L’avenir du développement des compétences est indiscutablement aux soft-skills, relevant de ce qu’on a longtemps appelé le savoir-être et qui ont gagné leurs lettres de noblesse à la faveur d’une importante professionnalisation des disciplines du développement personnel. Mais l’intelligence émotionnelle, l’écologie relationnelle, l’empathie, la conflictualité constructive, l’assertivité etc., cela ne s’enseigne pas sur les bancs des écoles et universités. Heureusement, cela s’apprend de plus en plus en formation professionnelle. Et cela s’acquiert aussi dans toute la vie hors du boulot… Alors, comment identifier ses propres acquis et comment les faire reconnaître dans le champ professionnel pour pouvoir déployer tout son potentiel ?
1/ Cartographier ses espaces extraprofessionnels
Il y a le travail où l’on développe des savoir-faire et des savoir-être, au quotidien dans sa pratique comme au travers de formations et d’actions de learning… Et tout le reste de la vie qui nous apprend tant : être l’enfant de ses parents, le parent de ses enfants, l’ami·e de ses ami·e·s, un·e voisin·e dans son quartier, un·e bénévole et/ou un·e militant·e dans une association, un lecteur/une lectrice, un·e fan de ciné et séries, un·e auditeur/auditrice assidue de radio ou podcast, un·e voyageur/voyageuse, une personne douée pour le dessin, les travaux manuels etc.
Commencez donc par faire votre « alter-CV », en oubliant tous les diplômes et les expériences pros et en ne vous concentrant que sur ce que vous avez vécu, tout ce à quoi vous avez participé… Depuis que vous êtes né·e !
2/ Identifier ses acquis extraprofessionnels
Cette première étape de listing de vos espaces extra-pros vous permet d’identifier tout un ensemble de compétences. Gérer un foyer, n’est-ce pas manager (au passage, on rappelle utilement que manager et ménagère ont la même étymologie !) ? Participer à la vie de l’école de ses enfants, n’est-ce pas coopérer en mode projet avec des différent·e·s de soi ? Savoir cuisiner, n’est-ce pas avoir le sens des algorithmes ? Si ! si ! une recette de cuisine, c’est précisément un algorithme, à savoir une suite d’actions organisées qui permettent de transformer des unités en un tout. Faire des travaux chez soi, n’est-ce pas avoir des capacités d’ingénierie et de mise en œuvre ? Voyager, n’est-ce pas entraîner sa curiosité et se défaire d’un certain nombre de réflexes stéréotypés ? En participant aux activités d’un réseau mixité ou d’une association, ne développons-nous pas assertivité, sens de la communication, créativité, capacité à engager les autres Etc.
3/ Analyser ses envies et opportunités de transposition des acquis extraprofessionnels dans l’univers professionnel
Bien entendu, toutes les compétences acquises dans la vie privée ne le sont pas forcément par goût ou par choix (on pense par exemple aux arts des tâches ménagères et autres corvées domestiques !). C’est donc plutôt celles que l’on acquiert et pratique avec enthousiasme qu’il faut prioriser dans le projet d’aligner appétences, compétences et ambitions. N’hésitons pas à écrire la fiche du poste de ses rêves en partant de ce que l’on aime faire, ce pour quoi l’on se sent doué·e, ce vers quoi on a envie d’aller, le type de missions sur lesquelles on aimerait de plus en plus souvent travailler…
4/ Faire valoir ses acquis extraprofessionnels dans le monde du travail
Reste à faire entendre ses ambitions à son entourage professionnel… Et à le convaincre que l’on a les moyens de celles-ci. Pour faire valoir ses acquis extraprofessionnels, il faut d’abord communiquer dessus : ne pas hésiter à parler de ses passions et de ses expériences de la vie lors des entretiens de recrutement puis d’évaluation ; profiter des moments d’informalité au travail pour « se raconter » sous un autre jour que celui que connaissent les collègues et le management ; s’investir dans la vie du collectif en faisant montre de ses talents cachés ! Mais une fois révélées, ces compétences extraprofessionnelles ne donnent pas automatiquement accès au job de ses rêves, évidemment. Alors, il s’agit d’être proactif et d’oser faire des propositions dans le sens d’une évolution de son poste voire d’une reconversion : suggérer des rendez-vous « partage d’inspiration » pour permettre à chacun·e de faire part de ses savoirs développés dans d’autres environnements que le travail, proposer de conduire une mission pilote en lien avec ses compétences extraprofessionnelles, se lancer dans l’intrapreneuriat…
5/ Planifier la professionnalisation de ses compétences extraprofessionnelles
Pour véritablement aboutir l’alignement de son projet professionnel avec ses appétences profondes et compétences multiples, il faudra peut-être suivre quelques formations afin de professionnaliser les acquis autodidactes : gagner en méthodologie, s’approprier les outils à la pointe, développer des soft-skills complémentaires…
Alors, les compétences extraprofessionnelles, il est bon aussi d’en parler avec la personne en charge de sa gestion de carrière pour planifier efficacement sa montée en compétences.
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE