de savoir ce qui se passe au centre pendant la journée. Et enfin, parlons de l’aspect financier, non négligeable, le partenariat avec L’Oréal rend Filapi très attractif de ce point de vue-là.
Programme EVE : Quels sont les bénéfices directs et indirects sur votre vie professionnelle?
Mariane Saumon : Le grand bénéfice, à n’en pas douter, c’est que je suis nettement plus sereine et beaucoup moins stressée. En sachant les enfants gardés à quelques mètres de mon bureau, je ne suis pas angoissée à l’idée de rater mon train pour aller les chercher. Et puis, la grande amplitude horaire d’ouverture du centre Filapi, de 8 heures à 20 heures, fait que je ne passe pas mon mercredi à regarder l’heure qui tourne en me demandant si je vais réussir à tout boucler à temps…
Propos recueillis par Marie Donzel
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Bonjour,
Je suis étudiante en Licence Professionnelle Ressources Humaines option « Administration du personnel et pilotage social » en alternance au sein de Saint-Gobain Recherche. Je rédige un mémoire sur « comment les politiques de conciliation des entreprises française aident à la promotion de l’égalité entre hommes et femmes ». Je trouve que ce témoignage très intéressent et les pratiques du groupe l’Oréal en matière d’articulation vie privée, vie professionnelle sont un réel moteur pour fidéliser les femmes et les maintenir dans des postes dits » à responsabilité ».
A travers la rédaction de mon mémoire j’ai pu découvrir certaines pratiques d’entreprises afin de favoriser l’articulation de l’activité professionnelle et l’exercice de la responsabilité familiale. Cependant j’ai aussi découvert que beaucoup d’entreprises négligent leur obligation légal en matière d’égalité professionnelle hommes, femmes. Le chemin à parcourir pour atteindre l’égalité professionnelle dans toutes les entreprises est encore long.
Mariane Saumon a été embauchée à la suite d’un stage et a eu l’opportunité d’évoluer au sein de son entreprise. Je trouve que ce témoignage peut encourager beaucoup d’étudiante comme moi, puisque j’espère être embauchée au sein de mon entreprise à la suite de mon alternance et évoluer au sein de ce groupe.