En juin il fait beau, il faut chaud… Mais l’actualité de l’égalité professionnelle, de la mixité et du leadership équilibré ne connaît pas de baisse de régime ! Le webmagazine EVE passe en revue les 5 infos qu’il ne fallait pas manquer ce mois-ci.
Le sport du mois : un engouement sans précédent pour la coupe du monde de football féminine
En ce mois de juin le football est à l’honneur, entre la Copa América, la Coupe Africaine des Nations et… La Coupe du monde féminine ! Celle-ci, accueillie par la France, a débuté en fanfare le 7 juin avec un match France-Corée du Sud qui a vu les Bleues mettre le pied à l’étrier en battant leur adversaire 4-0. Mais le score de ce match s’est aussi joué de l’autre côté de l’écran : avec 9,8 millions de téléspectateur·trices et 44,3% de part de marché en France, l’entrée en lice du Mondial performe un record d’audience historique qui montre bien l’engouement croissant des Français·e·s pour le football féminin. Cet enthousiasme n’est pas seulement national, il est comme la coupe : mondial. Les femmes sont en effet en bonne voie pour investir ce sport et ce, dans toutes ses dimensions, du gazon aux tribunes. On note en effet ce mois que pour la première fois de l’histoire du football tunisien une femme, Dorsaf Ganoiati, a arbitré un match de ligue 1. Côté gradins c’est la FIFA, via son président Gianni Infantino, qui par un courrier a pressé l’Iran de garantir l’accès de ses stades aux supportrices en vue des matches de qualification du Mondial 2022 qui débutent en septembre prochain.
La grève du mois : les Suissesses en grève nationale pour l’égalité
Le 14 juin 2019, soit 28 ans jour pour jour après la grande grève nationale du 14 juin 1991, les Suissesses battent à nouveau le pavé. En 1991, la manifestation avait mobilisé 500 000 femmes pour célébrer les 10 ans de l’inscription du principe d’égalité des sexes dans la Constitution fédérale, soit en 1981… Loi qui ne fut cependant entrée en vigueur qu’en 1996 ! Force est de constater que les progrès sont très (trop) lents en Suisse : selon l’Office fédéral de la statistique, les Suissesses gagnaient en 2016 19,6% de moins que les Suisses dans le secteur privé et 16,7% de moins dans le secteur public. Par ailleurs la révision de la loi sur l’égalité, votée en décembre 2018, ne prévoit des sanctions financières que pour les entreprises de plus de 100 employé·e·s, soit seulement 0,9% des sociétés et 46% des salarié·e·s. L’égalité salariale était donc dans la ligne de mire des revendications de la grève des femmes ce vendredi 14 juin, les Suissesses étant appelées à arrêter de travailler à 15h23 (heure à partir de laquelle elles ne sont mathématiquement plus rémunérées). Au-delà, il s’agissait aussi de susciter une reconnaissance du travail domestique invisibilisé et de lutter contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles. Cette grève était largement soutenue : 63,5% de la population se déclarant pour selon un sondage Tamedia, et de nombreuses parlementaires ainsi que la ministre de la Défense Viola Amherd, s’étaient habillé·e·s de violet en signe de soutien symbolique.
Le quota du mois : une nouvelle résolution assure 50% des sièges du Conseil Fédéral National aux Émiraties
Les Émirats Arabes Unis n’ont pas toujours bonne presse en matière de promotion de l’égalité femmes-hommes… Cette fois son altesse le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan, président des EAU, montre à travers une nouvelle résolution sa volonté de changer la donne : à compter du prochain cycle législatif, 50% des sièges du Conseil Fédéral National (FNC) seront réservés aux Émiraties. Cette politique des quotas semble avoir la côte ce mois-ci : elle était ainsi au centre des débats du Women’s Forum de Mexico où Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes en France, a plaidé pour « relever à 50% tous les quotas de femmes existant dans tous les domaines ». En Allemagne également, des représentantes du Mouvement européen ont adressé le 23 juin une lettre ouverte à Angela Merkel pour demander à ce que 50% des postes de haut niveau à Bruxelles soient occupés par des femmes.
La ville du mois : Mexico annonce la fin des uniformes scolaires genrés
La maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, a annoncé le 4 juin 2019 que « les garçons peuvent porter des jupes s’ils le veulent et les filles des pantalons si elles le veulent ». Cette mesure, destinée à créer « une condition d’égalité et d’équité » dans les écoles primaires et secondaires de la capitale où l’uniforme est obligatoire, a généré un vaste débat national. Leonardo Garcìa, président de l’Union Nationale des Pères de Famille (UNPF) s’est positionné contre en argumentant notamment que d’autres mesures éducationnelles étaient « plus urgentes et plus graves à résoudre », tandis que l’évêque Mons. Ramón Castro Castro a dénoncé l’« impérialisme de l’idéologie du genre qui gagne peu à peu du terrain ». Face à l’ampleur de la polémique, le Secrétariat de l’Éducation Publique (SEP) a opté pour le rétropédalage : la nouvelle norme d’autodétermination de l’uniforme scolaire ne s’adresse désormais plus qu’aux Mexicaines de la capitale, les Mexicains devront donc se contenter du pantalon. Le Mexique n’est pourtant pas le seul pays à avoir entamé cette réflexion sur les uniformes pour lutter contre les stéréotypes de genre. L’école de Kashiwanoha Junior High School dans la ville de Kashiwa au Japon avait déjà proposé en juin 2018 le libre choix de l’uniforme indépendamment du genre assigné aux étudiant·e·s. Le 23 juin 2019, l’école irlandaise St Brigid’s National School a pris la même décision, applicable dès la rentrée prochaine, notamment grâce au large soutien de la majorité des parents d’élèves.
La loi du mois : les stéréotypes de genre sont désormais prohibés dans la publicité aux Royaume-Unis
Il est notoriété publique que les stéréotypes genrés nichés dans nos publicités encouragent le sexisme ordinaire, banalisent les violences faites aux femmes et nuisent à l’estime de soi comme des autres : une étude du CSA réalisée en 2016 pointait à ce titre que pour 82% des femmes et 70% des hommes, la publicité donne des complexes aux femmes. Pour lutter contre ces phénomènes, l’Advertising Standard Authority (l’équivalent britannique du CSA) avait annoncé en décembre 2018, suite à la publication d’un rapport sur les dangers des stéréotypes dans la publicité, l’interdiction formelle des publicités à caractère sexiste prenant effet en juin 2019. Chose promise, chose due : il est désormais inscrit dans la loi britannique que « les publicités ne doivent pas inclure des stéréotypes de genre susceptibles de causer un préjudice ou une offense sérieuse ou généralisée ». Quelques exemples sont fournis dans la notice : les publicités ne peuvent ainsi pas montrer des hommes ou des femmes « échouant à accomplir une tâche spécifiquement à cause de leur genre » (par exemple un homme incapable de changer une couche ou une femme inapte à garer une voiture), ni représenter « des traits de personnalité stéréotypés » sur les filles et les garçons, ou encore suggérer que les mères « devraient prioriser leur apparence ou la propreté de la maison par rapport à leur santé émotionnelle ».
Valentine Poisson pour le webmagazine EVE