Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu mixité, égalité, parité et équilibre des genres ces dernières semaines ? Pas de souci, la rédaction du webmagazine EVE vous propose une synthèse des infos qu’il ne fallait pas manquer…
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La question du mois : quels effets de la crise COVID sur l’égalité femmes/hommes ?
La Banque mondiale vient de rendre publique la 7è édition de son rapport « Entreprises et Législations en 2021 ». Au cœur de cette étude, la crise CoViD prend sans surprise une place de choix. A-t-elle engendré un recul de l’égalité à l’échelle mondiale ? Hélas, oui. Pour commencer, l’agenda des réformes légales en faveur de l’équité a pris du retard dans de nombreux pays. Avec cela, l’égalité effective dans les zones du globe bien outillées sur le plan législatif a pris un coup dans l’aile : la part de travail domestique réalisée par les femmes a crû, autant que leur charge mentale et elles se trouvent plus nombreuses à subir les effets de la crise économique (du fait notamment de leur part plus importante dans l’emploi précaire et dans l’emploi informel). Par ailleurs, les violences domestiques ont également connu un bond avec les confinements successifs dans les divers pays du globe.
Quelques lueurs d’espoir quand même : plusieurs pays ignorant les problématiques d’articulation des temps de vie ont œuvré à ce que leurs entreprises prennent davantage en compte la question des responsabilités familiales dans leur politique de management ; la limitation des primes et bonus directement liée aux pertes de chiffres d’affaires des entreprises a tassé les inégalités salariales et mis en évidence qu’une large part des écarts des rémunérations procède précisément du salaire non-fixe ; enfin, l’entrepreneuriat des femmes est en légère croissance, une augmentation attribuable en partie à l’entrée dans l’économie formelle de nombreuses travailleuses « invisibles »… Mais l’hypothèse d’un désir d’empowerment réactivé par la période de changement que nous vivons n’est pas à écarter.
La nomination du mois : Natalia Vodianova, nouvelle ambassadrice à l’ONU pour la santé des femmes
La célèbre mannequin russe vient d’être nommée ambassadrice de bonne volonté auprès de l’agence de l’ONU en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. Elle a annoncé vouloir orienter les actions de son mandat autour de l’acceptation du corps des femmes dans toutes ses dimensions. En tant qu’égérie de nombreuses marques et icône d’une beauté normée, elle évoque la question de la diversité des beautés féminines, de tous horizons et à tous âges.
Elle veut aussi voir tomber un certain nombre de tabous autour du corps des femmes, à commencer par la question des menstruations. Une question qui se joue sur le terrain culturel et symbolique (en finir avec l’expression du dégoût pour cette activité naturelle du corps des femmes) mais représente également un grand enjeu pour l’accès des femmes à l’éducation, au travail, à l’espace public. Selon l’UNESCO, au moins une fille sur 10 à travers le monde manque plusieurs jours d’école chaque mois à cause de ses règles. Le sujet de la précarité menstuelle est effectivement montant : après l’Ecosse, la France vient de s’engager à fournir des protections périodiques gratuites aux étudiantes. D’autres pays y pensent…
Sinon, dans l’appréhension des questions liées au corps des femmes, il ne faudra pas oublier celle, non moins taboue, de la ménopause…
La tribune du mois : méritocratie et égalité font-elles si bon ménage ?
Le sociologue François Dubet, connu pour ses travaux sur les systèmes scolaires et les inégalités sociales a fait paraître ce mois-ci une passionnante tribune sur les ambiguïtés de l’idéal méritocratique. Il questionne un certain nombre de faux-semblants dans notre vision de l’éducation, de la promotion, de la valorisation sociale et par extension des règles du jeu du monde du travail pour mettre en relief une certaine justification des inégalités, flatteuse pour celles et ceux qui « réussissent » et culpabilisante pour celles et ceux qui rament davantage.
Après d’autres sociologues célèbres, dont le fameux Bourdieu, il dénonce une certaine hypocrisie de la méritocratie : se sentent méritant·e·s non pas forcément les plus compétent·e·s mais celles et ceux qui maîtrisent le mieux les codes et ont accès aux opportunités de faire valoir leurs qualités. Ces catégories de populations privilégiées sans le conscientiser s’avèrent aussi les plus crispées quand il est question de mettre en œuvre des politiques d’égalité qu’elles perçoivent comme de la discrimination positive au lieu de les regarder comme des « correctifs » visant à contrer l’inégalité des chances.
Cette tribune tombe à pic en plein débat sur les quotas de femmes dans les COMEX… Ce dont on vous reparlera dans notre prochaine rubrique « débat ».
La série du mois : Neuf meufs en neuf fois neuf minutes
C’est une véritable friandise audiovisuelle que propose l’actrice et réalisatrice Emma de Caunes et le scénariste Diastème avec leur mini-série « Neuf meufs ». Neuf femmes d’âge et de conditions différentes, sont regardées avec une tendresse mêlée de truculence dans leur quotidien traversé de préoccupations fondamentales : désir de maternité, résilience après une épreuve traumatique, ambition professionnelle, questionnements sur ce que féminité veut dire… Elles ne se connaissent pas mais ont en commun d’habiter le même immeuble et de chercher assumer leur(s) désir(s).
Parfaitement addictive, la série est tour à tour drôle et poignante, mais surtout salutairement décomplexante. Avec ce kaléidoscope de la féminité au XXIè siècle, Emma de Caunes fait exploser la vision du « rôle modèle » normé pour donner aux femmes de tous horizons un vrai droit à être soi… Et montrer aussi aux hommes, pas les moins séduits par la série si l’on en croit les données d’audience, que l’idéal féminin univoque a vécu… Et que vive la diversité des femmes !
La curieuse idée du mois : des Japonaises admises dans les réunions… Pourvu qu’elles se taisent !
Il y a des lieux de pouvoir où l’on se préoccupe du syndrome de la schtroumpfette, d’éviter le mansplaining et le manterrupting… Et puis il y en a où les femmes sont priées de ne pas se présenter du tout. C’est comme ça que Yoshiro Mori, Président du comité d’organisation des JO de Tokyo voyait les choses, estimant que les femmes étaient « embêtantes » dans les réunions, notamment à cause de leur prétendue incapacité à se faire comprendre quand elles prenaient la parole.
Après une succession de réactions indignées de personnalités du Soleil Levant comme de la communauté internationale, le boss a accepté de revoir sa copie : ok pour intégrer 5 femmes parlementaires aux réunions du conseil d’administration du parti auquel Mori appartient. Mais à une condition : qu’elles la bouclent ! « Il s’agit de leur laisser jeter un coup d’œil » aux travaux des commissions, mais on se passera de leur avis et, bien entendu, elles ne participeront pas aux décisions.
La proposition ne calme pas l’opinion publique et le Monsieur se voit obligé de démissionner. A sa place, est nommée Seiko Hashimoto, une ancienne championne de patinage et de cyclisme, par ailleurs Ministre de l’Egalité de genre, qui n’a fait aucun mystère de son intention de faire des JO de Tokyo un exemple de parité dans le sport.
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE