Longtemps perçue comme un signe de paresse ou de manque de professionnalisme, la sieste au travail commence à se frayer un chemin dans les habitudes de certaines entreprises pionnières. Et à raison ! Les bénéfices de ce micro-repos, lorsqu’il est bien pratiqué, sont aujourd’hui documentés et validés par la recherche scientifique. Au-delà des clichés, il pourrait bien s’agir d’un véritable levier de performance et de bien-être pour les organisations.
Une pratique culturelle aux multiples visages
Si en France, la sieste au bureau reste souvent marginale ou associée aux startups et aux entreprises innovantes, les réalités varient fortement d’un pays à l’autre. En Chine, par exemple, le droit à la sieste est inscrit dans la Constitution. Il est courant de voir des employés s’assoupir brièvement à leur poste après le déjeuner. En Espagne, la siesta traditionnelle fait partie de la culture populaire, même si sa pratique s’est atténuée avec l’évolution des rythmes de travail. Dans d’autres pays méditerranéens ou en Amérique latine, la coupure en milieu de journée reste fréquente et socialement acceptée. À l’opposé, dans de nombreux pays anglo-saxons, où la culture du présentéisme domine encore largement, faire la sieste au travail est souvent mal perçu, voire tabou.
Ces différences culturelles illustrent combien notre rapport au sommeil, et plus largement au bien-être en entreprise, est façonné par nos imaginaires et nos normes sociales. Pourtant, la science est aujourd’hui claire sur les bienfaits de la sieste sur nos capacités cognitives et physiques.
Les bienfaits prouvés d’un temps de repos adapté
Les chiffres parlent d’eux même : selon une étude menée par la NASA, une sieste de 10 à 30 minutes permet d’augmenter la productivité de 34 % et la vigilance de 54 %. Et ça tombe bien la sieste fait partie intégrante de notre rythme biologique ! Notre organisme émet naturellement un signal de somnolence en début d’après-midi, et ce indépendamment de la qualité de notre nuit de sommeil. Une courte sieste permet alors de récupérer efficacement, en évitant la plongée dans un sommeil profond qui nuirait à l’éveil par la suite.
Mais ce n’est pas tout ! Augmentation de la vigilance et de la concentration, amélioration des performances cognitives, meilleure mémorisation, créativité et productivité accrues, résistance au stress… On ne compte plus les bénéfices d’un repos suffisant sur nos capacités cognitives tant ils sont nombreux. Dans un contexte où près d’un tiers des Français dort moins de six heures par nuit (bien en dessous des sept heures et demie recommandées), la sieste pourrait devenir un outil précieux pour compenser les déficits de sommeil accumulés.
Créer les conditions d’un changement durable
Néanmoins, pour que ces bénéfices se traduisent réellement en gains pour l’entreprise, l’organisation du travail et l’environnement doivent être pensés en conséquence. Car le succès d’une politique de sieste repose avant tout sur un changement de regard collectif. Et si l’instauration de « pauses de récupération » ou la création d’espaces dédiés, accessibles et confortables comme des « bulle de repos » peuvent aider à dépasser les représentations négatives encore associées à cette pratique, la création d’une culture d’entreprise tournée vers le bien-être de ses salariés passe avant tout par une véritable implication des dirigeants et des managers. La sieste ne doit pas être perçue comme un luxe ou un caprice : c’est un véritable levier de performance globale pour tous.