La crise du Covid a un effet foudroyant sur notre rapport au travail et sur notre quête de sens. Quand certain·e·s rêvent de prendre la poudre d’escampette car ils/elles sont coincé·e·s dans leur deux-pièces en ville, d’autres s’exilent hors des grandes agglomérations et goûtent à la vie au grand air en pensant très fort « changement d’activité ». Quant à celles et ceux qui ont déjà tenté (et réussi) leur reconversion professionnelle ou qui ont toujours exercé le métier de leur rêve, plus chanceux·ses, ils/elles se disent tout simplement « qu’est-ce que je suis heureux·se de faire ce que je fais ! ». Leur point commun ? S’être posé·e·s un jour pour s’interroger sur le sens de leur travail. Leur point de divergence ? En avoir tiré des conclusions parfois bien différentes.
À l’heure où le télétravail s’étend, où le marché du recrutement montre des signes de bloquage dans certains secteurs, où chacun·e rêve à de nouvelles aspirations, où en est notre vision du travail ? Le travail a-t-il encore un sens, et s’il en manque, comment lui en (re)donner ? Voici quelques pistes de réflexion à creuser et quelques astuces à adopter si votre quête de sens s’inscrit au cœur de votre vie professionnelle…
(Re)donnez du sens au sens !
Dans sa définition la plus prosaïque, le sens, c’est tout simplement… la direction ! Alors, que vous soyez en début, en milieu, ou en fin de parcours, posez-vous d’abord ces questions : avez-vous l’impression que votre parcours professionnel va dans le bon sens ? dans la bonne direction ? Être sur un chemin de traverse n’est pas la même chose qu’être dans une impasse ou dévier d’un itinéraire balisé. Vous êtes du genre à vous dire « Je me suis trompé·e de chemin », « j’ai mal été orienté·e au lycée », « je ne sais plus où je vais » ? Pour (re)donner un véritable sens, une véritable direction à votre travail, déjà, (re)faites-vous confiance !
Comme si vous conduisiez une voiture, dites-vous que c’est vous qui tenez le volant de votre parcours professionnel. Quelle que soit la manœuvre et même si certaines voies vous paraissent aujourd’hui bloquées, vous finirez par trouver la bonne impulsion pour rectifier votre itinéraire et réorienter votre parcours dans le bon sens. La première chose dont il faut être conscient·e en cas de contretemps sur un parcours, c’est que rien n’est jamais figé, encore moins une trajectoire qui vous implique vous et toutes les ressources personnelles que vous avez. Prendre conscience qu’on a la possibilité de rectifier le tir si l’on va dans le mauvais sens est donc la première chose à faire pour suivre le bon itinéraire professionnel, le « bon sens ».
Associez définition professionnelle et définition personnelle et voyez quel effet cela a sur vous
On le constate sans arrêt : après le sempiternel « Comment tu t’appelles ? », la deuxième question que nous posent des inconnu·e·s est : « Et qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Bon c’est vrai, parfois, ça nous lasse. La pression est telle qu’on a tendance à s’identifier à son travail et à identifier son travail à soi-même. Pas étonnant que dans une étude récente, 54% des actifs « jugent que le travail est l’un des trois éléments qui leur correspondent le mieux, qui permettent de les définir ». Si vous faites partie de ces actifs et que vous n’en souffrez pas, c’est sans doute que votre travail a un sens important pour vous, qu’il fait partie de vos marqueurs d’identité, qu’il correspond à vos valeurs, à vos attentes, qu’il entre en cohérence profonde avec votre vision de la vie.
Mais si vous ne vous identifiez pas du tout à votre travail parce qu’il ne vous plaît pas ou si afficher votre activité vous met carrément mal à l’aise, essayez de déterminer pourquoi et depuis combien de temps. Est-ce une question de valeur ? D’utilité ? De burn-out, bore-out, brown-out ? D’absence de plaisir ? Quelles que soient vos réponses à ces questions, la problématique qu’elles rejoignent est plus généralement celle de votre motivation. Qu’elle soit intrinsèque (c’est-à-dire quand elle part de l’intérieur de vous-même) ou extrinsèque (c’est-à-dire quand elle est liée à l’environnement dans lequel vous évoluez), la motivation est une des composantes qui permettent de (re)donner un sens au travail. Bonne nouvelle, une perte de motivation qui s’installe dans le temps peut (re)donner l’occasion de mettre les choses à plat. Pour se re-motiver, il existe aussi des astuces.
(Re)trouvez le courage d’inventez ou de réinventer votre travail
Qui n’a jamais entendu un·e collègue dire sur un ton mi-sérieux mi-plaisantin : « C’est décidé, demain, je fais mes bagages et je m’installe dans le Vercors pour élever des chèvres ! » Loin du cliché du/de la trentenaire parisien·ne dynamique qui reprend du jour au lendemain une exploitation agricole, la mobilité professionnelle nous attire tou·te·s un jour où l’autre. Et ça y est ! On se prend à rêver reconversion, humanitaire, Sud, digital nomadism, artisanat, etc. Cette envie soudaine de tout plaquer est d’abord liée à notre quête de sens. Or, vouloir (re)donner du sens à son travail signifie qu’il n’en a plus ou qu’il en manque. Et voilà que le « bullshit job » de David Graeber vous trotte en tête. Vous savez, ce « boulot à la con » « si inutile, absurde, voire néfaste que même le salarié ne peut en justifier l’existence, bien que le contrat avec son employeur l’oblige à prétendre qu’il existe une utilité à son travail. » Or, on peut parfois avoir l’impression de tomber malgré nous dans cette définition. Vous n’osez par encore laisser tomber votre CDI en grande agglomération pour une exploitation en rase campagne ? Pensez peut-être à des options intermédiaires !
Si vous vous sentez qualifié·e pour effectuer une tâche qui a du sens pour vous mais qui n’entre pas dans le champ de votre travail, faites-en part à votre manager. Si un poste qui ressemble davantage que le vôtre à celui que votre formation initiale vous permettait d’occuper se libère au sein de votre boîte et qu’il vous fait envie, annoncez que vous candidatez. Si vous avez l’impression d’avoir trouvé une solution innovante qui permettrait de régler un problème rencontré par votre équipe, partagez-le avec votre collectif. Si vous avez toujours souhaité porter un projet qui vous tient à cœur, osez en parler autour de vous. Pensez également à la validation des acquis de l’expérience (VAE) si vous avez l’impression que les compétences que vous avez acquises au cours du temps vous donnent accès à d’autres postes. N’oubliez pas non plus l’intrapreneuriat. Il est possible qu’un programme dédié existe déjà dans votre entreprise. Dans le cas contraire, pourquoi ne pas oser en monter un vous-même ? Enfin, vous avez aussi la possibilité de demander à faire le point sur votre parcours et vos attentes grâce à un dispositif gratuit, le conseil en évolution professionnelle.
Développez vos compétences
Peut-être que cela vous est déjà arrivé : cette impression de stagner et de chercher des repères qui se combine avec une baisse ressentie de performance. Votre première pensée ? Aller jeter un œil du côté des « autres » pour voir ce qu’ils font pendant que vous êtes en plein doute. Et zou ! Vous vous retrouvez à naviguer sur LinkedIn. Et vous voilà à comparer votre parcours avec ceux d’ancien·ne·s collègues, d’ancien·ne·s camarade·s, d’ancien·ne·s chef·fe·s qui en sont à peu près au même stade de leurs carrières que vous, voire qui en sont à un niveau d’expertise que vous n’avez pas encore atteint. Profil après profil, ça fait tilt : certains d’entre eux/elles maîtrisent des outils et ont des compétences que vous ne connaissez pas ou qui ne vous semblaient pas si utiles que ça pour réussir au poste que vous occupez. Et si vous contactiez certaines de ces personnes afin qu’elles vous parlent de ces compétences, de ces outils et de la manière dont elles ont enrichi leur travail et donc, se sont enrichies elles-mêmes ?
Car oui, la variété des compétences que vous êtes amenés à développer tout au long de votre parcours alimente la notion de sens du travail. Hard skills ou soft skills, dans un premier temps, listez les compétences que vous n’avez pas et dont l’acquisition ou l’approfondissement pourraient booster votre personal branding, vous permettre de relancer votre moteur intérieur, vous (re)donner une flexibilité psychique. Dans un second temps, cherchez une manière de vous y former. Compte formation, dispositifs articulés par votre entreprise, reprise d’études, autoformation : votre cas personnel s’adaptera forcément aux nombreuses possibilités qui vous sont offertes. Dans un troisième et un quatrième temps, formez-vous et appliquez vos nouvelles compétences. La satisfaction d’avoir acquis un nouveau savoir et de pouvoir l’utiliser, voire le partager, vous permettra d’actualiser le sens que vous donnez à votre travail.
Transmettez vos savoir-faire ou utilisez-les davantage au service du collectif
« Quand je vois comment tu maîtrises InDesign, je me dis que je suis nul ! » « Dis, toi qui es douée en négo, t’aurais pas un tuyau à me filer ? » « Tu voudrais bien nous briefer sur le nouveau projet ? On a plus que besoin de ton esprit de synthèse. ». Vous avez déjà entendu des remarques ou des suggestions similaires ? Alors c’est peut-être que vous possédez une ou plusieurs compétences à même de pouvoir inspirer, former et renforcer votre collectif. Vous le savez mieux que personne, on ne travaille jamais vraiment en vase clos. Quelle que soit l’activité que l’on exerce, on finit forcément par être en contact avec quelqu’un qui a besoin d’un coup de main pour effectuer une tâche inconnue.
Alors, si vous avez un savoir-faire pour lequel on vous réclame sans cesse parce que vous le maîtrisez parfaitement, transmettez-le ou faites-en bénéficier votre collectif. Parce qu’au-delà du sens que l’on accorde à son propre travail, transmettre, partager et mettre au service des autres une compétence reliée à son parcours professionnel est un gage de sens en soi. Cela vous offre une possibilité supplémentaire de réseauter et donne vie à des notions parfois abstraites d’accomplissement et de développement personnel. Cela peut permettre de garantir le succès d’une personne, d’une équipe ou d’une entreprise. Et cela peut contribuer à faire de vous un.e change maker qui fait germer des projets parfois plus grands qu’elle/lui. Voilà qui (re)donne forcément du sens au travail !