Rencontre avec Nicolas Hieronimus, Directeur Général Adjoint du Groupe L’Oréal.
Vous êtes entré chez L’Oréal en 1987 et n’avez jamais quitté le Groupe depuis. Qu’est-ce qui, selon vous, fait que L’Oréal est et reste sur la durée un des employeurs les plus attractifs en France et dans le monde ?
Nicolas Hieronimus : Je vois trois grands motifs d’attractivité de L’Oréal en tant qu’employeur.
Premièrement, nous avons la chance de faire le plus beau métier du monde : travailler sur la beauté, c’est exercer sa sensibilité, sa créativité et son sens de l’excellence pour rendre les gens plus beaux et mieux dans leur peau.
Deuxièmement, la taille du groupe, sa dimension mondiale, la très grande variété de ses marques et de ses métiers, nous permettent de proposer à nos collaborateurs et collaboratrices tout un champ d’opportunités pour construire un parcours professionnel à la fois cohérent et challengeant. Ce que l’on offre, c’est la possibilité de vivre toute l’excitation du changement sans se déraciner par rapport à des acquis.
Le troisième facteur d’attractivité de L’Oréal en tant qu’employeur, ce sont les gens. Il y a dans cette entreprise une concentration incroyable de personnes talentueuses, passionnées, engagées. Une des valeurs clés de L’Oréal, c’est « believe in people » : nous portons la conviction que chaque individu peut faire la différence et que le collectif est ultra-puissant.
Quelle place prend la condition des femmes dans le corpus des valeurs de L’Oréal ?
Nicolas Hieronimus : L’histoire de notre entreprise (ndlr : fondée en 1909) rencontre celle de la plus grande transformation sociétale qui a marqué le siècle écoulé jusqu’à l’époque actuelle : l’émancipation des femmes. Quand en 1973, L’Oréal Paris crée le slogan « Because I’m worth it », c’est une expression très explicite de soutien à l’empowerment féminin : donner la parole à des femmes qui disent qu’elles veulent et méritent ce qu’il y a de mieux, c’est donner de l’écho à l’ambition des femmes, à leur assurance et à leur volonté d’être reconnues pour ce qu’elles sont et ce qu’elles font.
Toutes nos marques portent des messages sur la place des femmes dans la société. Trois exemples :
– Yves Saint Laurent incarne une vision de la femme tout sauf décorative : c’est une femme audacieuse, qui prend part à l’art et à la société, s’empare des codes et les détourne, impose son style.
– Lancôme exprime une vision de la femme active et engagée, qui contribue à rendre le monde meilleur. Cela s’inscrit dans toute la communication de la marque et se concrétise aussi dans des engagements tels que le programme « Write Her Future » contre l’illettrisme des jeunes femmes, en partenariat avec l’ONG Care.
– IT Cosmetics, marque que nous avons récemment acquise, est symbolique des valeurs de l’inclusion. Cette marque a deux intentions très directement annoncées par sa créatrice Jamie Kern Lima : d’une part, permettre individuellement à chaque femme d’être belle, de se sentir belle et d’avoir davantage confiance en elle ; d’autre part contribuer, à l’échelle socio-culturelle, à changer le discours sur la beauté (« change the conversation about what is beautiful »).
Faire évoluer le regard, changer les règles du jeu, permettre à chacun·e de faire valoir sa singularité et de participer au collectif, ce sont les clés de l’inclusion… Mais comment faire pour dépasser les intentions et en faire une réalité quotidienne pour tou·te·s ?
Nicolas Hieronimus : Notre impact est à deux niveaux :
– En tant que créateur de marques, nous avons un pouvoir d’inspiration et d’influence sur la société. Ce qui est passionnant aujourd’hui, c’est que nous sommes nous-mêmes incessamment challengés par celles et ceux à qui nos produits et nos messages s’adressent. C’est particulièrement saillant sur cette thématique de l’inclusion : il y a encore 5 ans, vous pouviez communiquer sur la diversité ethnique avec une campagne de publicité mettant en scène des femmes et des hommes de différentes couleurs de peau. Aujourd’hui, si vous vous contentez de ça, c’est perçu comme de l’affichage, voire de la récupération. Ce qu’on attend maintenant d’une prise de parole sur l’inclusion, c’est qu’elle soit authentique, qu’elle questionne en profondeur le rapport de l’entreprise au monde.
– En tant qu’employeur, nous avons le devoir d’offrir un même niveau d’avantages à tous les collaborateurs partout où nous sommes implantés. Cela s’illustre, entre autres, par le programme Share & Care qui garantit un socle universel de droits sociaux aux collaborateurs et collaboratrices des 67 pays du Groupe. C’est aussi le sens des démarches EDGE et GEEIS pour l’égalité professionnelle qui nous permettent d’être aujourd’hui le numéro 1 mondial au classement Equileap. Nous avons, en tant que grande entreprise, le devoir de faire en sorte que croissance et progrès social aillent toujours de pair et de porter une forme d’exemplarité dans le monde économique en la matière.
Propos recueillis par Marie Donzel et Aurélie Gasnier, pour le webmagazine EVE.