Telle était la promesse du nouvel atelier Meet & Learn de ce 17 octobre 2019. Ce mois-ci, Flora Bernard, philosophe d’entreprise et co-fondatrice du cabinet Thaé, proposait en effet aux alumnis du Programme Eve, Octave et Noé une initiation philosophique.
Pourquoi la philosophie ? Car cette discipline, qui prône la capacité à penser par soi-même et à penser ensemble via la remise en question de l’évident, est à la source de nombreux courants œuvrant pour le mieux vivre, comme la psychologie positive. « Philosopher » disait Aristote, « cela commence par l’étonnement ». Ça se poursuit par de l’argumentation et ça aboutit à de la conceptualisation, pour ainsi redonner du sens aux mots. Une aubaine, surtout quand l’on sait le besoin de sens de notre monde contemporain.
L’atelier commence par un éclairage philosophique. Zénon, Epictète, Marc-Aurèle ou encore Sénèque : autant de grands noms de la philosophie stoïcienne dont la portée réflexive n’a pas pris une ride malgré les siècles. Au cœur de cette pensée, la conviction que les maux des individus sont davantage dus à leur représentation des faits qu’aux faits eux-mêmes. « Il n’y a pas de réalité sans jugement », arguait Epictète. De fait, nous sommes constamment dans un exercice d’interprétation. Comment s’en affranchir ?
Pour regagner du pouvoir sur nos actions et ne pas être esclave de la situation, nous explique Flora Bernard, il s’agit d’exercer son discernement. Cela passe par le fait de distinguer les représentations immédiates (notre manière de percevoir les choses) du jugement éclairé (ce que l’on décide d’en faire). C’est bien là en effet que se situe notre espace de liberté !
La liberté, ce n’est pas ce que nous sommes à même de faire ou ne pas faire. Intime, elle correspond plutôt à cette marge de manœuvre dont nous disposons pour faire évoluer notre monologue intérieur. Votre moitié/enfant/chat vient de casser ce vase auquel vous teniez tant ? Il ne tient qu’à vous de vous détacher de votre colère immédiate en vous répétant de petites phrases comme « Ce n’est toujours qu’un vase ». L’émotion première (la colère) ne dépend ainsi pas de vous, à la différence de ce que vous en faites. L’objectif étant de repositionner sa responsabilité au bon endroit. Ni trop ni trop peu, dans la juste mesure du pouvoir réel que nous avons sur les choses.
Place ensuite à la pratique ! Pour mettre en route notre pensée, Flora Bernard nous invite à prendre une minute avec nous-même pour réfléchir à une question en lien avec la notion de discernement. Puis à nous mettre par deux pour initier le dialogue, l’interlocuteur·trice étant chargé·e de questionner le cadre de référence de notre question… Sans commentaire et sans prescription !
Deuxième round : après reformulation de la question il s’agissait cette fois de prendre position, en argumentant dans le vent contraire de notre binôme. Enfin, après ces conversations qui ont apporté de la hauteur sur la vision initiale de notre question, Flora Bernard nous propose un dernier temps d’échange à quatre pour faire part d’une de nos expériences, pro ou perso, où l’on aurait justement fait preuve (ou bien manqué !) de discernement. L’occasion de trouver dans l’échange avec les autres un éclairage sur ce que cette précieuse notion signifie vraiment pour nous.
Nous repartons ainsi avec notre définition individuelle du discernement, mais pas seulement. Chacun·e s’en ressort également enrichi·e d’un élan d’inspiration collectif, d’une sérénité personnelle et d’une curiosité à (re)découvrir toute la puissance théorique et pratique de nos philosophes antiques !
Valentine Poisson, pour le webmagazine EVE