Depuis deux jours que le séminaire a commencé, les participant-es à EVE vont de surprises en surprises et de rencontres en rencontres toutes plus inspirantes les unes que les autres, entre eux comme avec des intervenant-es d’exception.

Mais elles et ils ne s’attendaient sans doute pas à voir apparaître ce soir, sur la scène de l’auditorium de la Grange au Lac… La Ministre des Droits des Femmes en personne. 

Najat Vallaud-Belkacem a fait le déplacement jusqu’à Evian pour faire connaissance avec les EVEsien-nes.

Donnant la réplique à Muriel Pénicaud, DGRH de Danone, Najat Vallaud-Belkacem a retracé son parcours avec l’énergie, l’intelligence et l’humour qu’on lui connait : ses origines familiales, son brillant cursus universitaire et le choix qu’elle a fait, un jour d’avril 2002, en réaction à un sinistre épisode de la vie politique française, de s’engager officiellement. De « ne plus être seulement observatrice et commentatrice de l’actualité » mais d’agir, au coeur de la vie citoyenne et là où, en prenant des responsabilités, elle serait capable de porter les valeurs qui lui sont chères et de mettre en oeuvre une politique courageuse. La suite, on la connait par les médias : les campagnes électorales aux côtés de Ségolène Royal puis de François Hollande et ce double poste de porte-parole du gouvernement et de Ministre des Droits des Femmes qu’elle obtient en mai 2012, à 34 ans.

L’assemblée la questionne ensuite sans complexe, car elle est si spontanée, si vraie, si directe qu’elle permet à toutes les questions d’affleurer : « Avez-vous croisé le sexisme dans votre carrière? » (Oui, celui des opposants, mais aussi, il ne faut pas se le cacher, celui qui a aussi parfois pu sévir dans son propre camp), « Comment conciliez-vous votre vie privée avec des fonctions aussi prenantes? » (et de citer son collègue Pascal Canfin, qui aimerait bien qu’à lui aussi, en tant qu’homme, on pose de temps en temps cette question, qui n’appelle pas de réponse plus facile pour un père que pour une mère), « De quoi êtes-vous la plus fière? » (Entre autre, d’avoir obtenu du Premier ministre qu’il nomme dans chaque administration un haut fonctionnaire chargé de l’égalité femmes/hommes), « Les quotas de dirigeantes, ça avance? » (on a atteint et même dépassé assez facilement les 20% dans les CA… Mais vraisemblablement, le prochain pallier sera plus dur à franchir), « Les attaques vous touchent-elles? » (elle le confesse sans fard, il ne serait pas complètement humain – ni complètement possible – de se forger une trop épaisse carapace), « Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de vouloir nier les différences entre les sexes? » (Que « le contraire d’égalité, ce n’est pas différences… Mais inégalités!« )…

Najat Vallaud-Belkacem est « elle-même » et ça se sent. Elle dit même du leitmotiv d’EVE, « Oser être soi pour pouvoir agir » qu’il lui « ôte les mots de la bouche« , à elle qui quand elle interroge « le sens de son action » retombe toujours sur cela : « être soi, be yourself« , défendre ce à quoi l’on croit, poursuivre ses objectifs. Et pour y parvenir, elle affirme sa personnalité, refuse d’emprunter les codes des autres et plus que tout, ne laisse jamais personne la ranger dans la case « jeune, femme, d’origine étrangère »… Ni dans aucune autre case, d’ailleurs.

Marie Donzel, en direct d’Evian