Sandrine Raphanaud est responsable du StelLab – la structure d’animation scientifique de PSA Peugeot Citroën. Ingénieure, elle est passée par la direction de l’innovation où elle a travaillé sur les couleurs et les matières. Puis, elle a été responsable du lancement de la démarche matériaux verts au sein du Groupe.
Vous évoluez dans une industrie profondément masculine. Quel a été le rôle de vos mentors dans la construction de votre parcours professionnel ?
Au sein de PSA Peugeot Citroën, j’ai toujours eu des n+1 et n+2 qui m’ont fait confiance et ont su me pousser quand il le fallait. Par exemple, lorsque je suis devenue chef de projet sur les matériaux verts, mon chef m’a poussée à présenter et défendre le sujet en Comité de Direction Générale. En ce qui concerne mes collègues, je n’ai pas non plus ressenti de jugement parce que je suis une femme. Peut-être que ça tient aussi aux sujets sur lesquels j’ai travaillé : sur les couleurs et les matières, on travaille beaucoup avec les designers et ce sont souvent des femmes dans ces domaines. Sur la question des matériaux verts, on est très proche de la chimie, et c’est là où l’on trouve le plus de femmes ingénieures. En fait, la difficulté pour moi se trouvait plus du côté des fournisseurs : ils avaient plus tendance à m’écouter d’une oreille distraite parce que je suis une femme. Mais quand ma hiérarchie m’a nommée chef de projet, ça a changé : le titre compte quand même. C’est la preuve de la confiance et de la reconnaissance dont on bénéficie en interne.
Comment, aujourd’hui, en tant que pivot central de votre équipe, abordez-vous la question du mentoring ?
Ma mission consiste à animer et coordonner les scientifiques du Groupe. Je trouve que ce poste correspond bien à une femme – qui implique des qualités dites ‘féminines’. Parce que mon rôle est de créer du lien entre les collaborateurs, de les faire se rencontrer, échanger. J’imagine que les hommes seraient plus dans une logique de leadership, alors qu’une femme serait plus dans une optique de réseau, pour créer de la cohésion et de l’échange.
A votre avis, quels sont les leviers de réussite pour permettre aux femmes d’accéder de plus en plus à des postes à responsabilité ?
Je résumerai en 2 mots : rassurer et encourager. Les femmes osent moins se mettre sur le devant de la scène, elles remettent leur légitimité plus en question. Là où un homme va foncer et avoir confiance en lui a priori, une femme va analyser le travail à faire et être critique envers ses propres capacités a priori. Je crois que l’enjeu, aujourd’hui, est de donner confiance aux femmes en leur capacité à créer de la valeur ajoutée. J’ai vu trop de femmes refuser des postes par peur de décevoir alors qu’il aurait suffi de quelques mots d’encouragement de la part de la hiérarchie pour qu’elles osent.