Le blog EVE lit pour vous les rapports qui paraissent en France et partout dans le monde sur la situation des femmes au travail et le leadership au féminin.
Parmi les publications de ce printemps 2014, l’étude PwC « Next Generation Diversity : developing tomorrow’s female leaders », consacrée aux aspirations des femmes de la GenY, a tout particulièrement attiré notre attention.
Voici ce qu’il faut en retenir :
Qui sont les femmes de « la nouvelle ère »?
Nées entre 1980 et 1995, les femmes de « la nouvelle ère », éduquées et actives, sont avant tout nombreuses, davantage que dans n’importe quelle génération qui les a précédées : elles seront un milliard dans le monde à entrer sur le marché du travail au cours de la prochaine décennie (à titre de comparaison, 552 millions de femmes sont entrées dans la vie active entre 1980 et 2008).
Nombreuses, elles sont aussi ambitieuses : 51% des jeunes actives qui ont été interrogées par PWC annoncent leur intention d’atteindre un niveau supérieur à celui de leur employeur actuel.
Ambitieuses, elles sont donc exigeantes et tout particulièrement attentives à tout ce que les organisations qu’elles rejoignent mettent en place pour développer leur talent et favoriser une culture d’entreprise inclusive.
L’égalité et la diversité, oui, mais pas que dans les discours…
Une culture d’entreprise inclusive, les femmes de « la nouvelle ère » savent parfaitement ce que ça signifie et comment concrètement ça se construit : elles sont 82% à affirmer qu’une politique active d’égalité et de diversité est un critère important pour le choix d’une entreprise plutôt qu’une autre.
Toutefois, elles apprécient qu’on dise ce qu’on fait et que l’on fasse ce qu’on dit : lucides et pragmatiques, elles sont 55% à noter que les faits ne suivent pas toujours les discours et que des biais de genre persistants font encore obstacle à un déploiement de leur potentiel équivalent à celui des hommes (et tout particulièrement en matière d’accès aux promotions).
L’équilibre de temps de vie, une préoccupation primordiale
Le « work-life balance », pour toute la GenY, c’est capital! Garçons comme filles considèrent que c’est important à plus de 90%… Mais pour les filles, c’est 97%!
Pour autant, la parentalité n’arrive pas en justification première de cette attente. Avant de parler biberons et couches, square et varicelle, les moins de 35 ans, tous genres confondus, aspirent à leur équilibre personnel. L’étude rappelle cependant que la relégation des préoccupations de la vie familiale est évidemment corrélée au fait qu’à 92%, cette génération n’a pas (ou pas encore) d’enfants.
Feedback is a gift… And also a duty!
Pour 51% de jeunes femmes interrogées, il est essentiel de recevoir un feedback régulier, voire continuel, sur leur travail.
Reste que si pour l’ensemble de la GenY, les échanges entre le manager et les membres de son équipe sont au coeur de la relation, les moyens de cette communication ne sont pas forcément ceux que privilégient leurs aîné-es : 40% des sondées disent préférer les échanges par voies électroniques qu’en face-à-face… Exception faite des conversations dédiées à l’évaluation des performances et au plan de carrière.
Pour des carrières « globales »
Comment envisagent-elles leur progression de carrière, précisément ? Par un détour en dehors des frontières, pour la majorité d’entre elles : 69% aspirent à une expérience internationale…
Là encore, c’est en pleine conscience de ce que répresentera cette mobilité pour leur développement professionnel : 63% estiment qu’un poste à l’étranger est incontournable pour booster leur parcours!
Une question d’image
C’est enfin sans complexe que la GenY fait savoir que la réputation d’un secteur ou d’une entreprise est cruciale à ses yeux.
Et si c’est vrai pour les deux genres, c’est encore plus marqué chez les jeunes femmes qui rejettent tout particulièrement la finance (parce qu’il leur semble précisément que le secteur accorde des opportunités de carrière moindres pour les femmes que pour les hommes), les industries de « l’oil & gas » (même sentiment qu’elles sont insuffisamment inclusives) ou de la chimie…
Pour attirer les talents féminins de cette génération qui ne mâche pas ses mots quand elle porte une observation ni quand elle exprime une inspiration, il ne suffira donc vraisemblablement pas d’ouvrir le recrutement, mais il faudra bel et bien revoir les process RH de fond en comble et porter tout particulièrement l’accent sur la culture et les mentalités de chaque milieu professionnel.
En conclusion, peut-on affirmer que les femmes de la GenY s’apprêtent à faire éclater le plafond de verre? Si leur lucidité, leur pragmatisme, leur ambition et leur confiance en elles semblent supérieures à celles des générations précédentes et leur donner une assertivité accrue dans la vie active, la grande inconnue à ce jour demeure la question de la parentalité. Son articulation avec le développement de carrière sera-t-elle mieux « négociée » et dans les relations avec l’employeur et au sein des foyers par les femmes nées après 1980 que par leurs aînées ? A suivre…
Marie Donzel pour le blog EVE
Remerciements à Hélène Coulbault (PwC)
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