La chronique livres du blog EVE – avril 2015
Le blog EVE vous invite incessamment à enrichir la bibliothèque idéale d’un leadership équilibré et partagé, qui autorise chacun-e à oser, à s’affirmer tel-le qu’elle ou il est, à s’engager différemment s’il le faut, pour son propre développement perso et pro comme pour son environnement.
Voici notre sélection de « bouquins qui font du bien » pour le mois d’avril 2015.
33 histoires de femmes et d’argent, de Marie-Françoise Hans – Editions l’Âge d’Homme
Les femmes gagnent leur vie. C’est, dans certaines contrées du moins, acquis. Pour autant, elles ne la gagnent toujours pas aussi bien que les hommes, même si on les dit de plus en plus nombreuses à être les « breadwinners » de leurs foyers. Et même quand elles sont farouchement attachées à leur autonomie financière et effectivement capables d’obtenir des rémunérations égales ou supérieures à celle des hommes, entretiennent-elles à l’argent un rapport aujourd’hui complètement débarassé de stéréotypes et de culpabilités? La réponse semble quasiment contenue dans la question. Mais la réalité est probablement plus subtile, qui articule prégnance des socio-schèmes culturels, contextes économiques en mutation et stratégies individuelles et familiales réinventées.
L’essayiste Marie-Françoise Hans est allée y voir de plus près, en invitant 33 femmes d’horizons et d’âge variés, à évoquer sans fards leur rapport à l’argent. Entre rémanences d’une enfance marquée parfois par les disettes mais aussi par les grands combats pour l’égalité, perceptions intimes et morales du travail et de ses mérites, parcours affectifs, familiaux et professionnels pas si linéaires, ces prises de parole, souvent poignantes, parfois cocasses, annoncent la naissance d’un vrai questionnement des femmes, non plus seulement sur les moyens de leur autonomie et/ou l’usage admissible de leur pouvoir d’achat, mais aussi et surtout sur l’expression de leur(s) valeur(s) sur le marché du travail et dans la société.
Quel genre?, de Christine Detrez – Editions Thierry Magnier
Comment parler des stéréotypes sexistes à ses ados? Comment leur ouvrir le plus vaste champ des possibles dans l’existence et leur permettre de devenir pleinement eux-mêmes et elles-mêmes, tout en valorisant les différences, toutes les différences. Après le temps des malentendus sur les mots et des débats d’idées braqués, l’universitaire Christine Detrez (experte des pratiques culturelles des adolescent-es et des questions d’égalité femmes/hommes), fait le point sur la notion de « genre » dans un ouvrage à destination aussi bien des jeunes adultes que de leurs parents.
Où l’on rappelle l’histoire d’une notion née sous la plume des pionnier-es de l’anthropologie (dont Margaret Mead) et dont se sont emparés la psychiatrie puis les mouvements en faveur de l’égalité, avant que ses détracteurs et détractrices en fassent un objet de controverse morale. Où l’on explique aussi, comment les inégalités se construisent au travers de la perpétuation, de la naturalisation et de la rationalisation de stéréotypes dont on a parfois tendance à oublier qu’ils sont fruits de perceptions collectives plus que de nature objective. Où l’on apprend enfin à ouvrir grand le regard sur la diversité qui, en chacun-e, fait la richesse des personnes et des relations, pour oser un développement de soi plus libre et des interactions plus curieuses.
Knowing mothers, Researching maternal identity change, de Wendy Hollway – Palgrave McMillan Publishing
Etre mère aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie? A l’ère de la parentalité choisie et peut-être de mieux en mieux partagée, la maternité change de visage. Ce qui se lit dans la statistique (de la natalité, de l’âge moyen des femmes au premier enfant…) s’observe aussi dans des évolutions des perceptions psycho-sociales de la féminité, des parcours individuels des femmes (et des hommes) et de la famille.
Mais qu’est-ce qui se joue exactement dans cette recomposition de « l’institution maternelle »? Comment cohabitent aujourd’hui des « socio-types maternels » d’une grande diversité, quand tout en affirmant plus que jamais un désir d’être pleinement mères, les femmes assument aussi leur volonté de ne pas être « que » mères? Les études passées et actuelles sur le fait social de parentalité restituent-elles ces variétés de situations et ces ambivalences? Et permettent-elles de penser utilement l’action en faveur de l’égalité si elles passent en partie à côté de la complexité du sujet? L’experte en psychologie sociale Wendy Hollway est partie sur les traces des mères du XXIè siècle, en mettant en oeuvre une méta-méthodologie qui délivre des clés de compréhension de la maternité contemporaine autant qu’elle questionne les approches traditionnelles de la famille dans les sciences sociales.
Sélection établie par Marie Donzel, pour le blog EVE.