Vous vous sentez (parfois, souvent, presque tout le temps) stressé·e ? Ce que l’on peut déjà vous dire, c’est que vous n’êtes pas seul·e : selon une étude récente sur le bien-être psychique des Français·e, 64% d’entre nous ressentent du stress au travail au moins une fois par semaine et le chiffre est encore plus élevé (70%) chez celles et ceux qui télétravaillent régulièrement. Bon, se sentir moins seul·e, ça ne règle pas tout le problème. Alors, on vous donne quelques tips pour mieux faire face à cet état de tension nerveuse qui nous fatigue.
Accueillir le stress comme un signal et non comme un ennemi
Le stress, c’est une réaction normale de l’organisme à ce que notre cerveau perçoit comme un danger. Le stress, c’est une sorte de sirène d’alarme : alerte, il y a une menace à l’horizon. Mon confort, ma tranquillité, ma sécurité, ma liberté, mon intégrité, ma santé et/ou mon identité pourraient être mis en péril par une situation effrayante, un conflit potentiel, une pression excessive, une contestation de mes droits et de mes libertés, une remise en cause de mes habitudes, un bousculement de mes repères, une atteinte à ma légitimité.
Le cerveau met le corps au garde à vous pour qu’il redouble de vigilance, se tienne prêt à se défendre et s’il le faut à attaquer. Prenons donc le stress pour ce qu’il est : une sorte de garde du corps (un peu primaire, certes) qui veut nous protéger ! Cessons donc de le combattre, puisqu’il est de notre côté. Mais écoutons ce qu’il a à nous dire et faisons le tri entre ce qui peut le calmer par la rationalité et ce qui résiste aux arguments rassurants.
Exercice d’entraînement : quand vous sentez le stress monter, prenez un moment pour identifier ce qui est potentiellement menacé en vous. Ce peut être une position dans l’équipe (avec un nouvel arrivant, par exemple, ou quelqu’un qui vient « piétiner vos plates-bandes »), cela a peut-être avoir avec vos habitudes (si des éléments de votre environnement perturbent votre routine) ou bien avec votre estime de soi (si vous avez l’impression que vous ne pourrez pas accomplir ce qu’on attend de vous ou si vous avez eu des retours déstabilisants sur la qualité de votre travail). Essayez de « répondre » par des arguments rassurants : j’ai mes acquis pour moi, je reçois plus de marques de satisfaction que de reproches, je me fais confiance pour réussir à m’adapter, je peux demander de l’aide, je vais négocier un délai etc. Certains motifs de stress vont être directement apaisés par cette rationalisation. Et les autres, on va s’en occuper autrement (c’est la suite de cet article).
Accepter ses émotions et ses limites
Quand le stress résiste aux arguments rationnels, c’est tout simplement qu’il y a une forte charge émotionnelle. C’est bien normal quand on sait que le stress est une réponse à la perception d’une menace. La peur est une émotion parfaitement naturelle quand on est sous stress. Mais le dégoût, le colère et la tristesse peuvent aussi s’en mêler car il est assez évident que trop de stress peut nuire au plaisir de travailler, à la qualité des relations, au sentiment général d’épanouissement.
Toutefois, vous avez peut-être déjà entendu parler de « bon stress » pour évoquer le trac du comédien avant d’entrer en scène, la pression qui donne du rythme à l’action, le challenge qui pousse à se dépasser. En effet, parce qu’il mobilise le corps et l’esprit et les place en position de grande vigilance, le stress peut décupler la concentration, la force de travail ou la créativité. Mais c’est au prix d’une très haute dépense d’énergie. En quelque sorte, le stress nous fait fonctionner en surrégime. Or, nous ne pouvons pas fonctionner trop souvent et trop longtemps en surrégime sans abimer le moteur. Il faut donc savoir poser ses limites, d’abord vis-à-vis de soi-même (ne pas s’en demander trop) et vis-à-vis des autres (savoir dire non ou négocier les conditions quand la demande induit une surcharge de stress trop lourde à gérer).
Exercice d’entraînement : conscientisez et mesurez la fréquence et l’intensité de vos états de stress. Pendant toute une journée, notez tout ce qui vous a produit une montée en stress, depuis le micro-événement sans grand enjeu (partir en retard et craindre de rater votre bus, avoir oublié quelque chose chez vous, recevoir un SMS de phishing auquel vous avez eu l’esprit de ne pas répondre, mais qui vous a quand même demandé un effort de vigilance…), à enjeu modéré (recevoir un mail préoccupant, être mis légèrement en retard sur un dossier par un imprévu…) ou à fort enjeu (essuyer des reproches, apprendre un grand changement, vivre une situation conflictuelle). Faites le point en fin de journée sur ce que vous avez accumulé pour savoir si c’est bien judicieux de vous atteler maintenant à la pile de papiers administratifs à traiter. Mais comme il faudra bien s’en occuper, essayez de vous préserver un peu plus le lendemain, histoire de réserver de l’énergie à y consacrer.
Produire moins de stress autour de soi pour stresser soi-même moins
Le grand ennemi du stress systémique, c’est l’écologie relationnelle : moins on communique de stress aux autres, moins on est stressé soi-même. Comment ça marche ? C’est simple, chaque fois que vous mettez la pression à autrui, deux choses se produisent : primo, vous faites monter votre niveau d’exigence en même temps que vous élevez celui de l’autre (vous augmentez votre horizon d’attentes, ce qui vous conduit à élargir le périmètre sur lequel vous devrez faire preuve de vigilance) ; secundo, le stress que l’autre ressent se répand aussi dans l’atmosphère (d’ailleurs, il suffit de sentir l’odeur d’une pièce fermée dans laquelle des personnes stressées sont restées une heure ensemble pour s’en rendre compte, à vue de nez !).
Vous avez tout intérêt à œuvrer à ne pas stresser les autres pour ne pas polluer votre propre environnement. Vous pouvez même aller plus loin en agissant de façon à les destresser. Donc, concrètement, faites aux autres des demandes raisonnables (en termes de délais, de moyens alloués), en veillant à toujours ménager leur estime de soi et en leur faisant des feebacks bienveillants et constructifs.
Exercice d’entraînement : chaque fois que vous avez une demande urgente à formuler à quelqu’un, commencez par interroger la notion d’urgence. Dans quelle mesure est-ce si urgent que ce que vous en percevez ? Est-ce qu’au regard du degré d’urgence, vous pouvez demander le même niveau de qualité que lorsque les délais sont moins serrés ? Quels sont les moyens à allouer pour que les choses soient faites dans le degré d’urgence ajusté et avec la qualité attendue ? Et seulement une fois que vous aurez répondu à ces trois questions (l’urgence réelle, la qualité attendue, les moyens alloués), vous pouvez formuler une demande claire à autrui… En laissant bien entendu la place à l’expression de ses émotions et de ses besoins !