La 10ème édition de l’étude sur l’isolement relationnel de la Fondation de France dévoile un phénomène concernant autant les hommes (14%) que les femmes (14%), mais qui est vécu d’une manière différente selon le genre. Par exemple, malgré ces chiffres qui révèlent l’universalité de ce sujet, les hommes apprécient leur « capacité à être seul » comme un signe d’indépendance alors que les femmes tendent à percevoir la solitude comme un manque, voire un signe d’échec. Voici quelques données à retenir de ce rapport.
Selon l’enquête, une femme sur quatre déclare se sentir « souvent » seule, voire « tous les jours » (23% contre 16% des hommes). Elles ont également le sentiment régulier d’être « abandonnées, exclues et inutiles » (une femme sur trois, contre un homme sur cinq). Un contexte qui affecte leur état physique et mental : un tiers des femmes isolées qualifient leur santé de « peu ou pas satisfaisante » alors que trois sur dix ont subi un épisode dépressif au cours du mois précédent l’étude.
L’isolement relationnel est susceptible de générer plusieurs conséquences anxiogènes pour les femmes, dont la peur des violences dans les espaces publics. En 2018, 36% des femmes étaient « assez » inquiètes des agressions dans la rue contre 32% des hommes. Si on compte également les personnes se disant « beaucoup » inquiètes, le taux de femmes concernées est de 69%, soit sept sur dix.
Une autre différence selon le genre : en général, les hommes en emploi gardent plus souvent le contact avec leurs collègues (34%) en dehors des espaces de travail que les femmes (31%). Cela s’explique en partie en raison des postes occupés par les femmes, plus « solitaires » : assistantes maternelles, aides à domiciles… À l’inverse, les femmes sont plus en contact avec leur famille (27%) que les hommes (22%) ; ces derniers, par ailleurs, perçoivent d’avantage l’entretien des liens familiaux comme une « obligation » (28%) alors que les femmes sont plus nombreuses à le voir au prisme de l’affection mutuelle (77%) et de l’entraide (51%).
Encore un point important de l’étude : l’intersectionnalité entre l’isolement relationnel et les inégalités de genre. Ainsi, 23% des femmes salariées se sentant isolées travaillent à temps partiel contre 18% des femmes non isolées ; les femmes isolées sont aussi plus souvent en CDD (23%) que celles non isolées (21%) et occupent des emplois moins qualifiés (seulement 6% d’entre elles sont cadres, contre 8% des femmes non isolées et 11% des hommes). Finalement, les femmes en situation d’isolement relationnel sont moins souvent en emploi (43%) que les femmes non isolées (49%).
Marcos Fernandes pour le webmagazine EVE