Chaque mois, le webmagazine EVE vous propose sa sélection commentée d’actus marquantes sur le front de l’égalité professionnelle et du leadership équilibré.
L’actu mixité des CA du mois: Suède, pas de quota imposé pour la parité dans les Conseils d’administration
A l’heure où la France présente un bilan globalement positif des retombées de l’application de la loi Copé-Zimmermann dans les conseils d’administration, le parlement suédois a, de son côté, rejeté ce projet de loi. Avec 32% de part de femmes dans les CA (contre 23% pour la moyenne européenne), la Suède se place plutôt bien sur le sujet de la féminisation des CA, sans pour autant exiger de quotas. Le pays nordique ne souhaite pas imposer de chiffres aux sociétés, préférant la liberté des objectifs quantitatifs fixés volontairement par les organisations, comme pratiqué en Finlande ou en Espagne. Pour montrer la voie, le gouvernement suédois affiche déjà une parité parfaite dans les conseils d’administration des entreprises détenues à 100% par l’Etat.
La question, maintenant, est de savoir quelle position adoptera le pays face à la directive européenne, consistant à féminiser à hauteur de 40% les CA des grandes entreprises européennes en 2020, et prévoyant, quant à elle, des sanctions pour celles n’appliquant pas la procédure.
L’envolée du mois : des aérodynes pour l’égalité femmes-hommes
Une initiative aussi colorée que symbolique a été proposée en Inde par le collectif Mahila Atyachar Virodhi Manch à l’occasion du festival annuel Makar Sankranti. Pour marquer la fin de l’hiver et le début de l’été, des cerfs-volants volent dans tout le pays chaque mois de janvier. En parallèle, pour dénoncer les atrocités de l’affaire du viol collectif de Nirbhaya et rappeler les droits des femmes, les activistes ont fait s’élever des cerfs-volants. Ils souhaitaient par cette action valoriser la coopétition, cette fameuse façon de se challenger mutuellement sans pour autant se tirer dans les pattes. C’est toute une symbolique qu’il faut saisir dans ce geste. Symbole de l’âme qui s’élève au-dessus du corps, le cerf-volant a besoin d’être relié à sa base pour naviguer et le collectif revendique ici la nécessité de ne pas priver les femmes de leurs droits mais de les accompagner pour mieux voler.
L’empowerment du mois : les femmes sollicitent les emplois délaissés par les hommes
Au Tadjikistan, plus de 12% de la population, principalement des hommes, a quitté le pays pour travailler à l’étranger. Se tournant vers la Russie pour 90% d’entre eux, ils ont laissé vacants leurs postes de travail. Dans un premier temps, les familles restées au pays ont vécu des pensions des hommes. Cependant, la récession économique de la Russie a entraîné une diminution des revenus des ménages et les femmes ont alors choisi de reprendre les activités délaissées par leurs conjoints. Un moyen, pour elles, de maintenir leur niveau de vie et une bonne nouvelle pour le Tadjikistan, dont l’économie a besoin de forces vives sur son territoire. En gagnant leur propre salaire, cette initiative a ainsi permis aux femmes de gagner en autonomie, d’être impliquées dans les questions d’argent et d’accéder à des postes historiquement réservés aux hommes. Une nouvelle fois, comme un hommage à John Stuart Mill, l’adage, selon lequel il est vain et absurde de se priver de la moitié des forces de l’humanité, se vérifie.
Le rapport du mois : quand le gouvernement britannique pointe les discriminations liés à l’apparence
Suite au licenciement d’une réceptionniste pour refus de port de chaussures à talons hauts au Royaume-Uni, une enquête avait été ouverte au parlement sur les obligations vestimentaires sur les lieux de travail. Teintes de cheveux obligatoires, ports de vêtements révélateurs et de talons hauts font partis des contraintes imposées aux centaines de femmes interrogées. Le gouvernement britannique souhaite donc réviser la loi « Equality Act » encadrant ces pratiques et jugée trop imprécise pour pouvoir empêcher et sanctionner les entreprises obligeant les salarié.es à se plier à ces pratiques.
Ce rapport signe l’intérêt croissant des institutions et organisations pour le sujet montant de la discrimination à l’apparence (que nous avions eu la chance d’évoquer avec la psychologue Sophie Cheval), qui recoupe avec celui de la mixité, nous concernant toutes et tous (les hommes étant parfois plus contraints par les exigences du code vestimentaire).
La marche du mois: la Women’s March, un phénomène mondial
Le mouvement parti de Washington a invité les militant.es à marcher pour défendre les droits des femmes et LGBT, porter la voix du progressisme social, promouvoir les valeurs de l’inclusion, de l’égalité etc… La marche a eu lieu le 21 janvier, en l’occurence au lendemain de l’investiture de Donald Trump, prenant de ce fait des allures de revendications mondiales.
Cette vague de manifestations, exprimant les inquiétudes et parfois la colère des activistes, a dépassé les frontières puisque plus de 400 marches ont été organisées dans 70 pays, réunissant au global cinq millions de personnes reprenant le propos anti-trump. Voilà qui en dit long sur le statut encore vivace de « modèle » de progrès que représente les Etats-Unis, quand des menaces sur les droits humains y pèsent, donnant au monde entier le sentiment d’un possible recul des libertés. L’avenir de cette marche dépendra sans doute de sa capacité à dépolariser son attention et son propos de la seule situation américaine.
La gaffe du mois: Express illustre sa « une » dédiée aux femmes par le symbole masculin
Avec une sincérité manifeste, le supplément gratuit du Washington Post a souhaité, à l’occasion de the Women’s March, mettre les femmes à l’honneur dans son numéro du 5 janvier. Mais oups ! Un énorme contre-sens s’est glissé dans l’illustration pleine page de ce papier monté en une ! Au lieu de présenter le symbole gamète femme c’est le symbole masculin qui est apparu. Le fou rire l’a disputé à la consternation sur les réseaux sociaux mettant la rédaction dans un terrible embarras. Excellente réaction néanmoins : retrait immédiat de la page, excuses publiques et rectification dans la foulée. Peut-être est-ce l’inconscient du directeur artistique qui a parlé : aurait-il voulu, en réalité, inciter les hommes à massivement s’engager et faire preuve de sororité ?
Elina Vandenbroucke et Marie Donzel, pour le webmagazine EVE.