Depuis déjà 7 ans, le salon « Créer« , porté le Conseil Régional Nord-Pas de Calais, la CCI Grand Lille, la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Nord-Pas de Calais et Lille Grand Palais, en partenariat avec le Crédit Agricole Nord de France et CERFRANCE Nord-Pas de Calais, offre à tous les entrepreneurs locaux une occasion de se rassembler pour échanger sur les grands enjeux de l’entrepreneuriat au XXIè siècle.
Pour la prochaine édition, qui se tiendra du 16 au 18 septembre à Lille Grand Palais, les organisateurs et organisatrices ont souhaité mettre l’accent sur les initiatives économiques au féminin avec une journée entière consacrée aux femmes et aux réseaux. Au programme : ateliers, sessions participatives, conférences, débats….
Fatiha Legzouli, Présidente de l’association Initiatives Plurielles, habituée du salon depuis ses débuts, se réjouit par avance de cette mise en lumière des femmes créatrices d’entreprise. Rencontre.
Programme EVE : Bonjour Fatiha, vous présidez l’association Initiatives Plurielles que vous avez fondée il y a une quinzaine d’année. Quelle est la vocation de votre association?
Fatiha Legzouli : L’association s’est créée en 1997, en lien avec le programme européen pour l’égalité des chances. Nous sommes parti-es d’un double constat : le premier, c’est que les femmes rencontrent de plus fortes discriminations dans le travail et qu’elles sont de ce fait, nombreuses à rechercher des alternatives à l’emploi salarié ; le second, c’est que malgré l’attirance des femmes pour l’entrepreneuriat, elles représentent moins de 30% des entrepreneurs français.
Quand on se penche ce sujet, on prend vite conscience que la promotion de l’entrepreneuriat au féminin pose des questions spécifiques et que les dispositifs classiques d’accompagnement ne répondent pas à toutes leurs problématiques…
Programme EVE : Quelles sont ces problématiques spécifiques des femmes entrepreneures?
Fatiha Legzouli : Pour commencer, elles ont généralement une moindre expérience des responsabilités en entreprise et la posture de leader ne leur est pas forcément familière. Elles peuvent même exprimer de la gêne à se présenter et se comporter comme « la cheffe ». On retombe bien entendu ici sur des enjeux de confiance en soi.
Pour répondre à ce besoin de prendre confiance en sa propre capacité à mener un projet et éventuellement une équipe, nous proposons aux femmes créatrices de les mettre en relation avec des femmes modèles inspirantes, des « marraines » formées à l’écoute active. Nous leur offrons aussi des ateliers sur l’affirmation de soi, le développement personnel, le rapport à l’argent ; des ateliers de solo-marketing personnalisés en fonction des défis de chacune ; des ateliers sur l’utilisation du web et sur la construction du réseau professionnel… Nous travaillions encore sur les filières : du fait de l’histoire industrielle de notre région, elles sont nombreuses à vouloir se lancer dans le textile mais aussi dans la restauration, les services à la personne et aux entreprises. Nous essayons d’explorer avec chacune, au cas par cas, les opportunités diverses qu’elles peuvent saisir pour développer leur business.
Programme EVE : Combien de femmes l’association Initiatives Plurielles accompagne ?
Fatiha Legzouli : Nous avons 240 nouveaux accueils par an et comme nous suivons les projets sur la durée, nous comptons autour de 300 femmes actuellement accompagnées par l’association.
Programme EVE : Vous serez cette année au salon « Créer ». Quel est le sens de la participation de votre association à cet événement ?
Fatiha Legzouli : Nous y participons tous les ans, depuis les débuts. Nous y tenons un stand, nous y animons des ateliers, intervenons dans des tables rondes. C’est une occasion pour nous de mettre en lumière la vitalité de l’entrepreneuriat au féminin et les bénéfices de la mixité professionnelle pour tous, hommes et femmes.
J’observe ces derniers temps un vrai changement de regard sur ce thème : il y a encore quelques années, on devait se justifier en permanence, parfois répondre à certaines attaques sur le principe même de la promotion des femmes, ré-expliquer à tout bout de champ le sens de notre démarche ; aujourd’hui, j’observe que la pertinence et la légitimité du soutien à l’entrepreneuriat au féminin sont admises. Que le Salon « Créer » consacre une journée entière sur trois au thème « les femmes et les réseaux » est le signe manifeste que le travail que nous menons depuis plus de quinze ans porte vraiment ses fruits et acquiert une véritable reconnaissance. Enfin!
Propos recueillis par Marie Donzel
