Le livre « The Will to Change: Men, Masculinity and Love » de bell hooks (dont le nom s’écrit en lettres minuscules à sa demande) adresse un idéal de vie harmonieuse entre femmes et hommes. Pour atteindre ce but, dit l’autrice, il faut une participation de toute la société dans la conversation sur l’égalité. Mais l’inclusion des hommes, ajoute-t-elle, ne peut se faire sans repenser la masculinité.
« Les hommes ne peuvent pas changer s’il n’y a pas de guide pour le changement. (…) Ce n’est pas vrai que les hommes ne veulent pas changer. » Mais « Des centaines de milliers d’hommes n’ont même pas commencé à réfléchir sur la façon dont le patriarcat les empêche de se connaître eux-mêmes, de se connecter avec leurs sentiments, d’aimer. »
Convaincre les hommes que l’égalité est aussi leur affaire !
Selon hooks, trop d’hommes estiment encore que la lutte pour l’égalité ne les concerne pas. « Les hommes qui ont déjà entendu parler du mot “patriarcat” l’associent à la libération des femmes, au féminisme, et de ce fait n’assument pas qu’il s’agit aussi de leur propre expérience », explique-t-elle.
Or, si les hommes ont de fait certains avantages dans un monde inégalitaire, ils sont néanmoins privés de libertés par un système qui construit et entretient des rôles sociaux étriqués : dès l’enfance, on les incite moins à parler de leurs sentiments, à montrer leurs faiblesses et vulnérabilités. Il leur est difficile d’assumer une posture qui s’éloigne de l’image de la masculinité « traditionnelle ».
Faire du travail le lieu d’une masculinité saine et épanouie
Après l’éducation, le milieu professionnel est un autre domaine où la masculinité se bâtit, selon hooks, et dont la culture doit être repensée. Dans des sociétés où des garçons grandissent sans avoir beaucoup de liberté pour exprimer leurs émotions, la carrière professionnelle s’inscrit comme enjeu identitaire de premier plan : avoir un travail signifie être « celui qui va ramener les ressources à la maison » et permettre d’accéder à un statut légitimé dans un rapport de concurrence avec les autres hommes.
Dans la perspective de hooks, le travail devrait être au contraire le lieu de pratiques saines du rapport humain, où respect et bienveillance sont plus producteurs de valeurs que compétition, méfiance et domination. Il y a donc un vrai défi à relever : révolutionner les critères d’évaluation de la performance, de la réussite, de l’épanouissement !… Pour le bien de tou·te·s.
Marcos Fernandes pour le webmagazine EVE