Comme chaque mois, le programme EVE vous présente les 6 infos qu’il ne fallait pas manquer sur le front de l’égalité professionnelle, de la mixité et du leadership équilibré.
Le débat du mois – Le confinement en tant que laboratoire « domestique »
Le confinement décrété par le gouvernement français à partir du 16 mars a divisé l’opinion publique autour de la question du partage des tâches ménagères et de la charge mentale pendant la période de distanciation sociale. L’auteure Lucile Quillet pointe dans son article au Huffington Post une opportunité pour déconstruire les stéréotypes et les injonctions sociales : selon la journaliste, cette crise « crée des conditions inédites pour un laboratoire domestique et professionnel » en mettant hommes et femmes sur un même niveau (tous ensemble à la maison avec une organisation alternative du travail et sans l’aide d’une nounou ou d’une femme de ménage). Malgré cet espoir de voir le confinement faire progresser l’égalité dans les foyers, Ségolène Forgar signe dans le Figaro Madame un reportage enrichi de témoignages de femmes qui se sont retrouvées encore plus débordées depuis le début du confinement : non seulement elles doivent télétravailler, mais aussi prendre soin des affaires de la maison et de la famille. Libération, de son côté, rappelle la délicate situation des employé·e·s à domicile, en large majorité des femmes, qui risquent d’être dépourvues de travail ou d’avoir moins d’heures rémunérées. « Il est temps de réfléchir à un système d’emplois protecteurs pour un secteur professionnel trop longtemps laissé dans l’ombre », écrit la sociologue Alizée Delpierre. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a lancé un appel à tou·te·s celles et ceux « qui le peuvent financièrement » pour qu’ils ne cessent pas de rémunérer leurs employé·e·s à domicile.
Le discours du mois – L’appel du créateur du Web à un Internet plus égalitaire
Tim Berners-Lee, l’homme qui a inventé le Web a publié un texte le jeudi 12 mars où il affirme que sa création « ne fonctionne pas comme il se doit pour les femmes et les jeunes filles ». Son constat est soutenu par trois points principaux : le fait que la plupart des femmes n’ont toujours pas accès à Internet car elles manquent de revenus, de ressources ou de compétences ; ensuite, de nombreuses internautes jugent que le Web n’est pas « suffisamment sûr » (à cause de la persistance des violences en ligne) ; enfin, les systèmes d’intelligence artificielle présentent actuellement des points faibles qui nuisent à l’égalité femmes/hommes. La World Wide Web Foundation, crée par Tim Berners-Lee, devrait se concentrer dans les prochaines années dans le combat contre les inégalités de genre dans le numérique. Diverses initiatives œuvrent depuis plusieurs années à réduire le « digital gender gap » parmi lesquelles on peut citer Simplon.co, l’école inclusive du numérique soutenue par la Fondation SNCF, les Maisons Digitales développées partout dans le monde par la Fondation Orange, le Programme Pour les Femmes et la Science de la Fondation L’Oréal avec l’ONU ou les travaux de l’ambassade Tech au Féminin du réseau mixité SNCF.
Le chiffre du mois – Les administratrices mieux payées en France que les administrateurs
Selon l’étude annuelle de Korn Ferry, la France serait le seul pays européen où les administratrices sont mieux rémunérées que les administrateurs : un écart salarial de 6% en leur faveur. Tandis qu’en Suisse les hommes investis dans les Conseils d’Administration (CA) touchent 12% de plus que les femmes et en Allemagne ce chiffre monte à 22% ! Une explication, selon l’étude, serait la participation des femmes dans les conseils : en France, elles représentent 45% des membres, en partie grâce à la loi Copé-Zimmermann (alors qu’en Suisse, par exemple, ce taux est de 22%). Cependant, malgré une plus grande participation des femmes aux CA, leur proportion dans les ComEx stagnent, ce qui amène les pouvoirs publics à questionner l’opportunité de faire appel aux quotas pour accélérer leur participation à ces instances décisionnaires de premier plan.
Le projet du mois – 2GAP, une plateforme pour que les femmes aient enfin pleine voix au chapitre des prises de décision
« 2GAP – Gender & Governance Action Platform » est le nom d’un collectif mondial créé en mars 2020 par de nombreux réseaux mixité, dont plusieurs s’inscrivent dans les entreprises partenaires du programme EVE comme SNCF au Féminin, Alter Egales Caisse des Dépôts et le Cercle Potenti’Elles du Crédit Agricole via la Fédération Financi’Elles. L’objectif de 2Gap est de rendre effective la participation des femmes dans les prises de décision, aussi bien dans le monde économique que dans les institutions publiques. Le collectif 2GAP se positionne en force de propositions pour faire évoluer le cadre législatif, influencer les dirigeant·e·s, valoriser des femmes en capacité de prendre des responsabilités. Pour mener à bien sa mission, il produira des études d’envergure, conduira des actions de communication ambitieuses, œuvrera à l’information du grand public et au partage des bonnes pratiques.
Le projet artistique du mois – Une expo photo pour casser les clichés
« What the foot !? » est le nom du projet de la photojournaliste française installée à Bruxelles, Johanna de Tessières. Avec ses collègues du collectif Huma, elle a développé une série de portraits de femmes de 13 pays qui jouent au foot et qui s’émancipent via le sport. De l’Argentine à la Belgique, en passant par la Jordanie, les photos de ce travail artistique donnent la parole aux femmes pour qu’elles puissent crier fort leur passion pour le foot et l’importance de cette pratique sportive dans leurs vies, peu importe leur culture. Aujourd’hui, de nombreux projets issus du monde de l’art contribuent à la sensibilisation du public sur l’empowerment des femmes et l’égalité de genre : citons par exemple le parcours « Femmes, art et pouvoir » au Musée d’Orsay, la collection « L’art au prisme des inégalités hommes / femmes », du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux ou la formation « Féminin et masculin – Aborder la notion de genre à travers les œuvres du Louvre ».
Le son du mois – Les femmes investissent la scène rap
Le rap, un style musical appartenant aux hommes ? Faux ! Et pour le prouver, le collectif La Souterraine promeut des actions pour donner de la visibilité aux chanteuses de ce rythme – l’association a récemment sorti un album numérique avec 12 titres produits pas des rappeuses. Amalia, l’une des sélectionnées, raconte son bonheur : « C’est assez inespéré : on m’ouvre une porte dans un milieu très difficile d’accès pour les femmes ». Pour écouter la compilation « LE RAP2FILLES SOUTERRAINE », c’est ici. Et pour découvrir plus sur la culture du rap féminin, consultez le site Madame Rap, créé par la journaliste Eloïse Bouton, qui depuis des années lutte contre les stéréotypes sur ce genre musical (ni plus ni moins sexiste en soi que d’autres, quand on y regarde de près) en même temps qu’il met en valeur les femmes qui écrivent, composent et chantent du rap partout dans le monde !
Marcos Fernandes et Marie Donzel pour le webmagazine EVE