Le confinement est de retour… Mais cette fois-ci, nous avons l’avantage de connaître l’expérience et d’avoir une vision plus claire de l’avenir. Nous avons conscience de la lenteur des jours, des semaines qui s’enchainent sans nouveauté, du manque de contact humain, mais aussi de l’efficacité de cette méthode sanitaire (qui réduit exponentiellement le nombre d’infections). Maintenant que nous devons affronter le « reconfinement », quelles leçons pouvons-nous tirer de notre premier vécu pour être plus résilient·e·s ?
Attention à ne pas « enfermer » la santé mentale
Si nous acceptons cette épreuve qu’est de rester claquemuré·e·s chez nous, c’est parce que nous comprenons les enjeux de santé publique et les efforts citoyens qui vont avec. Mais nous ne devons pas, pour autant, oublier de prendre soin de notre esprit et de notre santé mentale, qui sont tout aussi importants que notre état physique. La première étape dans l’exercice de sérénité du confinement est peut-être l’indulgence envers soi-même : ce qui nous arrive aujourd’hui demeure un événement inédit dont les conséquences — sanitaires, sociales, économiques — sont encore floues. Il est normal de se sentir désemparé·e, seul·e, en manque d’énergie et de motivation, en quête de sens… Il est aussi naturel de changer de rythme et de commencer une nouvelle routine, mais nous avons l’avantage désormais de connaître d’avance nos réactions face au « quotidien de confiné·e » et de reprendre les bonnes habitudes de la dernière fois. Comme nous le rappelle la psychologue Parwa Mounoussamy dans ce podcast, certain·e·s vont rechercher du réconfort dans les jeux-vidéo (salut les habitants des îles d’Animal Crossing !), tandis que d’autres vont se tourner vers le sport (le premier confinement aura marqué l’essor des chaînes YouTube de yoga), mais le plus important est de savoir trouver un équilibre en se servant des outils qui sont à notre disposition, sans jugement et sans culpabilisation.
Ne pas oublier que nous naviguons tou·te·s sur la même mer agitée… Mais pas forcément dans le même bateau
Le confinement peut être perçu comme un vrai calvaire, peu importe notre situation. Cependant, cette expérience est encore plus laborieuse lorsque nous nous retrouvons dans un contexte familial tendu, dans une habitation précaire (voire à la rue) ou soudainement sans emploi. Pour combattre les violences faites aux femmes, le gouvernement a mis en place des services d’urgence en cette période exceptionnelle, tandis que celles et ceux ayant été forcé·e·s d’arrêter leur activité à cause des mesures sanitaires ont accès au chômage partiel. Mais au-delà des dispositifs administratifs, nous pouvons également nous mettre à l’écoute des uns et des autres et nous rendre disponibles si jamais nos proches, nos ami·e·s ou nos collègues manifestent leur besoin. Il est recommandé de rester chez nous pour endiguer l’épidémie, mais cela ne veut pas dire que nous devons nous voiler la face concernant toutes les autres éventuelles adversités de notre entourage. Alors, restons connecté·e·s : certes un échange « on-line » ne remplacera jamais un bon moment passé « in real life », mais jamais l’empathie ne doit céder du terrain, quels que soient les outils et modalités de la relation.
Profiter de l’offre digitale
Le digital nous offre la possibilité de découvrir de nouvelles choses et de combattre la morosité de diverses manières. Les outils digitaux se sont par ailleurs très vite adaptés à la demande — Microsoft Teams a même mis à disposition de ses usagers la possibilité d’effectuer un « trajet domicile/bureau virtuel », dans le but d’apporter ce sentiment de « coupure » et de repos mental proportionné par ce temps passé dans les transports ou dans le trafic. Les entreprises, les universités et même les professionnel·le·s du monde culturel (un secteur très affecté par la crise) ont également changé leur méthode pour réfléchir à de nouveaux formats et se sont efforcés pour maintenir leur activité. Malgré le changement brusque qui demande certes un effort d’adaptation, nous avons appris que cette période de confinement peut être le moment de monter en compétences et de faire émerger de nouveaux talents au sein de l’équipe, ainsi que d’acquérir de nouvelles connaissances grâce aux nombreux MOOC disponibles en ligne (créés par de prestigieuses institutions telles que Harvard ou la Sorbonne) ou de voir le concert d’un artiste (dans le monde entier, les vidéos en direct sur YouTube, Facebook ou Instagram sont diffusées et mises à disposition presque tous les jours). Sans oublier les podcasts réalisés par les équipes EVE & Octave : voici une bonne opportunité pour écouter depuis son canapé de bons conseils autour du leadership !
Garder le lien avec ses proches et ses collègues
Si nous devions choisir un seul apprentissage du premier confinement, l’importance de maintenir le contact humain serait très certainement le choix de beaucoup de personnes. Nous savons déjà ce qui reste possible au vu des mesures sanitaires : les visioconférences, les réunions hebdomadaires avec ses collègues, l’effort de se donner des nouvelles de façon récurrente, les apéros en terrasse avec les voisins d’en face (pour les plus chanceux…). Bref, ce n’est pas pareil, nous sommes d’accord, mais c’est déjà mieux que rien. Maintenant qu’on l’a fait une fois, on peut le refaire en sachant ce qui nous convient le plus : certain·e·s vont épuiser leurs pouces en écrivant à ses ami·e·s grâce aux messageries électroniques de leurs portables et d’autres vont plutôt passer la journée à répondre à des appels (vidéo ou pas). Nous reprenons notre premier conseil — l’indulgence — pour rappeler que chacun·e fait ce qu’il·elle peut, dans la mesure qu’il·elle est capable de le réaliser. Sans oublier que, tant qu’à faire, il est aussi totalement acceptable de profiter pour cocooner avec un bouquin et d’oublier un peu l’actualité qui peut parfois être assez anxiogène.
Apprendre à écouter ses émotions et à reconnaître ses besoins essentiels
Dans le Programme EVE, nous avons abordé maintes fois l’importance de savoir écouter ses émotions, de les accueillir sans jugement et d’observer les réactions de notre corps. Pendant le confinement, cela demeure une astuce efficace pour ne pas tomber dans un état s’approchant d’une crise de nerfs. En d’autres mots, pour éviter l’effet « cocotte-minute », mieux vaut traiter les symptômes dès leur apparition. La pyramide des besoins — qui va de pair avec l’idée de rester attentif aux signaux physiques — est apparue lors du premier confinement comme une clef d’analyse permettant de rebondir et de faire face au manque de sens et à la morosité, en nous montrant que parfois il faut commencer à cocher les cases les plus basiques de notre liste avant de nous dédier à des projets plus ambitieux. Et ce, dans un contexte particulier où même les objectifs les plus simples, tels que se retrouver pour boire avec des ami·e·s, sont pour l’instant des envies lointaines.
Rester optimiste
Un dernier petit conseil serait de… garder l’espoir. Parce que, tout de même, le confinement précédent nous aura appris qu’il est possible de vaincre l’épidémie et de retrouver, ne serait-ce qu’en partie, nos anciennes habitudes — les rues de nos villes, les bars, la convivialité, nos proches et nos collègues — si nous tenons bon. Alors allons-y.
Marcos Fernandes