C’est la rentrée et après la trêve estivale, nous reprenons, comme promis, nos bonnes habitudes : la revue de web revient!
Et ça tombe bien, car l’été aura été riche de débats et pistes de réflexion sur le leadership féminin et tous les thèmes qui l’accompagnent.
Voici notre tour d’horizon de la toile des deux mois écoulés…
L’événement de l’été : les Jeux de Londres, champions de l’égalité?
Vous n’avez pu y échapper… Les Jeux Olympiques ont occupé jusqu’à 17 heures par jour sur vos écrans télé.
Etait-ce 8 heures 30 de sport masculin et 8 heures 30 de sport féminin, en bon respect de la parité?
Pas tout à fait, rappelle la journaliste Fabienne Broucaret dont nous avons suivi avec passion les tribunes dans le Plus de l’Obs et sur son blog Sportissima.
Insuffisante visibilité des athlètes féminines et insuffisante représentation des femmes parmi les commentateurs sportifs (comme l’a souligné le chroniqueur Bruno Roger-Petit), mais aussi traitement différenciée des athlètes selon leur genre.
En témoigne, par exemple la curieuse répartition des sièges d’avion entre hommes et femmes de l’équipe de basket australienne ou de l’équipe de foot japonaise comme le troublant strabisme des caméramen du beach-volley féminin.
Pour une analyse plus approfondie des Jeux sous l’angle de l’égalité hommes/femmes, consultez notre récent article « JO de Londres, champions de l’égalité? ».
Le grand espoir de l’été : l’égalité professionnelle au coeur de la conférence sociale
La Grande Conférence Sociale s’est tenue à Paris les 9 et 10 juillet derniers. C’est Muriel Pénicaud, DGRH de Danone, qui y a animé la table ronde consacrée à l’égalité professionnelle.
Lors de la matinée Orange du 11 juillet, nous avons ainsi eu la primeur des orientations du gouvernement sur ce sujet.
Point majeur à retenir : le gouvernement s’est engagé à considérer la question de l’égalité professionnelle comme une question transversale, et non une seule « question femmes », dans toutes les décisions qu’il prendrait.
Promesse faite? Promesse tenue! Deux circulaires ont été émises par Matignon à la fin du mois d’août invitant TOUS les ministères à faire de la parité un enjeu prioritaire.
A suivre…
Le classement de l’été : les 100 femmes les plus puissantes du monde selon Forbes
And the winner is… Angela Merkel!
La chancelière allemande (pour la 6è fois en pôle position du classement devance Hillary Clinton et Dilma Rousseff.
La seule française du classement, Christine Lagarde, est en huitième place.
On trouve aussi dans ce classement Marissa Meyer, la toute nouvelle Présidente de Yahoo, Sheryl Sandberg, la directrice générale de Facebook et Susan Wojcicki, la vie-présidente de Google.
La place des femmes du numérique dans ce classement ne peut qu’inciter à prendre en compte la montée en puissance des femmes dans le secteur et inviter à créer la République Numérique Paritaire, ainsi que l’appelle de ses voeux Isabelle Germain, rédactrice en chef des Nouvelles News…
A noter au passage que le numérique passionne précisément les EVEsien-nes qui auront le plaisir d’être initié-es lors à ces questions du prochain séminaire d’Evian par notre « reverse mentor » attitrée, Aurélie Truchet. A suivre…
Les débats de l’été : le « having-it-all » et le « deuxième sexisme »
– « Having-it-all » : les femmes peuvent-elles tout avoir et doivent-elles tout vouloir?
C’est la question que soulève, non sans provocation, Anne-Marie Slaughter en Une de The Atlantic.
Cette ancienne directrice de la Planification Politique auprès d’Hillary Clinton questionne la possibilité réelle pour les femmes de mener de front une carrière ambitieuse et une vie de famille épanouie.
Estimant que dans le contexte actuel des structures sociétales, cet objectif est inatteignable pour les femmes à un très haut niveau de responsabilité, elle fait de très intéressantes propositions pour améliorer immédiatement la conciliation vie privée/vie professionnelle . A lire…
– La nouvelle frontière de l’égalité serait-elle de la lutte contre le sexisme anti-hommes?
L’universitaire sud-africain David Benatar s’est fait remarquer fin août avec la publication d’un essai polémique intitulé « The Second Sexism, Discrimination Against Men and Boys».
A l’appui de statistiques sur la population carcérale (composée à 92% d’hommes aux Etats-Unis), la violence ordinaire (les agressions touchent majoritairement les hommes, à l’exception notable des agressions sexuelles et conjugales), l’espérance de vie masculine ou la garde des enfants en cas de divorce, Benatar élabore une théorie de la discrimination envers les hommes qui va des systèmes d’éducation qui seraient favorables aux filles jusqu’à la mise en cause des dispositifs législatifs en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans les espaces d’influence et de gouvernance.
Alors, le « deuxième sexisme », réalité ou cabale anti-féministe visant à contrer la montée en puissance des femmes ?
Interrogé par le magazine ELLE, Patric Jean, réalisateur du film La domination masculine tiré de l’ouvrage éponyme de Pierre Bourdieu parle d’ « ouvrage masculiniste » visant à « mener un combat politique contre l’émancipation des femmes ». Un point de vue partagé par la philosophe Geneviève Fraisse qui y voit le signe d’une « peur de l’égalité et de la liberté ».
Mais le psychanalyste Michel Schneider ou la philosophe Elisabeth Badinter en appellent, eux, à une prise en compte d’un « sexisme réel », qui bien qu’il soit « moins massif et moins spectaculaire » que celui qui vise les femmes n’en est pas moins un problème de société engageant l’ensemble des relations hommes/femmes. Une opinion que l’on retrouve également sous la plume de Suzanne Moore dans The Guardian.
Pour prolonger la réflexion, on relira utilement notre entretien avec Brigitte Grésy, sur le poids des normes masculines et les ambivalences des hommes à l’égard de la montée en puissance des femmes.
Les héroïnes de l’été : Blanche-Neige e(s)t Rebelle
– La nouvelle Blanche-Neige a-t-elle un potentiel de rôle-modèle?
La critique cinématographique a vu dans Blanche-Neige et le Chasseur de Rupert Sanders, sorti sur les écrans au début de l’été, un remake féministe des précédentes adaptations du conte des frères Grimm.
Ici, plus de prince charmant attendu comme le messie, plus de souffrance passive sous le poids écrasant de la structure familiale matriarcale, plus de naïveté navrante de la souillon confinée aux tâches ménagères…
Mais une Blanche-Neige pro-active, maîtresse de son destin, débordant de l’énergie de la révolte...
– Rebelle, mais pas trop?
Les studios Pixar comptaient quant à eux, lancer un pavé dans la mare avec Rebelle, le premier dessin animé ouvertement féministe dont le personnage de l’impétueuse Merida est la seule fille du monde à ne pas vouloir devenir princesse.
Mais en cours de production, la réalisatrice Brenda Chapman, s’est vu débarquée et remplacée sans ménagement par Mark Andrews. Quand son successeur évoque son rôle de sauveteur du film, la réalisatrice, qui se dit « dévastée » d’avoir vu son histoire lui échapper, invoque le sexisme lattent dans les milieux créatifs : « Parfois, les femmes expriment un idée et sont éliminées, simplement pour laisser un homme développer la même idée afin qu’elle soit mieux acceptée. Tant qu’il n’y aura pas plus de femmes à de hautes responsabilités, le système continuera de fonctionner comme ça« .
Et vous, quelles sont les actualités marquantes que vous retiendrez de cet été 2012?
Marie Donzel