A la veille de la trêve des confiseurs, le webmagazine Eve vous propose sa dernière revue de web de l’année 2017.
Voici les 6 actus sur le front de l’égalité, de la mixité et du leadership équilibré, qu’il ne fallait pas rater en décembre cette année.
La cover du mois : Time célèbre « celles qui ont brisé le silence »
Le dernier trimestre de l’année 2017 a été indiscutablement marqué par la vague mondiale #MeToo qui pourrait bien parvenir à imposer une tolérance zéro sur le harcèlement et les agressions sexuels.
Tandis que les femmes d’Hollywood continuent à porter le flambeau (elles se sont vêtues de noir pour les cérémonies des Golden Gobes afin de protester silencieusement contre les complicités dont ont bénéficié des agresseurs dans le milieu du cinéma), de nouveaux limogeages d’hommes en vue ayant eu des comportements déplacés voire agressifs à l’égard des femmes ont fait l’actu ces dernières semaines, plusieurs gouvernements de par le monde dégage du budget pour des plans d’action correspondant à l’ampleur du fait, les entreprises mettent le sujet à l’agenda…
L’événement fera date dans l’histoire des droits des femmes et c’est ce qui a convaincu la direction de Time de consacrer sa traditionnelle cover sur « la personnalité de l’année » aux « silence breakers » qui ont lancé et porté le mouvement. Derrière ce collectif désigné « person of the year », on découvre, au fil des pages de l’hebdo, l’activiste Tarana Burke qui est à l’origine du mot d’ordre « Me Too » lancé il y a déjà 10 ans ; Susan Fowler, l’ingénieure de la Silicon Valley qui a dénoncé un dirigeant harceleur ; la sénatrice Sara Gelser qui a rassemblé des élues victimes d’un même collègue, la lobbyiste Adame Iwu dont la pétition a déclenché une enquête d’état au Sénat, les actrices qui ont brisé l’omerta protégeant Weinstein.
La tribune du mois : Sheryl Sandberg met les points sur les i
3 décembre, 14h58, en direct du réseau social qui porte le nom de la boîte dont elle est la numéro 2, Sheryl Sandberg publie un long post en forme de tribune pour dire ce que recouvre la problématique #MeToo et ce qu’elle impose de devoirs au monde du travail.
Les points sur mis sur les i : les agissements sexistes dans le cadre professionnel ne procèdent pas de rapports de séduction, mais sont la résultante de rapports de pouvoir.
Evoquant son cas personnel de femme qui a eu la chance de n’être jamais harcelée, elle dit y avoir échappé seulement parce qu’elle a été en situation de refuser les avances pressantes d’hommes qui « avaient plus de pouvoir » qu’elle, mais pas suffisamment pour que sa carrière dépende d’eux. Et d’ajouter « Ce n’est pas une coïncidence », c’est parce qu’ils étaient en position de supériorité qu’ils « se sentaient libres de franchir cette ligne ».
L’auteure de Lean In, fer de lance du leadership féminin aux Etats-Unis, estime de ce fait que l’une des clés de la lutte contre les comportements déplacés d’hommes réside dans un meilleur équilibre des genres à tout niveau des organisations.
La femme primée du mois : Asli Erdogan, Prix Simone de Beauvoir
Le jury du Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes a annoncé le 12 décembre le nom de sa lauréate 2018 : Asli Erdogan. La journaliste et militante des droits humains turque en liberté provisoire depuis décembre 2016 après son incarcération pour délit d’opinions l’été précédent, est récompensée pour son « courage inouï » autant que pour son « œuvre magnifique » dit le communiqué du Prix Simone de Beauvoir présidé par Sihem Habchi.
Avant Asli Erdogan, le Prix a distingué Taslima Nasreen, Lioudmila Oulitskaïa, Malala Yousafzai, Michelle Perrot…
La prodige du mois : Marley Dias entre dans le classement Fortune à seulement 12 ans
Forbes vient de faire paraître son dernier classement des « under 30 » : 600 talents de moins de 30 ans à suivre de près… Un enthousiasmant palmarès dont la benjamine n’a que 12 ans et déjà à son actif un beau parcours d’entrepreneure sociale : Marley Dias a fondé il y a deux ans un club de lecture qui s’est depuis mué en bibliothèque communautaire.
Son initiative #1000BlackGirlBooks est née de sa frustration de ne pas avoir accès, dans les rayonnages de la bibliothèque scolaire, à des livres mettant en scène des héroïnes auxquelles elle pourrait s’identifier. La voilà donc qui lance un appel à toutes les fillettes comme elles qui manquent de rôles-modèles : partagez les lectures qui vous parlent !
Deux ans après, un fonds de plus de 1000 titres offrant une vraie diversité de personnages est constitué et Marley mobilise des financements pour qu’ils soient distribués dans les écoles des Etats-Unis, de la Jamaïque et de l’Afrique du Sud. Chapeau !
En 2018, le premier livre signé Marley Dias va paraître : elle y livre à ses congénères adolescent·es des conseils pour réaliser un projet militant qui leur tient à cœur.
Le discours du mois : Justin Timberlake fait l’éloge des femmes puissantes
6 décembre 2017 : Justin Timberlake ouvre, à l’invitation du journal « Hollywood reporter », une cérémonie de remise de prix à des femmes exemplaires du monde du divertissement. Ca commence sur le ton de la plaisanterie, avant que Timberlake entre dans le vif du sujet : « Personne ne se pose la question de savoir comment font les papas qui travaillent parce qu’on connaît tous la réponse : les femmes ».
Et de dire son admiration pour toutes les femmes, estimant que c’est « une chance » pour des hommes comme lui d’intéresser les plus fortes et les plus intelligentes d’entre elles. Alors, à ses camarades masculins, il envoie un message fort : « nous avons la parole, faisons en usage pour dire ce qui ne va pas » dans les rapports entre les sexes.
La playlist du mois : des chants de Noël revisités pour promouvoir l’égalité
Fin novembre 2017, le HuffPost publiait un article relatant l’étude d’une psychologue clinicienne sur les effets néfastes des chants de Noël, facteur de fatigue nerveuse selon les résultats de ses travaux sur l’ambiance sonore dans les magasins à l’approche des fêtes !
Une agence de pub britannique a peut-être trouvé la solution pour s’énergiser sans renoncer au rite des christmas charols : la parodie girl power des bons vieux cantiques. C’est drôle, c’est bien vu et ça remet les idées du vieux tonton misogyne en place, lequel pourrait peut-être du coup prendre pour 2018 la bonne résolution de rompre avec les stéréotypes.
Notre bonne résolution à nous, tout de suite, c’est de vous retrouver dès la rentrée, pour poursuivre la veille de l’actualité, vous proposer des synthèses des études les plus récentes sur la mixité, vous inspirer avec des portraits et interviews de personnalités exemplaires et des initiatives porteuses de progrès…
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE