Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu mixité, égalité, parité et équilibre des genres ces dernières semaines ? Pas de souci, la rédaction du webmagazine EVE vous propose une synthèse des infos qu’il ne fallait pas manquer…
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L’action solidaire du mois : la startup sociale Meet My Mama lance une levée de fonds
La startup sociale Meet My Mama, qui permet à des femmes réfugiées ou issues de l’immigration de bénéficier d’un parcours d’insertion dans le domaine culinaire, vient de lancer une campagne de levée de fonds sur lita.co. afin de récolter 300 000 euros.
Fondée par Loubna Ksibi, Donia Souad Amamra et Youssef Oudahman, Meet My Mama tente de répondre à une problématique sensible : le taux de chômage des femmes de nationalité étrangère installées en France est de 24% (8% pour les femmes françaises). Parmi les facteurs qui expliquent ce chiffre, une maîtrise de la langue incomplète, un manque de moyens et/ou de confiance en soi, un accès difficile aux outils qui permettent de pénétrer le marché de l’emploi. Pour tenter à son échelle de pallier ces freins, Meet My Mama propose un service de traiteur du monde dont les plats sont élaborés par des « Mamas » issues de la diversité et passionnées de cuisine. La startup, qui garantit à ces femmes une rémunération minimale de 2000€, veille également au respect de l’environnement en limitant son empreinte carbone et en luttant contre le gaspillage alimentaire. À terme, Meet My Mama souhaiterait se développer davantage en France, ouvrir des antennes à l’étranger, investir dans des outils technologiques, renforcer ses équipes et être en mesure de proposer une rémunération minimale de 2500€ à ses Mamas. Des objectifs non seulement louables en termes d’inclusion et de justesse salariale, mais aussi un exemple à suivre pour d’autres change makers qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat social.
La proposition du mois : 318 personnalités pour diversifier les noms de rue
L’historien Pascal Blanchard vient de proposer une liste de 318 personnalités issues des diversités dont les noms pourraient un jour s’afficher sur les plaques de rues, sur les façades des bâtiments publics ou sur tout autre espace de la vie collective et citoyenne (parcs, squares…). Alors qu’en France, plus de 4000 rues, places ou avenues rendent hommage au Général de Gaulle, plus de 2000 portent le nom de Louis Pasteur et plus de 1600 celui de Victor Hugo… seules 6% des voies sont désignées par le nom d’une femme. La « diversité ethnique » est également largement sous-représentée dans la cartographie odonymique de notre pays.
Selon diverses sources, scientifiques et/ou militantes, cette invisibilisation des femmes dans notre quotidien le plus banal est une triple peine pour la mixité : d’une part, elle constitue une omission injuste de la participation des femmes à l’histoire du pays ; d’autre part, elle entretient l’idée que les femmes n’ont pas participé à celle-ci ; enfin, elle prive les femmes et les petites filles d’aujourd’hui de « rôles modèles » nécessaires pour se projeter dans une destinée ambitieuse.
Espérons que les élu·e·s puiseront dans cette liste enrichie de passionnantes biographies pour nommer de nouvelles voies, de nouveaux bâtiments et autres espaces collectifs…
Le chiffre du mois : la proportion mondiale de femmes à des postes de direction atteint ENFIN 31%
Le leadership féminin progresse ! C’est ce que montrent les chiffres du Baromètre annuel Grant Thornton « Women in business », qui a pris en compte des données fournies par 10 000 entreprises réparties dans 29 pays pour tirer cette conclusion prometteuse. La proportion mondiale de femmes à des postes de direction dans des ETI (Entreprises de taille intermédiaire) est maintenant de 31%. Alors qu’elle était bloquée depuis 2019 à 29%, cette proportion a donc augmenté de deux points en un an malgré la pandémie en cours. Associée et Membre du Comité de Direction en charge de la politique RSE de Grant Thornton, Nathalie Margraitte rapporte que « franchir la barre de 30% de femmes à des postes de direction à l’échelle mondiale est une étape importante (…) – puisque le chiffre était de 19% il y a 17 ans ».
Pour ce qui est de la France, la proportion de femmes à des postes de top management est désormais de 33% selon la même étude. Une hausse significative attribuée notamment à l’index de l’égalité professionnelle. Cependant, il ne faudrait pas que la part des femmes siégeant au sein des CA des grandes entreprises cotées, qui est en constante augmentation en France depuis l’adoption de la loi de 2011, ne masque d’autres réalités liées à la crise du Covid. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a en effet rappelé il y a peu que « les répercussions (de cette crise) ont montré à quel point l’inégalité entre les sexes reste profondément ancrée dans les systèmes politiques, sociaux et économiques du monde ».
L’initiative du mois : la campagne #1000 possibles
À l’occasion du 8 mars 2021, Journée internationale des droits des femmes, la ministre Elisabeth Moreno a lancé une initiative aussi originale que forte sur le plan symbolique : offrir aux mille petites filles qui sont nées ce jour-là une source d’inspiration unique leur permettant de mieux appréhender tous les possibles ouverts devant elles. Ont ainsi été choisies 100 femmes issues d’environnements variés (le secteur du bâtiment, celui de la cosmétique, des transports, du soin, de la politique, de la science appliquée, des médias, de l’agro-alimentaire, de la distribution, de la tech, de l’art, du droit…) qui se sont chargées de leur écrire une lettre inspirante.
Derrière cette campagne, une intention claire : favoriser la mixité des métiers via la dynamique de « rôles modèles ». Le message? Rien ne sera impossible aux femmes de demain. En effet, si dès le plus jeune âge, chaque enfant a la possibilité de se projeter dans une existence plus riche et plus vaste que celle que tendent encore à véhiculer les stéréotypes de genre, alors certaines chances seront plus accessibles à tou·te·s. Grâce aux lettres qu’elles découvriront lorsqu’elles seront en âge de les lire, ces 1000 petites filles devraient en tout cas en prendre conscience plus facilement.
Si l’initiative est reproduite tous les ans, des dizaines et des centaines de milliers de filles pourraient être amenées à prendre davantage confiance en elles… et à se faire les ambassadrices de l’égalité de genre partout où elles seront amenées à évoluer !
La nomination du mois : Christel Heydemann et Julien Damon, missionnés pour travailler sur les temps de vie
Respectivement présidente de Schneider Electric France et conseiller scientifique de l’École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale (ENSSS), Christel Heydemann et Julien Damon ont été chargés par Élisabeth Borne (Ministre du Travail) et Adrien Taquet (Secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles) de mener un travail d’analyse sur la situation de la conciliation des temps de vie en temps de Covid. Ils devront dégager de leur mission des recommandations utiles afin de faciliter cette conciliation et de poser les bases d’une organisation du travail en meilleure adéquation avec les besoins personnels et familiaux des salarié·e·s.
À l’heure où les confinements ont mis en relief que le télétravail n’est pas nécessairement la solution la plus pertinente pour aider les salariés à concilier vie pro/vie perso et qu’il peut même contribuer au renforcement des inégalités hommes/femmes, des défis de taille les attendent. Entre autres thèmes, ils devront se pencher sur : les effets des écarts de conditions de vie personnelle sur l’égalité des chances face au parcours professionnel ; la nécessité de structurer des modèles alternatifs d’organisation du travail tout en gardant en tête l’inclusion ; les risques psychiques du télétravail liés à l’isolement ; l’influence que l’employeur peut exercer sur les choix individuels de partage des responsabilités domestiques et familiales, etc. Une mission qui recouvre donc des enjeux majeurs et qui devra aussi prendre en compte les inégalités salariales et la charge mentale des femmes pour être menée à bien.