Oui d’accord, belle idée, mais voilà : par où je commence ? J’ai une vie personnelle à préserver, moi. Ça va me demander des heures de palabres et je vais me faire des nœuds dans la tête. D’abord, je dois convaincre mon patron de me disponibiliser (un peu ? beaucoup ?) sur le sujet. Puis, je dois concerter avec les RH, qui ont un avis sur la question, c’est sûr, mais pas encore vraiment tranché ni vraiment unitaire. Et il y a mes pairs : du oui mou, vas-y, « pourquoi pas ? » au « qu’est-ce qu’il en pense le grand chef ? ».
Je passe tantôt pour Zorro tantôt pour une rêveuse avérée. En plus, ils sont nombreux à vouloir s’en occuper juste pour dire qu’ils sont sur le coup ! Et qu’est-ce que je vais y gagner, moi, à m’occuper de ce truc compliqué ? Mes points de valorisation et de reconnaissance ne sont-ils pas plutôt dans la réussite des objectifs qu’on m’a fixés ? Dans le 100% pro ?
Oui mais voilà, ça me taraude… Et je sens bien qu’il faudrait que quelqu’un s’y colle pour faire bouger les choses…
Sans parler du temps que je perds à gamberger sur la misogynie ambiante : du « Ma p’tite dame » au regard en coin – voire sur les fesses ou les seins. Les questions d’équilibre de vie, totalement balayées quand il faut, pour la 5ème fois de la semaine, se voir imposer la réunion à 19h (parce que les autres n’ont pas d’autres créneaux), la question de l’égalité des compétences (oui, mais le poste a été donné à un homme !), la question de la place à prendre ou qui est déjà prise… et puis le manque de confiance, le doute, le ras-le-bol, l’écœurement.
Alors je me dis « il faudrait transformer la culture de l’entreprise »… et puis non ! C’est l’entreprise qu’il faudrait transformer, c’est trop bête de rester comme cela. Et je me mets à penser : à mon plaisir de côtoyer des femmes, à mon plaisir de côtoyer des hommes qui se donnent du mal à l’égard des femmes, qui réfléchissent, qui comprennent. Et puis je rêve d’une vraie opération de com coup de poing. Et d’un avant/après. Et d’actions de long terme… et des combats qu’il faut mener tout de suite et des succès qu’on aura.
Ça me donne du punch, ça me donne envie, c’est citoyen et mon homme sera fier de moi….
Virginie, directrice de la communication SNCF