Grant Thornton a récemment fait paraître l’édition 2018 de sa grande étude annuelle Women in Business qui dresse le panorama du leadership féminin dans le monde. La rédaction du webmagazine EVE l’a lu et vous en livre les points (et chiffres) clés.
Le déficit de mixité dans le senior management recule… Mais le nombre de femmes senior managers stagne !
En 2016, 33% des entreprises ne comptaient aucune femme dans le senior management. Elles ne sont plus que 25% aujourd’hui. Un progrès manifeste de la mixité… Mais qui se trouve être sans effet sur le plafond de verre : le taux de femmes à des positions de senior management s’établit en 2018 à 24%, soit exactement au même niveau qu’il y a 3 ans.
Comment est-ce donc possible ? Parce qu’en faisant entrer une et une seule femme dans un environnement exclusivement composé d’hommes, on fait effectivement progresser la mixité, mais pas l’égalité (en plus de soumettre ladite femme au fâcheux syndrome de la Schtroumpfette). Ces chiffres viennent renforcer la conviction que pour que la mixité ait réellement des impacts positifs (contre le plafond de verre d’une part et sur la performance des organisations d’autre part), il est indispensable d’atteindre une masse critique de femmes dans un environnement d’hommes (comme d’hommes dans un environnement de femmes, évidemment). Les différent·e·s expert·e·s qui ont étudié les effets de la mixité sur la performance (de Michel Ferrary aux consultant·e·s de McKinsey en passant par les auteur·e·s de l’étude Sodexo) établissent autour de 40% ce taux de mixité efficient.
La zone Afrique à la proue des progrès du leadership féminin
Regardons maintenant les variations géographiques.
C’est sur le continent africain que l’on compte le moins d’entreprises réservant exclusivement les responsabilités aux hommes : 11% seulement. Contre 35% en Amérique latine et 29% dans la zone Asie-Pacifique. L’Amérique du Nord et l’Europe marquent des progrès sensibles : respectivement 8% et 9% de croissance de la mixité minimale (une femme au moins) dans le senior management au cours de l’année écoulée… Mais pour atteindre des niveaux assez décevants : 19% des entreprises nord-américaines et 27% des entreprises européennes continuent, en 2018, à ne faire place à aucune femme dans le senior management.
Pour ce qui est des progrès de la lutte contre le plafond de verre (au regard du critère de croissance de la proportion de femmes dans le senior management), c’est encore du côté de l’Afrique qu’il faut se tourner, avec 30% de femmes dans des « senior roles ». L’Amérique latine atteint le même niveau en ayant fait un bond de 50% de la part des femmes dans le senior management entre 2017 et 2018 ! En revanche, dans la zone Asie Pacifique comme en Amérique du Nord, les chiffres témoignent d’un recul de la proportion de femmes dans le leadership.
Quels leviers sont actionnés pour renforcer la mixité et l’égalité ?
L’étude Grant Thornton dresse le palmarès des actions en faveur de la mixité les plus couramment pratiquées dans les entreprises à travers le monde. Viennent en tête les mesures pour l’égalité salariale (81% des entreprises), suivent les politiques de lutte contre les discriminations au recrutement (71%), puis le droit au congé parental (59%) et la flexibilité des horaires de travail (57%). Restent en revanche peu pratiqués les quotas (15%) et l’adossement de primes des managers à des KPIs de management de la diversité (17%).
Des variations régionales s’observent dans la priorisation des modes d’action en faveur de la mixité : la zone Afrique privilégie les politiques d’égalité salariale et la bonification de la rémunération des dirigeant·e·s en fonction de leurs efforts et résultats en matière de mixité ; en Amérique du Nord, l’accent est porté sur la lutte contre les discriminations, assortie d’une certaine acceptation du principe des quotas ; les politiques de quotas gagnent également du terrain en Europe où cependant, c’est la question de l’égalité salariale qui demeure prioritaire.
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE