En France, les quotas n’ont pas bonne presse. Pourtant, en janvier 2011, le pays a franchi le pas : depuis, une loi française impose aux grandes entreprises de recruter des femmes pour siéger dans leurs conseils d’administration. Alors que la Belgique vient de nous emboîter le pas, quel bilan tirer quelques mois après le vote définitif de la loi ?
C’est Marie-Jo Zimmermann, blonde volontaire, députée UMP de la Moselle et présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes qui est à l’origine de la loi. En 2010, soutenue par Jean-François Copé, elle fait une proposition de loi visant à favoriser l’accès des femmes aux responsabilités professionnelles et sociales. Elle veut obliger les entreprises françaises fortes d’au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et employant plus de 500 salariés à compter au moins 40% de femmes dans leurs conseils d’administration d’ici 2017. Victoire ! La loi est adoptée en 2010, puis votée en janvier 2011. La députée s’est inspiré du modèle de la Norvège. Un pays où il existe des quotas hommes-femmes dans les conseils d’administration. Et même des sanctions pour ceux qui ne les respectent pas… Plutôt efficace : le pourcentage de femmes qui siègent dans les conseils des entreprises norvégiennes est passé en cinq ans de 7% à 40%.
Les députés belges, eux, ont adopté jeudi dernier une proposition de loi imposant un quota de 30% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises publiques et des sociétés cotées en Bourse.
Chez Suez, un cadre dirigeant sur 3 sera une femme
Aujourd’hui, en France, pas moins de 2000 entreprises sont concernées. D’ici janvier 2014, 20% des membres de leurs conseils d’administration devront être des femmes. Et trois ans plus tard, en janvier 2017, ce pourcentage devra passer à 40%. Dans son baromètre annuel sur la mixité 2011, l’agence Capitalcom relève que la situation s’est déjà améliorée dans près de la moitié des entreprises du CAC 40. Elles avaient démarré sur les chapeaux de roue bien avant le vote de la loi, pour montrer qu’elles voulaient évoluer dans ce sens. Le taux de mixité de leurs conseils serait ainsi passé de 10% en 2009 à plus de 15% en 2010.
La cerise sur le gâteau, c’est que GDF Suez et Axa font très bonne figure avec leur politique volontariste. La première s’est fixé des objectifs bien à elle : un cadre dirigeant sur 3 de GDF Suez sera bientôt une femme, ses troupes compteront 35% de femmes Hauts Potentiels, et d’ici 2015, 30% de ses recrutés seront des femmes. Chez Suez Environnement, les femmes représenteront plus du quart des équipes de direction opérationnelle. Le groupe a aussi lancé un site extranet, « e-famili », pour permettre aux employés de mieux gérer leurs vies professionnelle et familiale.
Veolia forme plus de conductrices
Le même baromètre nous apporte la bonne nouvelle : le nombre d’entreprises ayant mis en place des mesures de recrutement qui favorisent l’emploi des femmes a doublé en un an. Il est passé de 33% en 2009 à 60% en 2010. Veolia transport a notamment formé 142 conductrices en deux ans. Un cri d’alarme, malgré tout : aux autres échelons des entreprises, la mixité baisse ! Mais les firmes sont réactives : Renault s’est déjà engagé à recruter 30% de femmes sur des postes techniques et 50% sur des profils commerciaux, et Etam, 15% d’ouvrières.
Le baromètre : http://www.capitalcom.fr/5.aspx?sr=1.