Comment préserver sa santé psychique et physique et celle de ses collaborateurs ?

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Stress, anxiété, burnout… Près d’un salarié sur quatre se déclare en mauvaise santé mentale, selon les derniers chiffres publiés par Ipsos en janvier 2025. Alors comment préserver sa santé psychique et physique et celle de ses collaborateurs dans ces conditions ? Tal Ben-Shahar, écrivain conférencier et intervenant pour le Programme EVE sur la Psychologie positive, et Nicolas Magnant, directeur du cabinet Alterhego spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux et le développement de la qualité de vie au travail, nous livrent leurs conseils d’expert sur la question. Tour d’horizon.

L’importance de la récupération

Le monde du travail tel qu’il existe aujourd’hui, et plus largement la société, est faite de sursollicitations, d’injonction à produire toujours plus et plus vite. « Or, notre corps n’est pas fait pour être maintenu sous pression sur la durée. », affirme Tal Ben-Shahar. Ce qu’il nous manque cruellement aujourd’hui, ce sont les temps de récupération. « Lorsque nous nous entraînons en salle de sport et sollicitons nos muscles, nous devenons en fait plus forts, si nous leur donnons également le temps de récupérer, entre les séries et entre les séances d’entraînement, illustre le conférencier. De même, le stress en dehors de la salle de sport doit pouvoir s’accompagner de temps pour récupérer. » Il est donc essentiel de pouvoir relâcher la pression sur des temps dédiés si l’on veut progresser. Mais aussi et surtout pour rester en bonne santé.

Mettre en place des habitudes quotidiennes concrètes

S’assurer des pauses réparatrices passe par plusieurs niveaux d’action. « Le premier consiste à s’octroyer une pause de 15min toutes les deux heures, révèle Tal Ben-Shahar. Cette dernière peut prendre la forme d’une marche, d’une méditation, d’un café avec des collègues ou des amis… » Tout ce qui peut vous permettre de déconnecter loin de vos préoccupations. Un deuxième niveau d’action passe par de l’exercice. « Il faut réaliser que trois séances de 30min par semaine d’aérobic a le même effet sur notre psychologie que les médicaments psychotropes les plus puissants, poursuit l’expert. Et d’ailleurs l’effet est le même puisque cela permet de libérer et diffuser des hormones de bien être dans le corps. » Enfin, à un niveau plus global, un sommeil de qualité est vital à la récupération du corps et du psychique. « Pourtant, notre époque a tendance à complétement négliger ce besoin primaire. », déplore Nicolas Magnant.

S’écouter pour écouter 

Il est crucial de réhabiliter la notion de l’écoute de soi pour avoir conscience de ce que l’on ressent et apprendre à écouter ses émotions. « Non pas pour les gérer comme on peut entendre souvent, mais pour entendre les signaux que notre corps et notre esprit nous envoient. », révèle Nicolas Magnant. Une étape d’autant plus puissante si l’on parle de ce que l’on ressent, ce que l’on pense, ce qu’on vit. « Car la mise en mot des maux c’est déjà un acte de soin en soi », nous confirme le directeur d’Alterhego. Cela permet notamment de ne pas laisser les rancœurs, les sentiments de colère, de tristesse, de frustration s’installer au risque de les voir impacter le corps

Le spécialiste de la prévention des risques psychosociaux mobilise également les travaux de Carl Gustav Jung pour évoquer les bienfaits de cette écoute pour soi mais aussi pour les autres. « Tu ne peux pas aller plus loin avec les autres que là où tu es allé avec toi même, rappelle-t-il ainsi. » Autrement dit, il faut d’abord développer sa propre sensibilité pour entamer une démarche de compréhension de soi… si l’on veut commencer à comprendre les autres.

Interroger son rapport à la santé

Nul n’ignore qu’une vision portée par la culture d’une société a un impact direct sur les mécanismes de pensées d’un individu. « Et concernant la santé, nous sommes marqués par un imaginaire de la résistance, de l’endurance et du dépassement de soi qui nous pousse plutôt à apprécier, à valoriser notre capacité à endurer la douleur », observe Nicolas Magnant. Il peut alors être intéressant de mettre en perspective cette vision pour s’interroger sur son propre rapport à la santé. « Dans la Chine ancienne, on payait son médecin à la fin de l’année si on était resté en bonne santé. », poursuit-il. Alors pourquoi ne pas concevoir la santé non pas comme le fait de ne pas être malade, mais comme le fait d’être en bonne santé sociale, psychologique et physique ? « Cela impliquerait de percevoir le soin non pas comme une unique réparation d’excès mais comme un moyen de cultiver la santé dans sa globalité. », encourage Nicolas Magnant. Un pas de côté d’autant plus intéressant à ses yeux qu’il est plus facile de maintenir notre état qui, de base, est la bonne santé, que de se réparer une fois la maladie physique ou psychique franchie.

Créer une culture de la co-vigilance

Chacun a un rôle à jouer pour faire attention à l’état physique et psychique de ceux qui nous entourent au quotidien. « Mais l’entreprise a également une responsabilité pour l’organiser et créer un environnement où les collaborateurs se sentent autoriser à partager leurs ressentis, où le dialogue peut émerger en toute sécurité. », témoigne Nicolas Magnant. Cela passe, par exemple, par le biais du management et sa capacité à délimiter un espace où cette expression est possible. Car c’est aussi (et surtout) avec le cadre que peut s’instaurer une véritable culture de la co-vigilence. Ce n’est d’ailleurs pas le seul avantage. Ouvrir ces espaces permet aussi de générer du lien et donc d’œuvrer pour la santé sociale de chacun. « Parce que nous sommes des animaux sociaux, le lien est un facteur de ressource essentiel pour la qualité de vie des collaborateurs, conclut le directeur d’Alterhego. Cela apporte soutien, de l’énergie, de la reconnaissance. » Alors autant le mobiliser comme il faut.

Elise Assibat pour le Webmagazine EVE

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