C’est déjà le début du mois de novembre et le moment pour le blog EVE de faire son petit tour d’horizon de la toile pour décrypter toute l’actu du leadership féminin des semaines passées.
Avant d’embarquer pour ce numéro de la revue de web, vérifiez la validité de votre passeport : ce mois-ci on voyage. On ira en Amérique latine où les progrès sont spectaculaires en matière de conditions de vie des femmes, à Francfort où la BCE se cherche toujours le (ou la) 6è membre de son directoire, en Australie où la Première ministre se fâche rouge contre le sexisme, au Portugal où les papas assurent quand les mamans travaillent dur, et encore en Côte d’Ivoire ou au Pays Basque…
On fait aussi le point sur les débats du mois : stages de sensibilisation au sexisme, science économique genrée, capacité d’adaptation des femmes au monde « post-industriel »…
Le palmarès du mois : le Global Gender Gap WEF ou classement des pays où il fait bon (et moins bon) être une femme
Le forum économique mondial a dévoilé son classement des pays les plus favorables aux conditions de vie de femmes et à leur intégration dans la vie publique et économique.
Alors, les résultats?
Sans suprise, les pays scandinaves, Islande en tête, tiennent le haut du pavé.
La France obtient un rang plutôt médiocre (57è sur 135) tandis que les pays d’Amérique latine marquent une véritable avancée. En un an, l’Argentine a gagné 4 places dans ce classement, tout comme le Costa Rica et le Venezuela a remonté 15 places.
Mais la progression la plus spectaculaire est celle de la Bolivie qui passe du 62è rang au 30è. Une authentique révolution en marche dans cette nation dont ONU Femmes accompagne de près les mutations économiques et sociales en faveur d’une plus grande participation des femmes dans l’espace économique.
Le blocage du mois : les femmes à la BCE, ça ne passe toujours pas
La Banque Centrale Européenne aura-t-elle un directoire au complet? Pour l’heure, le site de la BCE affiche une photo noire et la mention N.N. là où figurait le CV et le portrait de José Manuel González-Páramo. Le luxembourgeois Yves Mersch est candidat à sa succession, mais la commission des affaires économiques du Parlement européen a rendu le 22 octobre un avis négatif à sa nomination.
La raison ? Si Mersch devient membre du directoire, plus une seule femme ne sera présente dans cette haute instance de décision avant au moins 2018.
Tandis qu’Angela Merkel persiste à pousser la candidature de Mersch, soupçonnant des manipulations politiciennes d’être à l’oeuvre sous prétexte de défense de la parité, de nombreux-ses parlementaires se disent plutôt satisfait-es de la décision « courageuse » de la commission des affaires économiques et espèrent voir émerger un vrai débat sur la représentatitivité des femmes dans les divers organes de l’Union Européenne.
On lira utilement le billet de l’eurodéputée Sylvie Goulard à ce sujet : « La parité, pas la charité ».
Les rencontres du mois : de Deauville à Abidjian en passant par San Sebastian
– Le Women’s Forum s’est tenu à Deauville du 10 au 12 octobre. Une belle occasion pour les médias de mettre en lumière les enjeux du leadership féminin.
Pour un résumé des débats, rendez-vous sur le site de Challenges qui donne aussi la parole à Sandrine Devillard, associée du cabinet McKinsey, pour faire le point sur toutes les barrières encore dressées face à l’ascension professionnelle des femmes.
– Direction Abidjian où a eu lieu, le 24 octobre, le Forum sur le leadership des femmes politiques en Côte d’Ivoire. Les intervenant-es ont insisté sur l’indispensable effort à produire pour assurer une meilleure représentation des femmes dans les sphères de décision politique et économique. Il y va bien des progrès du développement et de la démocratie.
– On s’envole ensuite pour San Sebastian, au Pays Basque où le premier congrès des TIC pour la Paix, les 23 et 24 octobre, a donné la parole à plusieurs femmes qui, d’Egypte en Ouganda en passant par le Mexique, font bouger les lignes en investissant la toile.
Les opérations coaching du mois : « sensibilisation au sexisme » et coaching de genre
– Une maladresse dans la formule apparemment bien intentionnée d’un Ministre et la France apprend que les membres du gouvernement suivent des stages de sensibilisation au sexisme.
L’initiative en fait ricaner certains mais le dispositif, inspiré d’un modèle suédois pourrait bien permettre à nos dirigeants politiques d’apprendre à combattre les stéréotypes pour tenir au quotidien l’engagement qu’a pris Jean-Marc Ayrault de faire de l’égalité des genres une question transversale de politique, d’économie et de société.
– Si la « sensibilisation au sexisme » du personnel politique est une nouveauté, c’est déjà une pratique courante dans certaines entreprises soucieuses d’égalité professionnelle.
Le passionnant dossier des Carnets RH de l’Express consacrée à la diversité donne notamment la parole à notre Sage Isabelle Michel-Magyar sur le coaching de genre.
Le coup de g*** du mois : Julia Gillard, la Première ministre australienne bien décidée à ne plus se laisser faire
Cette fois, ça suffit! Traitée plus souvent qu’à son tour de « pute », de « femme stérile sans enfant » et de « sorcière » par un leader de l’opposition qui n’a de cesse de défendre l’idée d’une plus grande capacité des hommes à prendre des décisions pour la mettre en défaut, Julia Gillard, Première ministre australienne a décidé d’en finir avec les insultes et les insinuations.
Pendant un vivifiant discours de 15 minutes dont la vidéo a fait le tour du monde, la voilà qui dénonce vertement les attaques odieuses dont font l’objet les femmes leaders.
L’épilogue heureux de ce salvateur coup de gueule, c’est que non seulement Julia Gillard n’a pas rien perdu de sa crédibilité lors de cet épisode, mais qu’elle en sort au contraire renforcée politiquement, avec 3 points de popularité gagnés dans les sondages.
Les débats du mois : de l’existence (ou non) d’une « économie féminine » et de l’adaptation meilleure (ou pas) des femmes au monde moderne
– Invité des Journées de l’Obs les 12 et 13 octobre dernier, le philosophe Francis Fukuyama, à qui l’ont doit notamment la notion très galvaudée de « Choc des civilisations » a centré son intervention sur le rôle des femmes dans l’avenir de la planète. Selon ses conclusions, celles-ci seraient mieux adaptées au « monde post-industriel » du fait de leurs capacités à « s’auto-éduquer ».
Piste sérieuse pour penser les clés du leadership féminin ou terreau d’une confortation des préjugés? Les qualités des femmes ne sont-elles pas tout simplement celles des managers? Le débat est ouvert.
– La femme est-elle un économiste comme les autres? C’est la question posée par le Pr Robert Whaples que Slate relaie dans ses colonnes. L’universitaire a passé à la loupe les travaux de nombreux-ses de ses collègues économistes et il en ressort de vraies fractures de genre sur des sujets clés comme la prise en charge de l’assurance maladie, le financement des politiques éducatives ou le droit du travail . Qui a tort, qui a raison? C’est sans doute dans le débat paritaire que se trouvent les vraies bonnes solutions. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les femmes représentent 1/3 des titulaires d’un doctorat d’économie. Mais c’est une discipline qui n’a de cesse d’attirer les chercheuses… A suivre, donc.
…
Les super-papas du mois : bravo les hommes portugais!
Tandis qu’on discute en France de l’élargissement du congé d’accueil de l’enfant aux parents homosexuels, Courrier International révèle que les pères portugais sont de plus en plus nombreux à couver la portée familiale pendant que leur compagne fait bouillir la marmite en travaillant hors du foyer. Qui a dit que les hommes méditerranéens n’étaient pas préparés au leadership féminin et à une meilleure répartition des rôles dans la famille et dans la société tout entière?
Et vous, quelles sont les actualités marquantes que vous retiendrez de ce mois d’octobre 2012?
Marie Donzel